NIAMEY - La paix et la stabilité sociale sont "menacées" au Niger en raison d’un climat politique "très tendu" entre opposition et majorité, ont affirmé vendredi une quarantaine d’ONG nigériennes.
"La classe politique entretient un climat qui risque d’engendrer des menaces à la paix, à la démocratie et à la stabilité sociale", ont affirmé ces ONG, regroupées au sein du Collectif des organisations de défense des droits de l’Homme et de la démocratie (CODDHD), dans un communiqué.
La tension politique est montée d’un cran ces dernières semaines avec l’annonce vendredi dernier des deux plus importants partis d’opposition de porter plainte contre le ministre de l’Intérieur Hassoumi Massaoudou, qui avait accusé leurs leaders d’incitation à la "haine ethnique" et "d’appeler ouvertement à l’interruption du processus démocratique, du mandat démocratique régulier par l’intervention armée".
Vendredi, quatre ministres appartenant à un parti d’opposition ont été exclus de leur formation politique pour être entrés au gouvernement en août 2013 sans son aval.
Neuf journalistes, un opposant reconnu au pouvoir en place, un membre d’une ONG de défense des droits de l’Homme et un dirigeant syndical, ont par ailleurs été arrêtés puis libérés depuis le 25 janvier à Niamey.
Lors d’un point de presse en janvier, le ministre de la Justice, Marou Amadou, avait annoncé que ses services allaient poursuivre "cinq" cas "d’appels à la haine ethnique, à l’insurrection et au coup d’Etat" proférés sur des médias locaux.
"Des comportements de telle nature créent le plus souvent un terrain propice aux troubles à la cohésion sociale avec des conséquences très lourdes sur la vie de la nation", a estimé le CODDHD.
Les questions liées à l’armée et à l’ethnie sont très sensibles au Niger, pays pauvre abonné aux coups d’Etat.
Le président Issoufou a lui-même été élu démocratiquement en 2011 à la suite du renversement en 2010 par l’armée de l’ex-président Mamadou Tandja après 10 ans de pouvoir.
La Commission des droits de l’Homme au Niger (organe public) avait tiré samedi la sonnette d’alarme en indiquant que les "derniers développements" de la situation politique pouvaient "glisser sur des situations incontrôlables" qui "pourraient ternir l’image du Niger".
Un texte de 2010 dépénalise les délits de presse au Niger.