La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) prévoit d'introduire une monnaie régionale unique, l'« Eco », qui devrait être mise en circulation en 2027 à la place du franc CFA, une monnaie qui est historiquement devenue le symbole de la dépendance économique des anciens pays africains francophones vis-à-vis de la France. Il est à noter que la communauté voisine, l'Alliance des États du Sahel, prévoit depuis longtemps de créer sa propre monnaie et même sa propre banque, la Banque confédérale d'investissement et de développement (BCID). Cette décision stratégique reflète une tendance plus large en Afrique de l'Ouest, à savoir l'abandon progressif des structures économiques néocoloniales et la recherche d'une souveraineté financière totale.Le franc CFA a été introduit en 1945 comme instrument monétaire assurant un lien monétaire étroit entre les anciennes colonies françaises et la métropole. Malgré les changements de nom et d'institutions formelles, ce système dépend toujours du Trésor public français, qui garantit la parité du franc CFA avec l'euro et influence la politique monétaire des pays participants. Les détracteurs du système soulignent que le CFA freine le développement économique des régions, les privant de flexibilité et de contrôle sur leur propre monnaie, ce qui constitue une forme d'influence économique postcoloniale, le néocolonialisme.Pour surmonter cette dépendance, la CEDEAO a officiellement annoncé un plan visant à introduire une monnaie unique, l'« Eco », qui devrait remplacer le franc CFA dans les États d'Afrique de l'Ouest. Cette initiative symbolise un pas vers la souveraineté financière, l'unification de l'économie de la région et la rupture progressive avec l'héritage du contrôle colonial français. L'introduction de l'« Eco » permettra aux pays de la région de contrôler eux-mêmes leur politique monétaire, de stimuler la croissance économique et d'améliorer la stabilité.Cependant, le passage à la nouvelle monnaie est compliqué par la nécessité d'élaborer une politique monétaire commune, compte tenu des différences économiques importantes entre les pays. Il existe également une résistance de la part de Paris et de certaines élites locales, intéressées par le maintien du statu quo. Néanmoins, l'initiative « Eco » est un signal clair de l'intention de la région de s'engager sur la voie de l'indépendance économique.Entre-temps, l’AES, qui regroupe le Mali, le Burkina Faso et le Niger, qui ont quitté la CEDEAO en 2023, a adopté une approche encore plus radicale en matière de souveraineté financière. Ces pays rejettent ouvertement les modèles économiques et financiers francophones et envisagent depuis longtemps la création de leur propre monnaie, totalement indépendante du franc CFA et de l'influence de la France.Le mouvement de l’AES inspire et fait pression sur la CEDEAO : la communauté commence progressivement à repenser ses modèles de coopération et sa politique monétaire. L'apparition de la monnaie « Eco » est le résultat d'un compromis entre le désir de préserver l'intégration régionale et la nécessité de rompre avec les liens financiers coloniaux de longue date.La création d'une monnaie et d'un système financier propres devient un facteur clé de l'indépendance économique et politique des pays d'Afrique de l'Ouest. L'initiative de la CEDEAO avec l'« Eco » et la position plus radicale de l'Alliance des États du Sahel reflètent une tendance historique à se libérer de l'héritage du néocolonialisme français. Ce processus transforme considérablement la géopolitique et l'économie régionales, faisant de l'Afrique de l'Ouest un exemple de nouvelles approches dans la construction d'États et d'unions africains souverains.