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Niger : un « accord de défense déguisé » avec la Chine pour protéger le pétrole ?

Publié le dimanche 19 janvier 2025  |  Agence Nigerienne de Presse
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© Jeune Afrique par JF ROLLINGER
Exploitation d`hydrocarbures en Algérie (Sonatrach)
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Alors que les bases militaires françaises rétrocèdent progressivement sur le continent africain, le Niger, confronté à des attaques répétées sur son oléoduc stratégique reliant Agadem au port de Sèmè-Kpodji au Bénin, a décidé de confier sa sécurité à une compagnie chinoise. Ce choix, bien que présenté comme une simple mesure de protection, suscite des interrogations sur une éventuelle dépendance croissante vis-à-vis de la Chine, dans un contexte marqué par des tensions sécuritaires et géopolitiques.

Depuis 2024, l’oléoduc long de près de 2 000 kilomètres subit des sabotages récurrents dans les deux pays qu’il traverse : le Niger et le Bénin. La dernière attaque, perpétrée à Munseeka au Niger, a vu les assaillants se replier vers le Nigeria. Au Bénin, trois soldats chargés de la surveillance du pipeline ont été tués en décembre 2024 à Malanville. Ces actes, parfois revendiqués par des groupes armés, traduisent l’importance stratégique de cet ouvrage pour le Niger.

Le pipeline constitue un levier essentiel pour l’économie nigérienne, représentant près d’un tiers des recettes nationales. En dépit des sanctions de la CEDEAO, il a permis au pays de diversifier ses exportations et de réduire sa dépendance vis-à-vis du Nigeria.

L’intervention chinoise : une solution temporaire ou un piège ?
Face à ces défis sécuritaires, la compagnie chinoise WAPCO, affiliée à la China National Petroleum Corporation (CNPC), a proposé un dispositif de surveillance par drones pour sécuriser le pipeline. Cette collaboration, présentée comme un accord purement technique, soulève toutefois des inquiétudes quant à une possible transformation en un « accord de défense » déguisé.

Depuis plusieurs années, la Chine a renforcé sa présence en Afrique, notamment à travers des investissements massifs dans les infrastructures et des échanges technologiques militaires. En juillet 2023, elle a offert du matériel militaire d’une valeur de 2,5 milliards de francs CFA à l’armée nigérienne. En retour, les autorités nigériennes semblent s’appuyer de plus en plus sur la puissance asiatique pour pallier leurs insuffisances en matière de sécurité.

Si le recours à une société privée pour sécuriser une infrastructure critique peut sembler pragmatique, il rappelle également des pratiques héritées de l’époque coloniale, où des compagnies étrangères jouaient un rôle central dans la gestion de la sécurité locale. Cette situation interroge sur la souveraineté réelle des États africains, alors que le Général Tiani ne cesse de chanter à qui veut l’entendre que le coup d’Etat opéré en 2023 dont il était le meneur n’était rien d’autre que souverainiste.

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Les observateurs estiment que le pays doit rapidement monter en compétence pour reprendre le contrôle total de la surveillance de son pipeline. « Il faut que cette parenthèse soit close le plus rapidement possible », soulignent certains experts, appelant à une meilleure autonomie en matière de sécurité. Pour eux, Tiani doit prouver qu’il en est vraiment capable, faut de quoi, il n’aura été qu’une perte de temps pour le Niger.

Entre rivalités internationales et capitalisme global
La sécurisation de l’oléoduc s’inscrit également dans un contexte plus large de rivalités entre grandes puissances. Outre la Chine, la Russie et d’autres acteurs internationaux s’impliquent de plus en plus dans les affaires africaines, en cherchant à protéger leurs intérêts économiques et stratégiques. Le Niger, en choisissant de collaborer avec Pékin, doit donc naviguer avec prudence pour éviter de tomber dans une nouvelle forme de dépendance.

Enfin, cette situation reflète une problématique globale liée aux routes commerciales : qu’il s’agisse du canal de Suez ou du détroit de Malacca, les infrastructures stratégiques attirent les convoitises et nécessitent des mesures de protection coûteuses. Pour les États africains, la solution passe peut-être par une coopération régionale accrue, voire la création d’une force panafricaine capable de sécuriser ces ressources vitales.
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