NOUAKCHOTT - Cinq pays sahéliens ont créé dimanche à Nouakchott le "G5 du Sahel", un cadre destiné à leur permettre de coordonner leurs politiques de développement et de sécurité, notamment de lutte contre le terrorisme dans leur région où des groupes armés sont actifs.
La naissance du G5 du Sahel a été annoncée dans un communiqué publié dimanche soir, à l'issue d'un mini-sommet ayant regroupé autour du chef de l'Etat mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz ses homologues Ibrahim Boubacar Keïta du Mali, Mahamadou Issoufou du Niger, Blaise Compaoré du Burkina Faso et Idriss Deby Itno du Tchad.
Selon ce texte, le nouveau groupe est "un cadre institutionnel de coordination et de suivi de la coopération régionale" avec à sa tête Mohamed Ould Abdel Aziz, par ailleurs nouveau président en exercice de l'Union africaine (UA).
Le G5 du Sahel ne "remplace nullement le Cilss (Comité inter-Etats de lutte contre la sécheresse au Sahel, 13 pays) ou d'autres organisations sous-régionales existantes, mais (il) permet une coordination entre les cinq pays qui partagent les mêmes défis", a précisé M. Aziz devant la presse à la fin de la réunion.
"Quand nous aurons liquidé la pauvreté, nous aurons créé les conditions pour affaiblir le terrorisme et le crime organisé. Pour cela, il est heureux que nous ayons décidé de mutualiser nos efforts pour faire face à ces défis", a de son côté déclaré Mahamadou Issoufou.
Le Sahel est devenu ces dernières années une région de trafics en tous genres et le sanctuaire de groupes armés liés à Al-Qaïda, particulièrement Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Aqmi est une émanation d'un groupe salafiste combattu par l'Algérie pendant dix ans, elle opère toujours dans ce pays ainsi que dans d'autres pays sahéliens.
Vaste Etat partageant des frontières avec sept pays dont la Mauritanie, l'Algérie, le Niger et le Burkina Faso, le Mali a été parmi les plus touchés entre 2012 et 2013 par les activités des groupes liés à Al-Qaïda durant une profonde crise politico-militaire de 18 mois.
Cette crise a été marquée par l'occupation de ses régions du Nord par des groupes islamistes armés, qui ont été chassés à partir de janvier 2013 par une intervention militaire franco-africaine - toujours en cours - durant laquelle les soldats français et tchadiens ont été en première ligne dans des combats violents contre les jihadistes.
- "Ancrer durablement la paix" dans la région -
Mais bien avant la crise au Mali, en 2010 et 2011, la Mauritanie a régulièrement mené des opérations militaires contre Aqmi en territoire malien qualifiées de "préventives" au moment où le régime du président malien de l'époque Amadou Toumani Touré - renversé en 2012 - était accusé d'incurie face aux jihadistes.
Si les autorités mauritaniennes n'ont pas dépêché de troupes au Mali dans le cadre de l'intervention franco-africaine, elles ont "assuré l'inviolabilité" des frontières de leur pays "face aux bandes armées" en débandade, avait souligné le président Aziz à l'ouverture du mini-sommet.
En avril 2010, pour mieux coordonner la lutte contre Aqmi, le Mali, la Mauritanie, le Niger et l'Algérie ont créé un Comité d'état-major opérationnel conjoint (Cémoc) basé à Tamanrasset (sud de l'Algérie) et disposant d'un centre de renseignement à Alger. Le Cémoc se réunit tous les six mois, mais n'a jamais à ce jour mené d'opérations conjointes transfrontalières.
L'Algérie, qui dispose de renseignements et d'une expertise en contre-terrorisme reconnus, "n'était pas concernée par la réunion" de dimanche, a dit à l'AFP une source diplomatique mauritanienne, interrogée sur l'absence de ce pays au mini-sommet.
Selon le communiqué final de la rencontre, il a été créé un secrétariat permanent chargé d'élaborer "un programme prioritaire d'investissements et un portefeuille de projets structurants accordant une large priorité à la sécurité, à l'ancrage de la démocratie et à la participation des populations à la promotion des zones les moins développées" des cinq pays.
Le document ne précise pas de calendrier et ne fournit aucune estimation chiffrée.
Le G5 du Sahel envisage de développer "des infrastructures (dans des domaines) comme le transport, l'énergie, les télécommunications et l'hydraulique ainsi que la sécurité alimentaire, l'élevage, le développement humain et l'adaptation aux changements climatiques".
Les cinq présidents ont exhorté leurs partenaires, notamment des institutions de financements arabes et de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), à accompagner leurs actions en vue "d'ancrer durablement la paix et la prospérité dans la région".