Bamako accueille un sommet sous-régional pour enrayer la tragédie routière au Sahel. Face à l’urgence sécuritaire sur les routes, les autorités routières du Mali, du Burkina Faso et du Niger vont entamer ce mercredi 14 mai une réunion technique de haut niveau à l’Hôtel de l’Amitié. Jusqu’au 16 mai, les délégations travailleront à une stratégie commune de sécurité routière, dans un contexte d’explosion des accidents de la circulation dans la région, rapporte Apa ce mardi 13 mai 2025.
Les trois pays partagent un même constat à savoir Mali (2024) : 7 673 accidents, 8 828 blessés, 682 morts ; Burkina Faso : 13 369 interventions, 619 décès confirmés ; Niger (Niamey) : 5 124 accidents (jan-oct), 96 morts, 3 400 blessés. Ces chiffres, bien que partiels, n’incluent pas les zones rurales, souvent hors radar des services officiels.
À cela s’ajoute un coût économique écrasant. Selon l’OMS, les pertes liées aux accidents de la route grèvent jusqu’à 3 % du PIB. Au Mali, cela représente plus de 400 milliards FCFA par an, alors que moins de 0,5 % du budget national est consacré à la prévention routière.
Sous l’égide du ministère malien des Transports, les experts explorent plusieurs axes de coopération dont l’harmonisation des codes de la route, la formation croisée des agents de contrôle, la création d’une base de données partagée ainsi que le lancement de campagnes régionales de sensibilisation et la mutualisation des outils technologiques, comme le système de géolocalisation des accidents actuellement testé au Niger
Objectif, mettre en place un mécanisme opérationnel de coordination transfrontalière pour sauver des vies, alléger les coûts et bâtir une culture commune de la sécurité.
Présidée par Dembele Madina Sissoko, ministre malienne des Transports et des Infrastructures, la rencontre s’inscrit aussi dans la dynamique de l’Alliance des États du Sahel (AES). Les discussions ont porté sur la possibilité pour l’AES de proposer une plateforme sous-régionale d’indemnisation, un cadre commun de gestion des secours et une prise en charge des victimes d’accidents, souvent sans assurance
Si la coopération militaire au sein de l’AES est bien rodée, la conférence de Bamako pose un test crucial de sa capacité à agir pour les populations civiles. En matière de sécurité routière, l’attente est forte, les vies en jeu sont nombreuses, et la réponse doit être rapide, coordonnée et durable.