Ouestafnews – la vague d’arrestations qui frappe la presse au Niger a suscité l’indignation des organisations de défense de la liberté d’expression, bien au-delà des frontières de ce pays ouest africain qui pourtant jouissait jusquà récemment d’une image positive en matière la liberté de presse.
Dans une déclaration conjointe, la Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) et la Fédération des Journalistes Africains (FAJ) ont dénoncent ce qu’elles ont qualifié de « volonté du pouvoir nigérien » de réduire au silence les journalistes.
« Arrêter neuf journalistes en moins d’un mois est une véritable entreprise de destruction de la liberté de la presse que tous les citoyens du Niger ont conquise de haute lutte », a estimé Gabriel Baglo, directeur pour l’Afrique de la Fédération Internationale des Journalistes.
Pour M. Baglo, il y a une volonté du pouvoir de museler la presse par le biais d’arrestations et d’intimidations. «Ce sera peine perdue, car nous allons continuer à dénoncer et exposer ces violations », a-t-il ajouté.
L’arrestation, le 12 février 2014 d’Abdoul Razak Idrissa, Moussa Hassane et Haoua Maigari, de la radio privée, Anfani est le dernier acte d’une série d’interpellations qui a débuté fin janvier 2014.
Pour Le Syndicat des agents de l’information du Niger (Sainfo), qui a confirmé l’information, ces derniers sont accusés de « propagation de fausses nouvelles et de propos ethno-régionalistes » et subissent depuis leur interpellation, un interrogatoire dans les locaux de la police judiciaire.
Le 27 janvier 2014, deux journalistes, Ousmane Dambadji et Zakari Adamou et un représentant de la société civile, Nayoussa Djimaraou avaient aussi été interpellés suite à un débat télévisé sur la chaine privée Canal 3.
Ce même jour deux journalistes précédemment arrêtés venaient d’être libérés après avoir été entendus par le procureur de la république qui estimait qu’il n’y avait pas matière à poursuite.
Cité par le site de Radio France internationla (Rfi, service public français) Marou Amadou, le ministre nigérien de la Justice, avait prévenu que le gouvernement ne tolèrerait plus certains dérapages de la presse.
« Il est regrettable de voir que le pouvoir au Niger ne veut pas entendre des voix discordantes. C’est un grave recul pour un pays où le président actuel avait solennellement pris l’engagement de respecter et de promouvoir la liberté d’expression et la liberté de la presse », a déclaré Mohamed Garba, président de la FAJ.
Pour bon nombres d’observateurs, les agissements du pouvoir constituent une remise en cause des acquis démocratiques.
Une situation qui ne cadre pas notamment avec le bon classement du Niger dans le rapport 2014 de Reporters sans frontières (RSF), où il occupe le 48è rang sur un total de 180 pays. Ce qui au niveau de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), le place en troisième position derrière le Cap-Vert et le Ghana.
Ajouté à cela le Niger est candidat pour l’organisation de la 55è session des travaux de la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples (CADHP), en octobre 2014.
«Le climat politique tendu entre le pouvoir et l’opposition ne doit pas avoir des conséquences sur le travail des journalistes. Ces derniers sont appelés à poursuivre leur travail avec tout le professionnalisme nécessaire mais également à rester unis dans ces moments difficiles » ajoutent notamment la FIJ et la FAJ dans leur déclaration commune.