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Boko Haram : 15 ans de conflit et des questions sans réponse

Publié le vendredi 10 janvier 2025  |  actuniger.com
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© Autre presse par DR
Les forces armées nigériennes
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Le Général Christopher Musa, Chef d'État-Major des Armées du Nigeria, a révélé dimanche 5 janvier 2025 dans une interview à Talk to Al Jazeera que, malgré 15 ans de lutte, le Nigeria peine à identifier et démanteler les réseaux financiers et logistiques de Boko Haram. Une situation préoccupante qui soulève des questions sur la stratégie adoptée pour mettre fin à cette menace. Convié à discuter des violations des droits de l’homme et de la corruption au sein des forces armées nigérianes, l’entretien a rapidement dévié vers une révélation troublante : le Nigeria semble toujours dans le flou face à la menace persistante de Boko Haram, 15 ans après le début du conflit.

Un constat accablant sur le financement de Boko Haram

Interrogé par la journaliste Naeve Baker sur la résilience du groupe terroriste, le Général Musa a livré une déclaration aussi déroutante qu'inquiétante : « Nous avons sollicité la communauté internationale pour découvrir leur financement... À ce jour, nous avons plus de 120 000 d’entre eux qui se sont rendus. La plupart d’entre eux sont trouvés avec des devises étrangères. Comment les obtiennent-ils ? » Cette réponse a mis en lumière un manque apparent de clarté sur les réseaux financiers de Boko Haram, un point pourtant crucial pour mettre fin au conflit.

Le Général a poursuivi en soulignant que les efforts visant à tracer ces financements étaient entravés par des obstacles qu’il attribue à la communauté internationale. Ces déclarations, qui laissent entrevoir une possible « conspiration internationale », ont suscité une réaction immédiate de Naeve Baker. La journaliste, visiblement interloquée, a insisté pour obtenir des faits concrets. Mais la réponse du Chef d'État-Major s’est révélée tout aussi vague : « Les Nations Unies doivent intervenir parce que nous devons retracer les financements. Comment ont-ils pu se maintenir pendant 15 ans ? »

Un manque de stratégie préoccupant
Lorsqu'il a été directement questionné sur les acteurs potentiellement intéressés à déstabiliser le Nigeria, le Général Musa a répondu par un simple haussement d’épaules : « Je ne sais pas. Votre hypothèse vaut autant que la mienne. » Une réponse qui jette un doute sur la capacité des forces armées et des agences de renseignement nigérianes à comprendre et anticiper les dynamiques derrière l'insurrection.
Ce manque de clarté contraste avec les nombreuses ressources investies par l'État pour lutter contre Boko Haram, ainsi que les sacrifices des soldats et des civils. Le Général a par ailleurs mentionné que « le Nigeria ne produit pas l'équipement nécessaire pour mener cette guerre », une affirmation qui ignore les progrès récents dans la production locale de matériel militaire.

Une situation qui appelle à des réponses concrètes
Le conflit avec Boko Haram a coûté la vie à des milliers de personnes au Nigeria, au Niger, au Tchad, et dans d'autres pays de la région, tout en déplaçant des millions d’autres. Pourtant, l'interview a mis en lumière une absence flagrante de stratégie coordonnée pour identifier et démanteler les réseaux financiers et logistiques du groupe.
Plus troublant encore, le Général a semblé déléguer la responsabilité de ces enquêtes à des acteurs extérieurs, soulignant que « la communauté internationale » et « les Nations Unies » devraient intervenir.

Quelles leçons pour l’avenir ?
Cette interview soulève des questions fondamentales sur la gestion du conflit. Pourquoi, après 15 ans, les autorités nigérianes ne semblent-elles pas avoir de réponses claires sur les mécanismes de financement et de soutien de Boko Haram ? Et surtout, que signifie cette dépendance à l'égard de la communauté internationale pour résoudre un problème profondément enraciné dans le contexte nigérian ?
Alors que le Général Musa a exprimé l'espoir de mettre fin à cette crise d'ici deux ans, de nombreux observateurs s'interrogent : les forces armées disposent-elles des outils et de la volonté nécessaires pour atteindre cet objectif ? Le doute persiste, tout comme l'ombre de Boko Haram.

Ibrahim Issa (actuniger.com)

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