Le Bureau du Haut-Commissariat aux droits de l'homme (HCDH) au Niger a célébré, ce mercredi 11 décembre 2024, le 76e anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme à l’Hôtel Radisson Blu, sous le thème « NOS DROITS, NOTRE AVENIR, MAINTENANT ». Cette commémoration a mis en lumière l’urgence de protéger les droits humains face à des inégalités mondiales croissantes, l’intensification des conflits et les violations systématiques des droits des femmes et des minorités. Elle a réaffirmé l’appel à l’action collective pour garantir un avenir plus juste, où les droits humains demeurent universels et indivisibles.
La Journée des Droits de l’Homme célébrée chaque année le 10 décembre, est l’occasion de rappeler que la Déclaration Universelle, adoptée en 1948, est le fondement de la dignité humaine, de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde. Elle souligne l’importance de défendre ces droits face aux défis actuels, d’assurer l’égalité pour tous et de continuer à œuvrer pour l’élimination des injustices et des discriminations qui affectent les populations vulnérables.
La Journée des Droits de l'Homme sert également à mettre en lumière les progrès réalisés dans la promotion de ces droits, tout en soulignant les violations persistantes qui affectent des millions de personnes à travers le monde. Elle est une plateforme pour rappeler la nécessité d'un engagement continu de la part des gouvernements, des organisations internationales, des sociétés civiles et des individus pour garantir la protection des droits de tous, particulièrement les plus vulnérables, comme les femmes, les enfants, les minorités et les défenseurs des droits humains.
Cette commémoration, organisée en présence d’éminentes personnalités telles que le ministre de la Justice et des Droits de l'Homme, Garde des Sceaux, M. Alio Daouda, des membres du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), des membres du gouvernement, du Président de la Haute Cour d’État, du Procureur Général près la Cour d’État et des Grands Chanceliers des Ordres Nationaux, a également vu la participation remarquable de Mme Mama Keita, coordinatrice résidente du Système des Nations Unies au Niger, et de M. Omer Kebiwou KALAMEU PhD, Représentant du Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l'Homme au Niger. Des représentants des corps diplomatiques, des organisations internationales et de la société civile, ainsi que des chefs traditionnels, des autorités religieuses et des activistes engagés dans la défense des droits humains étaient également présents.
Le Ministre de la justice dénonce les dérives et appelle à une refondation universelle
Lors de la célébration du 76e anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH), le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, M. Alio Daouda, a marqué les esprits par une allocution poignante.Placée sous le thème évocateur « Nos droits, notre avenir, maintenant », cette journée a été l’occasion pour le ministre de dénoncer les déviations des principes universels des droits humains et d’appeler à une véritable transformation.
D’entrée de jeu, M. Alio Daouda a souligné que les droits de l’Homme, conçus comme un idéal universel, sont souvent détournés au profit d’intérêts spécifiques. « Au nom de quelle universalité certains pays et organisations internationales pensent-ils avoir le droit d’imposer leur vision des droits de l’Homme ? », a-t-il interrogé avec force, dénonçant « une écriture de l’histoire travestie et falsifiée » pour justifier une hégémonie politique et culturelle.
En s’appuyant sur des exemples historiques, tels que la Charte du Mandé proclamée en 1236 par Soundiata Keita, il a rappelé que les droits humains ne sont pas une invention contemporaine, mais des principes enracinés dans les civilisations africaines.
Le ministre a ensuite dénoncé les violations contemporaines des droits humains, notamment à travers l’exemple de l’embargo imposé au peuple nigérien après les événements du 26 juillet 2023. « Le seul péché de notre peuple était son désir de rompre avec le paternalisme qui l’a maintenu dans un état de vassalité », a-t-il déclaré, soulignant les conséquences dramatiques de ces sanctions, notamment sur l’accès aux produits de première nécessité et aux médicaments.
Pour M. Daouda, le thème « Nos droits, notre avenir, maintenant » doit transcender le slogan : « Il doit être un déclic, une prise de conscience véritable, mieux, une voie à suivre pour la transformation positive de notre humanité. »
Plaidant pour une éducation universelle aux droits de l’Homme adaptée aux contextes locaux, le ministre a insisté sur la nécessité de vulgariser les principes de la DUDH et de renforcer la responsabilité collective. Selon lui, les actions doivent viser « la jouissance effective des droits fondamentaux où que l’on soit ».
Au Niger, le ministre a salué les efforts des autorités depuis le 26 juillet 2023 pour défendre et promouvoir ces droits, citant l’engagement du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) à respecter les conventions internationales. L’érection du ministère de la Justice en ministère de la Justice et des Droits de l’Homme illustre cette volonté de refondation.
Dans un contexte marqué par la lutte contre le terrorisme, M. Daouda a rendu hommage aux forces de défense et de sécurité pour leur sacrifice. « Leur courage et leur détermination permettent à notre pays de vivre une certaine accalmie nécessaire aux activités de développement », a-t-il affirmé, avant de remercier également les ONG et les organisations de la société civile œuvrant pour les droits humains.
Le ministre a conclu son allocution en insistant sur l’importance des droits humains comme pilier de la paix et de la liberté. Il a exhorté à une mobilisation collective : « Travaillons à l’unisson pour l’avènement d’un monde meilleur. »
L’ONU alerte sur les violations mondiales et appelle à une action collective.
Dans la continuité de cet appel à la transformation, la Coordonnatrice Résidente du Système des Nations Unies au Niger, Mme Mama Keita, a relayé le message poignant du Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, qui a également souligné l’urgence de défendre les droits humains à l’échelle mondiale. Le Secrétaire général a d’abord dressé un tableau sombre des violations persistantes des droits humains à travers le monde.
Pour M. Guterres, les droits humains sont en péril. « Les droits humains sont mis à mal », a-t-il affirmé, soulignant que des millions de personnes restent prisonnières de la pauvreté, de la faim, et de systèmes de santé et d’éducation toujours fragilisés par les conséquences de la pandémie de COVID-19.
Il a également pointé du doigt l’intensification des inégalités et des conflits à travers le monde, ajoutant que « le droit international est délibérément bafoué ». Dans un contexte où l’autoritarisme progresse et où « l’espace civique rétrécit », il a dénoncé la montée de la rhétorique haineuse, alimentant discrimination, division et violences.
Le Secrétaire général a exprimé sa préoccupation face aux atteintes continues aux droits des femmes, qui sont « remis en question dans la législation et dans la pratique ». Selon lui, cette situation illustre les défis croissants auxquels sont confrontés les principes fondamentaux des droits humains.
Dans son message, M. Guterres a insisté sur l’importance de considérer les droits humains comme un tout. « Les droits humains forment un tout indivisible. Lorsqu’un droit est remis en cause, qu’il soit d’ordre économique, social, civique, culturel ou politique, ce sont tous les droits qui sont remis en cause », a-t-il rappelé.
Le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, a tracé une feuille de route ambitieuse pour relever les défis mondiaux, appelant à « apaiser les divisions et construire la paix », à lutter contre « la pauvreté et la faim », et à garantir « les soins de santé et l’éducation pour toutes et tous ». Il a aussi insisté sur la justice sociale et l’égalité des genres, tout en mettant en avant le droit à un environnement sain, plaidant pour une mobilisation collective afin de protéger les droits humains dans toute leur indivisibilité.
Il a également appelé à renforcer la démocratie, la liberté de la presse, et les droits des travailleurs, tout en exhortant à une protection accrue des défenseurs des droits humains, qu’il a qualifiés de « cruciaux » dans la lutte pour une société équitable.
En évoquant le récent Pacte pour l’avenir, M. Guterres a salué ce texte comme une preuve de l’engagement renouvelé de la communauté internationale en faveur des idéaux portés par la Déclaration universelle des droits de l’Homme.
Pour conclure, le Secrétaire général a exhorté l’humanité à ne pas baisser les bras. « Protégeons, défendons et préservons tous les droits humains, pour toutes et tous », a-t-il déclaré, en appelant à une mobilisation collective pour transformer ce message en réalité.
Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme appelle à l'unité et à l'action pour défendre les droits fondamentaux de chacun
Dans le prolongement de ces préoccupations globales, M. Omer Kebiwou Kalameu, Représentant du Haut-Commissaire des Nations Unies aux Droits de l'Homme au Niger, a pris la parole pour transmettre le message de M. Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux Droits de l'Homme, rappelant ainsi l’importance universelle des droits humains. « Les droits humains nous concernent tous », a-t-il insisté, avant de souligner que ces droits, loin d’être de simples abstractions, sont essentiels à la dignité humaine : « Ils concernent des besoins fondamentaux comme un toit, la sécurité alimentaire, l’accès à la santé et à l’éducation. »
M. Kalameu, prononçant les mots de M. Volker Türk, a mis l’accent sur des besoins primordiaux qui relèvent des droits humains, tels que « un logis où vivre en sécurité, la nourriture, l’eau potable, des soins de santé, une éducation, un travail décent et un salaire minimum viable.» Ces droits sont au cœur de la dignité humaine et ne peuvent être réduits à des débats théoriques. Il a insisté : « Ce ne sont pas des idées abstraites ou des idéologies à débattre dans un club élitiste.»
En insistant sur la justice sociale, M. Kalameu, citant M. Volker Türk, a évoqué les situations tragiques vécues par de nombreuses personnes à travers le monde, illustrant les injustices qui continuent d’affliger les plus vulnérables. Il a dénoncé la « politique de distraction » visant à dévaloriser les droits humains et mis en garde contre les régimes autoritaires qui cherchent à réprimer la quête de liberté et de justice.
M. Volker Turk a ensuite rappelé l’histoire des luttes passées pour conquérir les droits fondamentaux et a exhorté à poursuivre ce combat, soulignant l’importance de se mobiliser pour défendre ces droits, aujourd’hui comme hier. « Unissons-nous pour construire des mouvements sociaux qui défendront vos droits et ceux des générations futures », a-t-il lancé, avant de conclure sur un message d’espoir et de solidarité : « Je serai à vos côtés pour défendre vos droits, partout dans le monde. »
Une cérémonie enrichie par la culture et l’engagement pour les Droits Humains
La cérémonie marquant le 76e anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme a été un véritable hommage à la culture, à la réflexion et aux valeurs fondamentales des droits humains. Elle a débuté sur une note émotive avec une performance musicale exceptionnelle de la chanson en langue nationale, interprétée par le célèbre artiste militaire Maman Sani Maigochi. Sa prestation a magnifiquement illustré l’essence même de la DUDH et son impact profond au sein des communautés.
Un premier intermède culturel a suivi, captivant le public avec un sketch poignant de l’artiste nigérien et comédien Wanousky Montana. À travers son art, il a su transmettre des messages puissants et engageants sur l’importance des droits humains et la nécessité de leur protection.
La cérémonie s’est achevée sur une dernière prestation musicale de Maman Sani Maigochi, qui a interprété une chanson en français sur la DUDH, clôturant l’événement sur une note d’espoir et de solidarité.
Pour marquer ce moment historique, tous les officiels et participants se sont réunis pour une photo de famille, symbolisant l’unité et l’engagement collectif face aux défis mondiaux des droits humains.
Le 76e anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme a été un moment clé pour souligner l’urgence de défendre et de promouvoir les droits humains dans un monde où ces droits sont trop souvent bafoués. À travers des discours puissants et engagés, le ministre de la Justice du Niger, M. Alio Daouda, ainsi que les représentants des Nations Unies, ont réaffirmé que la défense des droits humains est une responsabilité collective qui nécessite une action immédiate à tous les niveaux. L’appel à une action collective, tant au niveau local, national qu'international, pour renforcer les principes d'égalité, de dignité et de justice, est plus que jamais d’actualité. L’unité et la solidarité internationale restent des piliers essentiels pour transformer cet idéal en une réalité tangible et durable, assurant un avenir plus juste et respectueux des droits fondamentaux de chacun, indépendamment des contextes politiques ou géographiques.