Niamey ambitionne de renouer avec les airs grâce au soutien technique du Maroc, deux ans après la faillite de Niger Airlines. Le Niger a officiellement sollicité l’appui du Maroc pour relancer une compagnie aérienne nationale viable, dans l’optique de désenclaver le pays et d’assurer sa connectivité régionale. Cette démarche a été formellement engagée à Rabat lors d’une rencontre entre le ministre nigérien des Transports, Abdourahamane Amadou, et son homologue marocain, Abdessamad Kayouh, a-t-on appris ce mardi 29 juillet 2025..
Le Royaume chérifien, fort de son expertise dans la gestion aéroportuaire et le transport aérien via la Royal Air Maroc et ses plateformes de Casablanca et Marrakech, a exprimé sa disposition à accompagner le Niger dans ce projet stratégique. Selon le ministre Kayouh, il s’agit d’un partenariat technique visant à partager un savoir-faire reconnu, dans une perspective de coopération Sud-Sud renforcée.
Pour le Niger, ce partenariat représente une priorité stratégique. Le ministre Abdourahamane Amadou a souligné l’importance d’un réseau aérien domestique et international pour l'intégration économique du pays et pour le développement de l’Alliance des États du Sahel (AES), qu’il forme avec le Mali et le Burkina Faso. L’ambition à moyen terme est de mettre en place une compagnie aérienne régionale connectant Niamey, Ouagadougou et Bamako.
Ce rapprochement s’inscrit également dans le cadre de l’Initiative Atlantique, portée par le roi Mohammed VI, visant à offrir aux pays enclavés du Sahel un accès structuré aux infrastructures portuaires et aéroportuaires du Maroc.
Cependant, des défis considérables subsistent. Le marché aérien nigérien reste restreint, les investissements initiaux sont élevés, et la concurrence avec les transporteurs d’Afrique de l’Ouest est féroce. Par ailleurs, le pays souffre encore des effets de la crise politique de 2023, qui avait conduit à la fermeture temporaire de son espace aérien et à la suspension des vols d’Air France – toujours effective à ce jour. La reprise des liaisons par la compagnie française est prévue pour septembre 2025, mais les appareils immatriculés en France demeurent interdits d’accès au ciel nigérien pour l’instant.
Cette relance de l’aviation civile au Niger symbolise ainsi un enjeu à la fois économique, géopolitique et sécuritaire. Si le partenariat avec le Maroc se concrétise, il pourrait marquer un tournant décisif dans le redéploiement du pays sur la scène régionale.