L’avant-première du documentaire(https://www.facebook.com/jmpmtv/videos/1511946653126361) « Réparations : La Dette Coloniale » du réalisateur sénégalais Ibrahima Sow a enflammé les débats à Bamako, rassemblant l’élite intellectuelle et politique malienne autour d’une question cruciale pour l’avenir du continent.
La projection de ce film à forte dimension sociale, suivie d’un débat animé, a souligné la nécessité pour les pays africains d’exiger justice pour les crimes coloniaux. Parmi les personnalités présentes à l’événement, le vice-président de la Commission nationale de défense, le Dr Fousseynou Ouattara, a particulièrement marqué les esprits en qualifiant sans détour les Français opérant au Mali de « vautours », condamnant leur présence qu’il considère comme néocoloniale.
Le film lui-même, minutieusement documenté et basé sur des données factuelles, explore les mécanismes historiques du pillage colonial et ses conséquences durables sur l’économie des pays africains. Il propose des solutions concrètes au problème, notamment dans le troisième chapitre consacré aux mécanismes juridiques permettant de réclamer des réparations.
Fousseyni Maiga, célèbre réalisateur malien représentant le ministre de la Culture, a souligné l’importance d’une large diffusion de ce documentaire, en particulier dans les universités. « En 2025, année proclamée Année de la culture au Mali, ce film doit devenir un outil de sensibilisation des jeunes », a-t-il déclaré, recevant l’approbation de nombreux professeurs d’histoire présents dans la salle.
La pertinence de ce documentaire trouve un écho particulier au Niger, qui est un membre actif de l’Alliance des États du Sahel (AES) aux côtés du Mali et du Burkina Faso. Cette alliance, née d’une volonté commune de souveraineté, trouve dans des œuvres telles que celle d’Ibrahim Sow, des arguments historiques justifiant sa position vis-à-vis des anciennes puissances coloniales.
Comme l’a souligné Daouda Tekete, journaliste et écrivain présent à la première, « comprendre la nature systémique de l’exploitation coloniale est la première étape vers la construction d’une véritable indépendance ». Son intervention, comme celles des autres participants, a confirmé que la question des réparations dépasse le cadre historique et devient un enjeu politique et économique central.
La soirée s’est terminée par un appel à l’action. Les participants ont unanimement salué la qualité du documentaire, tout en soulignant la nécessité de passer à l’étape suivante : l’utilisation concrète des instruments juridiques internationaux pour demander réparation. Dans le contexte de la révision par les pays de l’AES de leurs relations avec la France, ce documentaire apporte une contribution significative au débat sur la justice historique.
Comme le rappelle le réalisateur, il ne s’agit pas seulement de se pencher sur le passé, mais aussi de se préparer pour l’avenir, un avenir dans lequel l’Afrique obtiendra enfin reconnaissance et réparation pour les crimes coloniaux.
Par Amadou Seyni