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Le prochain pape sera-t-il africain ?

Publié le jeudi 24 avril 2025  |  AFP
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© AFP par FILIPPO MONTEFORTE
Le pape François a choisi la fin du synode sur la famille pour béatifier Paul VI, le pape du concile Vatican II
Dimanche 19 octobre 2014. Rome Paul VI. Place Saint-Pierre
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En 2010, le cardinal ghanéen Peter Turkson avait déclaré que ni lui, ni probablement l’Église catholique n'étaient prêts à ce qu'il devienne pape. Mais 15 ans plus tard, après la mort du pape François, son nom et ceux d'autres potentiels candidats africains circulent au Vatican.

Le pape argentin est mort lundi à 88 ans et ses obsèques auront lieu samedi. Un conclave devrait se tenir début mai - la date doit encore être annoncée - pour désigner un successeur.

Le pape Victor Ier (189-199) était originaire d'Afrique du Nord.
Sur le continent, le catholicisme continue son essor à mesure que la population croît, alors que l'Europe grisonne et se sécularise. Et la question de savoir si l'Église est prête à accueillir son premier pape noir est à nouveau sur la table.

"Il y a eu ce sentiment que le pape, s'il doit être une autorité mondiale, doit être issu de l’Église mondiale", explique à l'AFP Miles Pattenden, historien du catholicisme à l'Université d'Oxford (Royaume-Uni).

Issu d'une famille modeste de 10 enfants, M. Turkson a été le premier ecclésiastique ghanéen à devenir cardinal en 2003.

En 2008, il avait contribué à éviter des violences dans son pays d'Afrique de l'Ouest après une présidentielle contestée, et il a travaillé dans les hautes sphères de la bureaucratie du Vatican.

Il a récemment défendu les droits des personnes LGBT+ dans son pays et affirmé dans une interview datant de 2023 que celles-ci "ne peuvent pas être criminalisées parce qu'elles n'ont commis aucun crime".

Au sein de l’Église, des traditionalistes comme le cardinal guinéen Robert Sarah, lui aussi cité comme un potentiel futur pape, comparent l'homosexualité, mais aussi l'avortement et le "fanatisme islamique", à l'idéologie nazie.

Un autre candidat possible, le cardinal Fridolin Ambongo, de la République démocratique du Congo, s'est lui aussi opposé à la bénédiction des unions de couples du même sexe.

Malgré une certaine ouverture, le pape François a joué les équilibristes entre un discours modéré et la conduite de réformes concrètes au sein de l’Église, ce qui, selon la professeure en études religieuses à l'université Fordham de New York (États Unis), Cristina Traina, pourrait laisser la porte ouverte à des candidats africains critiqués pour leur vision conservatrice.

Rien ne garantit que le prochain pape restera dans la ligne plus libérale de François.

- "Discrimination" -

Le pontificat du pape François a marqué une rupture avec le leadership européen de l'Église catholique. Sa volonté de faire en sorte que la hiérarchie du Vatican soit le reflet de ses membres fait que les cardinaux africains représentent aujourd'hui 12% du conclave, contre 8% lors de la dernière élection d'un pape.

"Il serait presque impossible d'imaginer que le monde accepte un pape africain, s'il n'y avait pas eu auparavant une transition avec le pape François, un Argentin", estime Mme Traina.

L’Afrique, qui compte 20% des 1,4 milliard de catholiques de la planète, reste toutefois sous représentée au conclave.

Selon un prêtre congolais ayant requis l'anonymat, un long chemin a été parcouru mais il y a une raison pour laquelle il n'y a pas eu de pape africain depuis 1.500 ans: "La discrimination, même si elle n'est pas manifeste chez nos frères les Européens, est quand même une réalité dont nous ne parlons souvent pas".

Un pape africain pourrait apporter un regard neuf sur certains sujets au sein de l'Église.

Le message de justice sociale du pape François a notamment trouvé un fort écho dans les pays les plus pauvres et sur le continent aux premières loges du changement climatique.

Confrontés à une pénurie de prêtres, certains en Afrique se sont par ailleurs exprimés en faveur d'un réexamen de l'interdiction du mariage des religieux, souligne notamment Mme Traina.

Le cardinal Ambongo, qui a travaillé au côté de François, planche par ailleurs sur la manière dont l'Église devrait traiter la question du mariage polygame, notamment pour ceux qui souhaiteraient se convertir.

"Nous avons toujours souhaité avoir un pape africain", dit le père Paul Maji, prêtre à Abuja, la capitale du Nigeria. Même s'il affirme ne pas mettre plus d'"affect" que ça dans la question de l'origine du prochain souverain pontife.

"Nous ne devrions pas penser que c'est notre tour", estime le professeur Sylvain Badibanga, doyen de la faculté de théologie de l'Université catholique du Congo, ajoutant: "C'est le tour de Dieu".

Le cardinal Turkson, dont le nom avait également circulé avant le conclave de 2013 qui avait finalement désigné le pape François, avait tiré une conclusion similaire et déclaré qu'il deviendrait alors le premier pape noir "si c'est la volonté de Dieu".


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