Choyez votre femme ; elle le mérite bien. Eh oui, n’est-ce pas elle la mère de vos enfants ? N’est-ce pas elle qui adoucit vos nuits ? n’est-ce pas elle qui est à l’écoute de vos joies et peines ? N’est-ce pas elle qui déchaîne votre passion rien que par un simple geste ou regard ?
La femme mérite bien d’égards. Cependant, ayez de la retenue quand bien même vous décidez de rendre à César ce qui lui revient de plein droit ; une femme qui se sait choyée devient une véritable naïve ; jugez-en vous mêmes. Safia est tout ce qu’on peut appeler une femme comblée. <<
Pour ses proches et surtout pour sa femme, Idrissa témoignait d’une conduite irréprochable à toutes épreuves. Safia était choyée, chouchoutée au point où certaines mauvaises langues n’hésitent pas à avancer qu’elle a ensorcelé son mari. Jamais Idrissa n’a opposé un niet à sa femme qui a fini par devenir une véritable star dans le quartier. En effet, au lieu de profiter des égards et autres soins que lui accorde son débonnaire de mari, Safia a adopté plutôt une conduite des plus extravagantes. Elle aimait se pavaner dans les rues du quartier pour exhiber ses beaux et nombreux habits. Elle s’habillait sous des styles soignés et à la mode, ce qui éveille la convoitise des jeunes filles surtout qui l’enviaient. Plusieurs d’entre elles s’étaient hasardées à faire des avances à cet homme qui sait tous les honneurs à la femme.
Pour les parents de Safi, le mariage de leur fille leur profite pleinement. Safi représente aujourd’hui leur principal soutien car son père est allé à la retraite depuis un peu plus de cinq années. Chaque vendredi après la prière, le vieux père de Safi prend le soin de passer chez son gendre pour lui dire des remerciements et des prières de bonheur et prospérité. Un jour, Idrissa rentra très tard du travail. C’était fin décembre, le moment où Idrissa était débordé par les bilans comptables. 19 heures, c’était vraiment trop pour quelqu’un qui rentrait régulièrement à 18H20. C’était trop trente minutes de retard et elle Safi, l’héroïne et la coqueluche du quartier, elle Safi, elle ne saurait tolérer une telle incartade. Quand Idrissa rentra, il trouva qu’elle a fait déjà sa valise et elle l’attendait au salon.
A peine s’était-il introduit dans le salon qu’elle lança des pleurs tonitruants tout en disant : « Je vais rentrer chez moi ; je ne supporte plus d’être délaissée toute la nuit ; et si un voleur m’attaquait ». Je sais que vous avez envie de prononcer « saamo » mais attendez la suite des événements. Idrissa fit tout pour lui faire comprendre qu’il avait été retenu pour des travaux et que 19 heures ce n’était pas une heure avancée de la nuit. Malgré toutes les explications données, Safia est restée sur sa position. Elle finit par quitter le foyer, exigeant que son mari lui donnât son papier de divorce. Elle insista tellement qu’Idrissa griffonna des lignes sur un papier et le lui rendit. Comme elle ne savait pas lire, elle alla se confier à une voisine qui lui lit et expliqua les lignes suivantes : « J’aime ma femme et je ne saurais pour rien divorcer d’avec elle ». Folle de rage, elle revint trouver Idrissa et lui cracha toute sa bile. Idrissa ne savait qu’elle attitude adopter face à cette femme qu’il a toujours bien traitée, elle et toute sa famille.
Il resta au salon, les larmes aux yeux écoutant les insultes de Safia avant qu’elle ne lui tourne le dos. Il était dix heures ce mardi quand Idrissa s’annonça chez Safia. Après les salutations d’usage, il dit l’objet de sa visite en tendant un curieux papier à son beau père : « c’est le papier de divorce que Safia a demandé ». Safia jaillit au salon. Elle resta interloquée un temps avant de lancer : « Mais je blaguais ». Déjà, Idrissa franchissait la porte du salon. Une semaine plus tard, il convolait en noces avec une de ses cousines. Naïve et idiote Safia.