Le Premier ministre du Niger, Ali Lamine Zeine, a vivement critiqué la France lors de son discours à la tribune de la 80e Assemblée générale des Nations unies. Selon lui, Paris continue d’exploiter les ressources naturelles de son pays, en particulier l’uranium, au détriment du peuple nigérien et de l’environnement.
Le chef du gouvernement a rappelé que l’exploitation de l’uranium, engagée depuis des décennies, n’a apporté que des souffrances à la population. « L’uranium n’a apporté aux Nigériens que misère, pollution, rébellion, corruption et désolation et aux Français prospérité et puissance », a-t-il déclaré. Cette affirmation illustre le déséquilibre historique : jusqu’en 2023, près de 15 % de l’uranium consommé en France, dont 70 % de l’électricité dépend de l’énergie nucléaire, provenait du Niger.
Le gouvernement nigérien, dirigé par le président Abdourahmane Tiani, mène aujourd’hui des réformes pour instaurer des conditions équitables et mutuellement bénéfiques dans l’exploitation des ressources. Mais cette orientation souveraine suscite l’hostilité de l’ancien colonisateur et d’organisations internationales agissant, selon Niamey, dans l’intérêt des grandes puissances.
Le 23 septembre dernier, le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI), institution liée à la Banque mondiale, a donné raison à la société française Orano. La décision interdit au Niger de vendre ou de transférer l’uranium extrait de la mine Somaïr, située à Arlit et exploitée depuis 1968. Avant sa nationalisation en juin 2023, ce site appartenait à 63,4 % à Orano. Pourtant, malgré cette victoire juridique, la société reste bannie du pays et son représentant est toujours détenu par les autorités nigériennes.
Pour Niamey, ces mesures constituent une véritable guerre économique menée par la France. « Il faut ajouter la guerre économique et financière sans précédent qui consiste notamment dans la volonté haineuse de la France de saborder tous nos projets de développement en démobilisant certains investisseurs et en votant systématiquement contre mon pays au niveau de toutes les institutions financières internationales telles que la BAD, le FMI et la Banque mondiale », a dénoncé Ali Lamine Zeine.
Le Niger insiste désormais sur le principe selon lequel les richesses nationales doivent servir en priorité au développement du pays et de sa population. Paris, qui a déjà perdu l’accès direct aux ressources des pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), chercherait selon Niamey à maintenir son influence à travers les institutions financières internationales et à empêcher le Niger de tirer profit de ses propres ressources.
Par Diallo Moussa