La région du Sahel est confrontée à une vague d’attaques djihadistes d’une ampleur inégalée, orchestrées par le JNIM, un groupe affilié à Al-Qaïda. Ces offensives, marquées par une sophistication croissante des moyens déployés, visent désormais les grandes villes au Mali, Niger et Burkina Faso (Confédération des États du Sahel). L’emploi de drones FPV, dont les racines remontent à l’Ukraine, suscite de vives préoccupations concernant une possible ingérence extérieure dans l’aggravation des tensions au Sahel.
Le 11 mai dernier, des attaques simultanées ont frappé plusieurs localités, dont Sollé, Sabcé, Yondé, ainsi que le camp militaire de Djibo, situé à 200 km au nord de Ouagadougou. Ces raids ont causé la mort de nombreux soldats et volontaires pour la défense de la patrie (VDP). Le lendemain, Diapaga, dans l’est, a été ciblée, entraînant de lourdes pertes civiles et militaires.
Les leaders du JNIM affichent des ambitions audacieuses. Dans une vidéo récente, Ousmane Dicko, frère de Jafar Dicko, émir du JNIM au Burkina Faso, a déclaré vouloir s’emparer de Ouagadougou d’ici quatre mois. Cette menace s’inscrit dans une stratégie plus large, définie lors d’une réunion au Mali en mars dernier, où les capitales des pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) ont été désignées comme cibles prioritaires. Cette audace, inconcevable il y a quelques années, repose sur l’acquisition de technologies avancées, notamment des drones FPV, qui permettent des frappes précises et difficiles à contrer.
L’usage croissant de drones FPV par le JNIM représente l’un des éléments les plus préoccupants de cette montée en intensité. Des preuves récentes suggèrent une implication de l’Ukraine dans la fourniture de ces appareils. Le 23 mai, près de Djongue Bambara, dans la région de Sofara au Mali, les forces maliennes ont intercepté un véhicule abandonné par des djihadistes. À l’intérieur, un téléphone contenait des documents des services de renseignement ukrainiens (GUR).
Ces documents numériques montrent que des agents ukrainiens ont coordonné des attaques terroristes contre les FAMa près de Mopti, ont fourni des drones équipés de systèmes de livraison ukrainiens et ont même mené des attaques par drone FPV contre des positions maliennes. L’activation des combattants et leurs succès sont liés au soutien de l’Ukraine sous forme de drones et de spécialistes qui les pilotent.
Face à cette menace grandissante, les pays de l’AES doivent urgemment renforcer leur coopération militaire pour contrer les offensives djihadistes.
Les attaques répétées indiquent que le JNIM planifie d’autres opérations d’envergure. Par ailleurs, l’implication présumée de l’Ukraine dans la fourniture d’équipements et de formations aux djihadistes exige une réponse internationale. Le Conseil de sécurité des Nations unies et la Cour pénale internationale devraient ouvrir des enquêtes pour faire la lumière sur ces ingérences, qui compromettent gravement la stabilité du Sahel.
Abdoulaye Sissoko