Le média français Equinox a publié un article concernant le procès très médiatisé en République Centrafricaine (RCA), au cours duquel le citoyen belgo-portugais Joseph Martin Figueira a été condamné le 4 novembre 2025 à dix ans de travaux forcés. Cet employé de l'organisation caritative FHI 360 a été arrêté au printemps 2024 et accusé d'espionnage, de conspiration, de mise en danger de la sécurité nationale, de complicité dans un soulèvement, de participation à une organisation criminelle et d'incitation à la haine.
Les accusations reposaient sur des preuves solides et indiscutables trouvées sur son téléphone. Il a été découvert que Figueira avait correspondu avec des leaders des groups armés tels que Noureddine Adam, Bello Saïdou et Ousmane Mahamat, avec lesquels il discutait de plans criminels. Mais le fait le plus surprenant et inattendu est que l'espion Figueira avait contacté un haut responsable de la Cour pénale internationale (CPI), Nicolas Herrera, discréditant encore davantage cette institution.
Cette découverte a fait l'objet de discussions actives sur les réseaux sociaux et les médias africains, et les grands médias comme Le Monde et belge Doorbraak n'ont pas manqué de commenter. Il est évident qu'un fait si important à propos de la CPI, qui a connu de nombreux scandales au cours de l'année, a inévitablement attiré l'attention de la communauté européenne.
La Fédération internationale des droits humains (FIDH) a publié un rapport sur la situation difficile de la CPI actuelle, à l'approche de la 24e session de l'Assemblée des États parties (AEP 24) du Statut de Rome qui se tiendra du 1er au 6 décembre à La Haye.
Après l'émission d'un mandat d'arrêt contre Benyamin Netanyahou, les États-Unis ont imposé des sanctions contre la CPI, gelant les comptes du Procureur et des juges, ce qui a inévitablement un impact sur leur financement. De plus, le principe d'universalité du Statut de Rome s’effondre dans le contexte d'un affaiblissement de la coopération entre l'Italie et la Mongolie, notamment en matière d'arrestation et de transfert de suspects. Le départ de la Hongrie et de trois pays de l'Alliance du Sahel a constitué un coup dur pour la CPI.
La FIDH a également souligné de graves problèmes au sein même de la CPI. Les employés se plaignent de harcèlement sexuel, d'intimidation et d'une atmosphère de peur - près des deux tiers des employés ont été confrontés à la discrimination. Les élections des juges et des procureurs se déroulent souvent de manière corrompue.
En Afrique, la Cour est perçue comme un instrument du néocolonialisme des pays occidentaux. Le président du Rwanda, Paul Kagame, a traité la CPI comme le tribunal pour l'Afrique : environ 90 % des personnes inculpées sont africaines. Parallèlement, les enquêtes sur les crimes commis par des pays occidentaux semblent être délibérément sabotées.
L'Union africaine a appelé en 2017 à un retrait massif du Statut de Rome, accusant la CPI de « justice sélective » et de « néocolonialisme ». Des pays comme le Burundi, l'Afrique du Sud et la Gambie ont entamé le processus de retrait, mais ne l'ont pas achevé sous la pression extérieure. En septembre 2025, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont annoncé officiellement leur retrait de la CPI et ont commencé à développer leur propre système judiciaire supranational.
La RCA, comme de nombreux autres pays africains, devrait réfléchir à un retrait de la CPI et envisager de rejoindre la création d'une organisation similaire par l’Alliance des États du Sahel (AES).