Ceci ne vient pas de nous, c’est l’opposition, ARN, elle-même, qui l’a révélé à la presse lors de sa déclaration publique du 05 Mai 2013.
Devant les militants et sympathisants, devant Seïni Oumarou, Chef de file de l’opposition et Mahamane Ousmane, président de l’ARN, Garba Lompo a lu la déclaration qui contient ce paragraphe : « L’ARN a noté à Diffa déjà une haute autorité a affirmé qu’elle a indexé trois personnalités de la région et qu’il les avait à l’oeil ; ensuite à Niamey de hautes personnalités affirment que telle personnalité de la région de Diffa nous pose trop de problème ; il faut qu’on lui règle son compte. »
Plusieurs façons peuvent régler son compte à un homme. Allant d’une punition administrative, judiciaire, physique voire même la mort. L’Alliance pour la réconciliation nationale n’a pas dit davantage mais s’est plutôt montrée inquiète.
La suite de la déclaration est assez expressive à ce niveau : « Par conséquent, l’ARN tient pour seuls et uniques responsables les plus hautes autorités de la 7ème République de tout ce qui adviendra ! » s’alarme l’opposition politique. Dans le fond, l’expression « tient pour seuls et uniques responsables » n’a rien à avoir avec celle généralement utilisée par les syndicalistes pour appuyer leurs revendications. Si l’opposition politique cherche déjà des responsables de ce qui n’est pas encore arrivé, ne serait-ce pas parce qu’elle craint justement que quelque chose n’arrive ? Alors, au lieu d’attendre d’être devant le fait accompli elle tente d’attirer l’attention de l’opinion pour se protéger.
En tout cas, il est clair que ce ne sont pas les « hautes autorités de la 7ème République » que Mahamane Ousmane et les siens veulent informer. Il n’y a pas de doute, elle cherche un bouclier pour se protéger. Ce bouclier semble être l’opinion publique. En dépit du fait que l’ARN se soit voulue très vague, les journalistes qui à la déclaration ont constaté que c’est difficilement, très difficilement qu’elle a pu accoucher de cette déclaration dont la simplicité trahit la gravité. Convoquée à 16h, c’est seulement à 19h moins que le huis clos entre les responsables de l’ARN a pris fin. Les militants et sympathisants ont été gentiment évacués de la salle. Et c’est après près de 2 heures d’horloge de négociation qu’une déclaration fut finalement adoptée.
Il a fallu faire attendre la presse pour introduire les corrections apportées à la déclaration mère et au dernier moment. L’opposition, est-elle désorganisée au point de ne pouvoir s’accorder sur le contenu de ses sorties médiatiques avant d’inviter la presse à l’écouter ? Evidemment non ! Ce qui est sûr, la première déclaration a été validée, sans doute la veille c’està- dire, le 04 mai au plus tard mais des informations ou ententes de dernières heures ont dû nécessiter que la version finale soit revue. Pour comprendre un peu la délicatesse de la situation, il faut savoir que l’ancien président de la République Tandja Mamadou, également ancien président du MNSD-Nassara, principal parti de l’opposition est ressortissant de la région de Diffa.
D’autres militants importants du MNSD-Nassara tels que Foukori Ibrahim, Lamido Moumouni, Issa Lamine ancien ministre et député CDS sont aussi ressortissants de Diffa. Si l’on ajoute à cela, la tradition politique en Afrique qui consiste à toujours voir la main de l’opposition derrière tout ce qui met mal à l’aise le pouvoir, on comprendra alors que l’inquiétude de l’ARN n’est pas moindre. Autre chose qui dénote de l’inquiétude qui s’est emparée de l’opposition. Dans les 5ème et 6ème paragraphes de la déclaration, on peut lire ceci : « L’ARN condamne sévèrement le réflexe de la gâchette facile et la propension à la violence aveugle émanant de ceux qui ont pourtant le devoir régalien de protéger les citoyens et leurs biens.
S’il est admis que la récurrence des manifestations publiques est le signe d’une vitalité démocratique, la forme et le contenu anachronique des réponses à elles apportées par les autorités de la 7ème République dénotent encore une fois de plus leur amateurisme et leur propension à tout vouloir régler par le mensonge, la dictature et la violence. » En parlant de « gâchette facile », de « violence aveugle » de « dictature » et encore de « violence » (ce mot est utilisé 2 fois dans ces 2 paragraphes et 4 fois dans tout le texte). Nul besoin d’être un politologue pour comprendre que l’opposition a peur. Toute chose qui se justifie par les dossiers salles dont font l’objet de gros pontes de l’opposition à l’image des députés dont l’immunité est d’ores et déjà levée et qui peuvent être embarqués à tout moment.
Si nous sommes presque convaincus de la peur qui habite l’ARN cependant, nous ne savons pas si cette peur est une simulation pour tout juste mettre mal à l’aise le pouvoir ou est-ce qu’il s’agit d’une peur réelle et légitime qui fait suite à des menaces reçues mais qui ne peuvent être étalées sur la place publique ?