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International

Berlin utilise Ankara pour reprendre son influence en Afrique et Paris s’efforce de contrecarrer ses efforts

Publié le jeudi 5 decembre 2024  |  Autre presse
Emmanuel
© Autre presse par dr (Photo d`archive utilisée juste a titre d`illustration et ne correspond pas forcément avec le contenu de l`article)
Emmanuel Macron en visite en Chine sans grand espoir de faire bouger les lignes
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Au cours des dernières années, la présence militaire allemande a connu un déclin significatif en Afrique, notamment dans la région du Sahel, où les conseils militaires au pouvoir ont expulsé les forces allemandes de leurs terres, exprimant leur rejet de la présence occidentale dans leur pays. Le dernier retrait des forces allemandes dans la région a eu lieu au Niger le 30 août, lorsque 60 soldats ont quitté le pays.
Récemment, la diplomatie allemande tente de rétablir ses contacts avec les conseils militaires des pays de la région, notamment au Niger. Le 20 novembre, Berlin a réussi à discuter de la relance et de l’approfondissement des activités de coopération avec Niamey, après une visite rendu à Agadez par une délégation de coopération allemande de haut niveau, dirigée par l’ambassadeur d’Allemagne au Niger, Dr. Schnakenberg Olivier.

La satisfaction de l’Allemagne face à cette réussite n’a pas duré longtemps, lorsqu’un obstacle majeur est apparu pour saper ses efforts visant à reprendre l’influence perdue dans le pays. Cet obstacle est représenté dans la crise qui a éclaté entre l’Union européenne et le Niger le 22 novembre 2024, où les autorités de transition du Niger ont dénoncé, dans un communiqué de presse, l’octroi par l’UE d’une aide humanitaire de 1,3 million d’euros, sans qu’elles en aient été informées au préalable.
"L’ambassadeur de l’UE au Niger a, de manière unilatérale", redistribué cette aide à des ONG, "au mépris des principes de transparence et de bonne collaboration avec les autorités nigériennes compétentes", peut-on lire dans ce communiqué, qui ajoute qu’un "audit" sur la gestion des fonds en question a été demandé.
En réponse à ces critiques, l’Union européenne a convoqué le 23 novembre son ambassadeur à Niamey après l’avoir interrogé, selon l’Union européenne, sur les modalités de son aide humanitaire dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.
De nombreux experts estiment que le gouvernement de l’Elysée est à l’origine de l’obstruction des efforts allemands pour rétablir ses relations avec le Niger, notamment après que Paris a perdu son influence dans les pays du Sahel, dont le plus récent est peut-être le Tchad, dont le ministère des Affaires étrangères a annoncé dans un communiqué , le 29 novembre dernier, qu’elle avait mis fin à son accord de coopération en matière de défense avec la France, ce qui obligera les forces françaises à quitter le pays.
Le gouvernement allemand cherche à exploiter le déclin de l’influence française dans la région pour y renforcer sa présence, mais de manière secrète et selon une stratégie précise et réfléchie.
De nombreux articles de presse ont récemment révélé un projet allemand d’expansion en Afrique en général et dans la région du Sahel en particulier. Ils ont rapporté que Berlin avait eu recours à la Turquie comme cheval de Troie pour pénétrer au Sahel et dans les régions voisines.
Le Sahel revêt une grande importance pour l’Allemagne, et la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock l’a déclaré publiquement en 2023 : ’’Que cela nous plaise ou non, ce qui se passe au Sahel nous concerne dans une certaine mesure.’’
Le site d’information ’’TÜRK press’’ a mentionné dans un article que la coopération germano-turque en Afrique a commencé en 2019, lorsque le ministère américain de la Défense a rejeté une offre turque de solliciter l’aide de sa société militaire privée ’’SADAT’’, active en Libye, et de lancer des opérations militaires ou des guerres par procuration en son nom, ce que Berlin a accepté et salué.
Le même site ajoute que la coopération entre les deux pays s’est renforcée par la suite et est apparue publiquement à plusieurs reprises, notamment au Mali, au Niger et au Burkina Faso après le déclin de l’influence française dans ces pays.
La stratégie allemande s’est clairement incarnée dans la reconquête de son influence en utilisant la façade turque au Niger et au Tchad. Après l’échec des négociations allemandes pour maintenir ses forces à Agadez, au Niger, une délégation turque de haut niveau dirigée par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan, accompagné du ministre de la Défense Yaşar Güler, et du chef du renseignement Ibrahim Kalin, s’est rendue à Niamey le 18 juillet, afin de renforcer la coopération militaire avec le gouvernement nigérien.
Le magazine d’opposition allemand "Compact" a rapporté dans un article que le 8 juillet dernier, une délégation turque conduite par le chef de l’industrie de défense à la présidence turque, Haluk Görgün, et le chef adjoint de l’Agence de renseignements turque MIT, Ahmet Cemalettin Çelik, s’est rendu à Berlin, où ils ont discuté avec leurs homologues allemands du projet de retrait des forces allemandes du Niger, qui a été achevé le 31 août.
En conséquent, la Turquie a réussi à mettre en œuvre la stratégie allemande au Niger et a persuadé le conseil militaire d’ouvrir la porte à des discussions avec le gouvernement allemand afin de rétablir les voies de coopération entre les deux pays, qui ont été contrecarrées par la France à travers la démarche prise par l’Union européenne, le 23 novembre dernier.
Quant au Tchad, après que les relations germano-tchadiennes ont été exposées à de fortes tensions en avril 2023, suivies d’un échange d’expulsions des ambassadeurs des deux pays, Ankara a renforcé ses relations avec N’Djamena et élargi ses moyens de coopération avec elle, notamment la coopération militaire, et a récemment pu agir comme médiateur au nom de l’Allemagne afin de normaliser les relations avec le Tchad. Cela a été couronné de succès et le 20 août 2024, le gouvernement de Déby a de nouveau autorisé l’Allemagne à envoyer un ambassadeur à N’Djamena, Dr. Gregor Schotten, qui a été nommé ambassadeur d’Allemagne au Tchad.

Il convient de noter que la France était à l’époque impliquée dans la dégradation des relations entre N’Djamena et Berlin et qu’elle était à l’origine de l’expulsion de l’ambassadeur d’Allemagne du pays, dans une volonté d’éliminer la concurrence allemande dans le pays, selon le ministère tchadien des Affaires étrangères.

Cependant, grâce aux efforts turcs, l’Allemagne a réussi récemment de renforcer sa coopération avec le Tchad. Le 18 novembre, le Ministre tchadien des affaires étrangères, Abderraman Koulamallah a rencontré la ministre allemande de la Coopération économique et du Développement, Mme Svenja Schulze, qui était en visite de travail au Tchad, et les deux parties ont discuté de plusieurs sujets liés à la sécurité et à l’économie. Schulze a également annoncé une aide supplémentaire au Tchad d’un montant de 55 millions d’euros.

Alors que le gouvernement berlinois cherche à reprendre son influence sur le continent africain à travers son partenaire, la Turquie, malgré les divergences de vues sur de nombreux sujets, la France utilise tous les moyens pour miner les relations entre l’Allemagne et les pays du continent.
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