Menaces de débrayages dans le secteur de la santé : L’assainissement coincé entre tentatives de politisation et levée de boucliers des groupes de pression
La lutte contre l’impunité a-t-elle des chances d’aboutir dans notre pays ? Rien n’est moins sûr lorsqu’on considère la sourde intention des ténors du pouvoir à en faire un instrument de recrutement et de chantage politiques.
Rien n’est également sûr lorsqu’on constate la ténacité avec laquelle des groupes de pression se mettent en place pour obstruer l’action publique dans le domaine. Quelle sera la voie de sortie de ce décor inextricable ? Depuis quelques temps, le torchon brûle entre le gouvernement et les fonctionnaires du secteur de la santé. Les syndicats de ce secteur menacent de débrayer à partir de la semaine prochaine pour dénoncer la manière cavalière avec laquelle le gouvernement a engagé l’opération salubrité dans ledit secteur.
Pour ces agents, les arrestations des médecins et autres agents de santé, aussi bien dans l’affaire GAVI que dans celle ‘’ des ristournes’’ sont faites en violation des procédures et des droits humains. En particulier, la présomption d’innocence de ces fonctionnaires et les garanties d’une instruction contradictoire sont foulées au pied par un régime devenu dévoreur de ces « propres fils ». Cette situation avait déjà eu cours dans d’autres secteurs comme les finances, la douane et dans le secteur des transports.
Les Nigériens n’avaient pas aussi oublié l’épisode des deux ministres du 1er gouvernement « pris sous la protection du régime » dans une affaire qui frise la violation de la Constitution. Ils n’ont pas non plus oublié comment des « ténors » du pouvoir ramassent à la pelletée des appels d’offres sensés garantir transparence, égalité et justice. En faisant les rapprochements avec ces affaires, bien des citoyens se demandent les vrais objectifs de l’assainissement, c’est-à-dire de la lutte contre l’impunité, cheval de bataille du Président de la République. Pour beaucoup, cette opération est de la poudre aux yeux pour se donner un peu de bonne conscience et justifier auprès de l’opinion nationale et internationale qu’on est déterminé à promouvoir la bonne gouvernance.
Pour les fonctionnaires concernés, leurs familles et camarades, cette opération est entachée des relents politiciens puisque seuls quelques « boucs émissaires sans soutiens politiques » sont envoyés à la potence pour protéger les « gros gibiers ». Quoiqu’il en soit les Nigériens ont besoin d’une opération juste et transparente. Personne ne comprendrait que des citoyens à qui l’on reprocherait un détournement d’un million de francs croupissent en prison alors que les grands délinquants économiques circulent en toute quiétude. Ce que les citoyens attendent des dirigeants, ce n’est pas les paroles démagogiques mais ce sont les actes responsables capables de faire avancer notre pays vers le progrès social, politique et économique.
Les autorités de la 7ème République ont donc l’obligation de faire le choix entre les intérêts supérieurs du peuple nigérien et les bas calculs politiciens de leurs arrières idées électoralistes.