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Descente musclée des forces nigériennes dans les locaux de Orano : l’uranium au coeur du durcissement du ton entre Niamey et Paris

Publié le jeudi 8 mai 2025  |  aNiamey.com
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Les relations franco-nigériennes franchissent un nouveau cap de crispation. Le 5 mai, les autorités du Niger ont procédé à des perquisitions dans les locaux du géant français du nucléaire Orano, à travers ses filiales locales Somaïr, Cominak et Orano Mining Niger, toutes implantées à Niamey. Une opération musclée qui confirme le durcissement du ton entre la junte au pouvoir et l’ex-puissance coloniale.

Selon les informations émanant de sources locales publiées par Financial Afrik, les forces de sécurité nigériennes ont investi simultanément les bureaux des trois entités d’Orano, inspectant documents, équipements informatiques et dossiers administratifs. L’entreprise, pilier stratégique dans l’exploitation de l’uranium nigérien depuis plusieurs décennies, a rapidement réagi, se disant « surprise » par l’opération, tout en affirmant sa volonté de coopérer avec les autorités. « Orano a toujours respecté les lois nigériennes et agit en toute transparence », a indiqué un porte-parole du groupe basé en France.



Ces perquisitions interviennent dans un contexte de détérioration accélérée des relations entre Niamey et Paris, depuis la prise de pouvoir par la junte militaire en juillet 2023. Après l’expulsion des troupes françaises, le retrait progressif des accords de coopération, et un rapprochement stratégique avec la Russie, c’est désormais le secteur minier – clé dans les échanges franco-nigériens qui est dans le viseur.

Orano, héritier du CEA et d’Areva, a longtemps été le partenaire privilégié du Niger dans l’extraction de l’uranium, notamment à travers les sites de Somaïr et de l’ex-Cominak (désormais en phase de réhabilitation environnementale). Mais aujourd’hui, la junte entend reprendre le contrôle total de ses ressources stratégiques, quitte à remettre en cause les anciens équilibres.

Bien que les autorités nigériennes n’aient pas encore communiqué officiellement sur les raisons précises de ces perquisitions, plusieurs observateurs y voient une volonté d’audit, voire de révision des conditions contractuelles liant Orano à l’État nigérien. Une source diplomatique évoque même en coulisses la possibilité d’un gel partiel ou d’une renégociation des permis d’exploitation.

La junte pourrait vouloir montrer les muscles face à Paris, tout en préparant l’arrivée de nouveaux partenaires étrangers dans le secteur minier, notamment russes, turcs ou chinois.

Pour Orano, ces tensions soulèvent une inquiétude majeure : la pérennité de ses activités sur le sol nigérien. Le groupe, qui dépend encore en partie de l’uranium nigérien pour sa chaîne d’approvisionnement nucléaire, pourrait être contraint de réorienter ses investissements si la situation se dégrade davantage.

« Le risque pour la souveraineté énergétique française est réel si l’accès à l’uranium nigérien devient incertain », prévient un analyste du secteur.

Les perquisitions du 5 mai marquent sans doute une nouvelle étape dans le désengagement du Niger vis-à-vis de la France. Alors que Niamey cherche à affirmer sa souveraineté économique et politique, l’avenir d’Orano au Niger semble plus incertain que jamais. Entre géopolitique, énergie et souveraineté, le dossier devient hautement stratégique pour les deux pays.
KM
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