Combien sont-ils les travailleurs qui attendent ne serait-ce d’avoir ne serait-ce qu’un million pour en découdre avec des années d’arriérés de leurs prestations et autres incidences? Combien sont-ils les secteurs sociaux au Niger qui se contenteraient ne serait-ce que de quelques centaines de millions pour améliorer et consolider à jamais leurs offres de services ?
Combien de vies pourrait-on sauver avec ces millions en les mettant au service des cases de santé quasi vides de médicaments ? Il serait alors aberrant que des millions soient destinés à un seul militant fut-ce un député, dans le seul but de le débaucher de sa formation politique juste pour nuire…
Qu’il soit à Niamey ou au Nigeria, le puissant et richissime homme d’affaires sait acheter une marchandise à laquelle il tient comme rubis sur ongle. A ce niveau, il n’y a que Mangal pour franchir un tel pas. Figurez-vous, qu’il s’agit des millions. Ainsi, après avoir essayé de débaucher, sans succès, des députés, cet homme aurait atterri à Niamey avec des sommes énormes pour une opération de grande envergure Difficile de résister à de telles tentations. Et, sentant la très menace planer sur leurs écuries, les patrons des formations politiques de l’opposition ont piqué une crise indescriptible. Un black-out serait constitué dans chaque groupe pour surveiller étroitement les faits et les gestes des uns et des autres. Quoi de plus normal car on ne peut résister sans sourciller à de nombreux billets de banque dans un environnement qu’on a sciemment paupérisé ; dans cette optique ?
En tout cas, vu le degré de paupérisation et vu l’appât qui y est brandi en face pour l’achat des consciences, cela peut prêter à plusieurs interprétations. On le sait, l’argent circule à Niamey, il circule trop mais d’un seul côté. Il est donc tout à fait plausible que les citoyens s’inquiètent. Certes, la politique est une perpétuelle compétition entre les partis politiques ; c’est à qui attirera le plus de militants avec lui. Cependant, il faut que le jeu soit juste, avec des chances égales. Chances égales, cela ne veut pas dire utiliser de l’argent de l’Etat pour combattre d’autres citoyens qui n’en ont pas accès. On dira peut-être que l’argent du richissime Mangal n’est pas celui de l’Etat nigérien ; sauf qu’il entretient quand même de grosses affaires dans le pays au prix d’une facilité que plusieurs autres n’ont pas.
A la limite, la situation dans laquelle se trouvent les formations politiques de l’opposition doit interpeller tout citoyen convaincu du respect du jeu démocratique pur et simple. Eloignés depuis un temps des affaires, ces formations politiques n’ont plus les moyens de résister au monstre à distribuer de l’argent qui se trouve en face. De plus, si pour une raison ou pour une autre, les opérateurs économiques de l’opposition sont débauchés par le pouvoir, cela constitue, une situation insupportable pour l’opposition.
C’est le cas avec le parti Lumana qui a vu le départ de deux de ses grands investisseurs, à savoir Zakaî et Hama Ghana. Pour la présence présumée de Mangal à Niamey et pour le but qu’il poursuivrait cette fois-ci, les citoyens de tous les bords doivent se dire que l’affaire appartient à tous. Pensez-vous réellement que des millions de francs multipliés par X pourraient être débloqués pour une seule personne dans le seul but de lui faire quitter sa formation politique ? Trouvezvous que cela est loyal dans le jeu démocratique ? Le Nigériens qui se trouvent dans nos campagnes et qui a du mal à réunir 50 francs pour acheter du sel pourraient-ils sincèrement croire en la sincérité des uns et des autres au point de leur renouveler leur confiance ?
Ces questions méritent qu’on s’y penche avec le plus grand sérieux. Combien sont-ils les travailleurs qui attendent ne serait-ce d’avoir ne serait-ce qu’un million pour en découdre avec des années d’arriérés de leurs prestations et autres incidences? Combien sont-ils les secteurs sociaux au Niger qui se contenteraient ne serait-ce que de quelques centaines de millions pour améliorer et consolider à jamais leurs offres de services ? Combien de vies pourrait-on sauver avec ces millions en les mettant au service des cases de santé quasi vides de médicaments ? Il serait alors aberrant que des millions soient destinés à un seul militant fut-ce un député, dans le seul but de le débaucher de sa formation politique juste pour nuire. Ou nous sommes musulmans de foi, ou nous le chantons seulement.
Ceci dit, il demeure aujourd’hui un impératif que le pouvoir en place se ravise que nous ne sommes nullement en campagne électorale. Les armes certes veulent qu’on les affûte avant le jour J ; cependant, une fois affûtées, elles doivent être rengainées et placées en lieu sûr jusqu’au moment opportun. Si jamais ce n’est pas le cas, ces armes deviennent alors comme une épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête des adversaires du jeu. Eh oui, n’oublions pas que le jeu politique est aussi un jeu comme tout autre ; par conséquent, comme tout jeu, il doit obéir à des normes pour éviter les hors-jeu. Avant tout, ce jeu est et doit être joué en faveur du peuple et à ce titre, il ne doit pas frustrer celui d’en face. Un vieil adage dit « qu’à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ».
Surtout, évitons de faire mal ou de chercher à faire disparaître complètement l’adversaire. Pas de sentiment en compétition mais il faut bien qu’il soit un adversaire pour qu’il y ait compétition. On ne peut être juge et partie. Il reste à lancer cet ultime appel en direction des uns et des autres pour qu’ils comprennent que le citoyen nigérien mérite bien qu’on respecte son amour propre. On ne peut éternellement jouer avec de l’argent sous ses yeux alors même qu’il a de la peine à joindre les deux bouts. Que cet argent qui serait destiné pour le débauchage présumé des députés soit mis à l’abri ou réorienté vers des secteurs sociaux. Si jamais Mangal le sortait de sa poche et l’investissait conséquemment dans un secteur de la vie du pays, qu’il soit rassuré que prochainement il pourrait se présenter comme candidat à la présidence du Niger. Eh oui, les Nigériens ne sont pas ingrats ; ils le lui reconnaîtraient de la plus belle manière. Ce conseil, l’avenir dira que nous l’aurions donné.