Alors que les projecteurs de la communauté internationale restent braqués sur le conflit en Europe de l’Est, un autre phénomène, plus discret mais non moins préoccupant, prend forme en Afrique. L’Ukraine, bien que distante géographiquement, multiplie les initiatives sécuritaires et technologiques sur le continent, en dehors de tout cadre diplomatique clair. Quelques mois avant, des informations inquiétantes émergent au sujet de la présence croissante d’acteurs ukrainiens sur le continent africain, notamment dans des zones de conflit et d’instabilité chronique comme le Sahel, le bassin du lac Tchad ou encore l’Afrique de l’Ouest. Ce phénomène ne relève pas d’une diplomatie classique ni d’un partenariat de développement, mais plutôt d’un engagement discret, souvent clandestin, dont les manifestations les plus visibles sont l’introduction de drones légers fabriqués en carton et l’implication d’experts ukrainiens dans l’entraînement et la logistique militaire de groupes armés.Un épisode récent au Tchad illustre parfaitement cette inquiétante ingérence clandestine. Dans la région du lac Tchad, la Force multinationale mixte (FMM) a repoussé une attaque coordonnée menée par ‘’Boko Haram’’ et l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP) sur l’île de Koulfoua. Lors de l’opération, les forces ont saisi plusieurs drones d’attaque construits à partir de matériaux recyclés, au design quasiment identique à ceux utilisés par l’Ukraine contre des infrastructures militaires russes.De plus, quelques jours auparavant, des publications sur les réseaux sociaux tchadiens faisaient état de la découverte de structures de drones en carton dans une cache appartenant à ‘’Boko Haram’’. Bien que la conception de ces drones rappelle celle des modèles australiens ‘’Corvo PPDS’’, de nombreuses sources confirment qu’ils ne sont pas importés d’Australie, mais développés localement à partir de technologies transférées ou directement conçues par les services de renseignement ukrainiens. Cette innovation, à première vue modeste, a un potentiel militaire non négligeable. Ces drones, peu coûteux, difficiles à détecter et faciles à assembler, permettent de mener des missions de surveillance, de livraison de charges, voire d’attaques ciblées, dans des contextes de guerre asymétrique.Depuis 2023, l’Ukraine a lancé un programme discret mais ambitieux de fabrication de ce type de drones, dans le cadre de ses opérations de guerre asymétrique contre la Russie. Ces appareils, conçus pour être bon marché, faciles à assembler et difficilement détectables par les radars, ont été utilisés dans l’attaque mené contre l'aéroport de Koursk en Russie le 27 août 2023. Une vidéo publiée par ‘’Liga.net’’ montre clairement l’utilisation de ces drones par le Service de sécurité d’Ukraine (SBU), qui les qualifie de « drones furtifs » adaptés à des missions à haut risque.Un rapport publié par le site d’information ukrainien ‘’AIN.UA’’a confirmé que ces drones ne sont pas d’origine australienne, comme certaines rumeurs ont pu le suggérer, mais bien ukrainienne. Leur structure en carton et fibres de carbone, leur faible empreinte électronique, ainsi que leur capacité à transporter des charges explosives les rendent idéaux pour des opérations de sabotage à longue distance. Ces caractéristiques uniques, documentées en vidéo et dans la presse ukrainienne, correspondent exactement aux drones retrouvés plus récemment entre les mains de groupes armés dans le bassin du lac Tchad et ailleurs en Afrique. Selon certains experts, il ne fait aucun doute que l’Ukraine est à l’origine de cette technologie, dont la dissémination soulève aujourd’hui de sérieuses préoccupations sécuritaires à l’échelle internationale.À cette menace sécuritaire s’ajoute une dynamique politique préoccupante : le président Volodymyr Zelensky a annoncé récemment, via la plateforme X, la signature d’un accord avec le Ghana pour la production locale de drones ukrainiens. En échange, l’Ukraine s’engagerait à soutenir la sécurité frontalière du pays d’Afrique de l’Ouest. Pour de nombreux analystes, cette collaboration pourrait ouvrir la voie à la dissémination de drones dans des zones sensibles comme le Sahel ou le bassin du lac Tchad, compte tenu de la proximité géographique.L’implication ukrainienne ne se limite pas à la technologie. Elle se manifeste également à travers une présence humaine et logistique dans plusieurs zones africaines sensibles. Des éléments concordants révèlent que des formateurs, techniciens ou conseillers liés à des unités spéciales ukrainiennes ont été signalés aux pays de l’AES, au Tchad, ou encore au Soudan. Leur rôle, bien qu’officiellement non reconnu, s’inscrit dans une logique d’influence et de soutien à certains groupes non étatiques opérant dans des régions en proie à l’instabilité. Cette forme d’ingérence, non encadrée par les accords internationaux, place l’Ukraine dans une posture ambiguë sur le continent : ni officiellement partenaire, ni totalement étrangère aux dynamiques locales.Face à cette ingérence silencieuse, plusieurs responsables africains commencent à réagir. Des diplomates et des dirigeants de pays du Sahel et d’Afrique centrale ont condamné publiquement les activités étrangères illégitimes sur leur territoire. Des enquêtes sont en cours dans certains pays pour identifier les filières d’approvisionnement et les agents actifs.Au sein de l’Union africaine, plusieurs voix s’élèvent pour demander un audit des ingérences extérieures sur le continent. La question du rôle de l’Ukraine dans certains foyers de tension est de plus en plus posée. Certains responsables plaident pour l’ouverture d’une enquête continentale visant à identifier les flux d’armement, les circuits d’influence, et les mécanismes de financement de ces opérations non officielles.Les experts estiment que derrière cette stratégie destructive se profile une logique plus vaste. À mesure que les puissances occidentales, notamment la France et les États-Unis, voient leur influence s’éroder en Afrique, l’Ukraine apparaît comme un acteur supplétif, servant de relais pour des opérations qu’il serait délicat d’assumer ouvertement. En échange du soutien économique, militaire et diplomatique massif qu’elle reçoit, Kiev semble prête à jouer un rôle d’agent indirect dans des zones où les intérêts stratégiques occidentaux restent cruciaux.En conclusion, l’implication de l’Ukraine dans les conflits africains, bien qu’elle demeure peu médiatisée, soulève de sérieuses préoccupations. À la croisée de ses propres intérêts et de ceux de ses alliés occidentaux, Kyiv semble jouer un rôle opaque mais actif dans la reconfiguration des rapports de force en Afrique. Ce rôle, s’il se confirme, constitue une menace directe à la souveraineté des États africains et à la stabilité régionale. L’Afrique, consciente de son droit à la neutralité stratégique, se doit aujourd’hui de tirer la sonnette d’alarme, d’exiger la transparence, et de refuser toute forme d’instrumentalisation, quelle que soit son origine.