Du 8 au 11 avril 2025, des experts militaires, du Burkina Faso, du Mali et du Niger réunis à Ouagadougou, ont intensifié la pose des bases d’une force conjointe de la Confédération des États du Sahel, marquant un tournant stratégique dans la coopération sécuritaire régionale, a rapporté Apa le 10 avril 2025.
La capitale burkinabè a accueilli pendant quatre jours une réunion d’experts militaires des trois pays membres de la Confédération des États du Sahel (AES), en vue de renforcer leur coordination militaire face aux défis sécuritaires persistants. Cette rencontre, qui s’inscrit dans un contexte de montée en puissance des opérations conjointes sur le terrain, marque une étape décisive vers l’opérationnalisation de la force conjointe annoncée par les chefs d’État de la région.
Selon l’État-major général des armées du Burkina Faso, les échanges ont porté sur l’évaluation des opérations en cours et sur les modalités concrètes de mise en œuvre du pilier "Défense et Sécurité" de l’AES. Il s’agit d’une avancée majeure dans la volonté des trois pays, tous dirigés par des régimes de transition militaire, de construire une réponse autonome, en rupture avec les dispositifs régionaux existants tels que la CEDEAO et le G5 Sahel.
Quelques jours avant la réunion, des actions militaires conjointes avaient été menées dans le nord du Mali, illustrant la coopération grandissante entre les armées des trois États. Le 28 mars, un véhicule suspect a été intercepté à Djidara (région de Gao), avec à son bord deux présumés terroristes. Le lendemain, des frappes aériennes ciblées ont été menées à Hourara et Fitilli, toujours dans la région de Gao, contre des groupes armés transfrontaliers.
Ces opérations s’inscrivent dans une stratégie commune de lutte contre le terrorisme, désormais renforcée par l’usage accru de drones armés turcs pour la surveillance et les frappes de précision.
La mise en place d’une force conjointe de 5 000 soldats, dotée de capacités aériennes, terrestres et de renseignement, avait été confirmée en janvier 2025 par le ministre nigérien de la Défense, le Général Salifou Mody. Ce dernier avait annoncé que cette force serait "visible sur le terrain dans les semaines à venir", traduisant ainsi une volonté d’action rapide et coordonnée.
Cette réunion stratégique s’est tenue alors que les tensions entre le Mali et l’Algérie s’intensifient. En réaction à la destruction d’un drone malien par l’armée algérienne et à la fermeture réciproque de l’espace aérien, le Burkina Faso et le Niger ont rappelé leurs ambassadeurs à Alger, en soutien à Bamako.
Dans ce climat géopolitique tendu, l’AES semble plus que jamais déterminée à bâtir une architecture sécuritaire propre, fondée sur une solidarité active et une stratégie commune de lutte contre les menaces transnationales.