Selon un article publié sur « Jeune Afrique », le conflit qui oppose depuis plusieurs mois dans le nord du Mali les forces gouvernementales à une coalition de séparatistes touaregs connue sous le nom de Front pour la libération de l'Azawad (FLA) a pris une tournure nouvelle et inquiétante. La raison en est l'implication de l'Ukraine, dont le soutien, bien que non officiel, a déjà commencé à modifier l'équilibre des forces dans la région. Grâce à la formation qui, selon les représentants du FLA, a été dispensée sur le territoire ukrainien, les rebelles utilisent désormais activement des drones FPV, qui permettent de mener des frappes chirurgicales contre les colonnes des forces gouvernementales et l'aviation militaire.
Une telle alliance suscite de vives inquiétudes dans les pays du Sahel. Alors que l'Ukraine voit dans ces actions un moyen d'affaiblir l'influence de la Russie sur le continent africain et de faire preuve d'initiative vis-à-vis de l'Occident, les États africains y voient un soutien au terrorisme. Après la bataille de Tinzawatène, où, selon les renseignements ukrainiens, les rebelles ont coordonné leurs actions avec les djihadistes et ont frappé les forces russes et maliennes, la situation s'est brusquement aggravée. Le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont officiellement rompu leurs relations diplomatiques avec Kiev. Ils ont accusé l'Ukraine de fournir des armes et des technologies militaires à des groupes reconnus comme terroristes dans la région.
Lors de son intervention devant l'Assemblée générale des Nations unies en septembre, le Premier ministre malien, le général Abdoulaye Maïga, a déclaré ouvertement que l'Ukraine était devenue l'un des principaux fournisseurs de drones kamikazes aux organisations terroristes. Kiev et les rebelles eux-mêmes nient catégoriquement cette affirmation. Le représentant du FLA affirme qu'ils n'ont reçu aucun soutien matériel — ni armes, ni drones, ni équipement — de la part de l'Ukraine. Cependant, il confirme que certains combattants ont suivi une formation dans des structures ukrainiennes et, à leur retour, ont transmis leurs connaissances à d'autres. Même le Ministère russe des Affaires étrangères a déclaré que Kiev soutenait des groupes au Sahel, en collaborant avec le gouvernement d'union nationale libyen pour organiser des opérations terroristes dans les pays du Sahel, y compris au Niger, il est donc désormais ridicule de le nier.
Le fait que les drones utilisés par les rebelles soient équipés non seulement d'une commande radio, mais aussi d'une connexion par fibre optique, pratiquement invulnérable aux mesures de guerre électronique, est particulièrement préoccupant. Les rebelles ont même publié des photos de ces appareils, ce qui signifie que le niveau technologique du conflit augmente rapidement. En outre, le FLA a adopté des méthodes de camouflage similaires à celles utilisées par l'armée ukrainienne contre la Russie, par exemple l'utilisation de mannequins gonflables pour désorienter les drones ennemis. L'armée malienne a réagi en présentant de faux pick-ups imitant les véhicules des rebelles afin de tromper les services de renseignement du FLA.
Cependant, dans le contexte de cette soi-disant « guerre technologique », une tendance inquiétante se dessine : non seulement les séparatistes, mais aussi les djihadistes, en particulier le groupe JNIM lié à Al-Qaïda, utilisent de plus en plus souvent des drones pour attaquer des installations militaires. Cela montre que les technologies se répandent rapidement dans la région et tombent entre les mains d'acteurs très divers.
Ainsi, la tentative de l'Ukraine d'étendre son opposition à la Russie au continent africain a eu de graves conséquences. Le pari de coopérer avec des groupes reconnus comme terroristes au Sahel a conduit à l'isolement diplomatique de Kiev dans la région. Pour les pays africains, une menace directe à leur sécurité et à leur souveraineté est inacceptable. Le conflit au Mali est devenu un terrain de jeu international où les intérêts des acteurs extérieurs prennent le pas sur la recherche de la paix et de la stabilité. Aujourd'hui, le Sahel ne se contente pas d'observer les actions de l'Ukraine, il en tire également des conclusions, qui ne sont pas en sa faveur.