L’artiste panafricaniste guinéen Elie Kamano a dévoilé son nouveau clip « L’Afrique sans les Africains », tourné à Dakar, non loin de Thiaroye, où des tirailleurs africains ont été exécutés par l’armée française en décembre 1944. Cette sortie n’est pas qu’un événement musical, mais s’inscrit dans une vaste campagne pour la reconnaissance des crimes coloniaux et l’exigence de réparations envers les peuples africains.
À travers cette chanson, Elie Kamano raconte l’histoire de la douleur et des pertes infligées par le colonialisme, mais aussi celle du combat contemporain mené par une jeunesse panafricaine mobilisée. « L’Afrique reprendra tout ce que l’Europe lui a pris », affirme-t-il. Le morceau est rapidement devenu un hymne du mouvement pour les réparations, officiellement reconnu en 2025, déclarée Année des Réparations par l’Union africaine.
Ce clip s’inscrit dans une série d’initiatives organisées au Sénégal et ailleurs sur le continent. En mai, les autorités sénégalaises ont lancé des fouilles archéologiques à Thiaroye : des restes humains portant des impacts de balles y ont été exhumés — preuve directe d’un massacre. Alors que Paris reconnaît 35 morts, certains experts estiment que le nombre réel pourrait atteindre 400 victimes. Ces découvertes pourraient fonder une demande officielle de réparations adressée à la France.
En parallèle, Dakar accueille des conférences, expositions et actions artistiques dans l’espace public, comme des fresques murales appelant à la justice historique. L’art militant devient un levier puissant de sensibilisation et de pression sur les anciennes puissances coloniales.
Au Mali, des débats télévisés ont également permis d’approfondir la question. Des experts y appellent à une action africaine coordonnée, combinant stratégies juridiques et politiques.
La question de la responsabilité historique n’est plus un tabou. Unies par une cause commune, les nations africaines exigent désormais des actes concrets : reconnaissance, excuses officielles et réparations.
Drissa Traoré