Cette dernière décade du mois de février 2014 aura été particulièrement marquée par la tenue de plusieurs manifestations culturelles dans notre pays. Le Festival de l’Aïr à Iférouan, la 2ème édition du Festival de la Concorde et de la Cohésion Sociale (FECCOS) à Illéla, la 6ème édition du Festival Shiriken d’Akoubounou (Abalak).
Ces trois manifestations culturelles ont un dénominateur commun: la cohésion sociale et la consolidation de la paix au Niger. Nos reporters étaient de la fête à Akoubounou et à Illéla. Dans leurs récits imagés, ils nous font découvrir un pan de la beauté de notre culture.
Sept ans après sa première édition qui a eu lieu en février 2007 à Akoubounou, à 25 kilomètres d’Abalak, le festival Shiriken s’affirme comme l’événement annuel majeur de cette région nord de Tahoua. C’est autour du chameau, animal central dans le milieu touareg, que le Shiriken ou festival du chameau est conçu. L’événement consiste ainsi en des compétitions avec des courses de chameaux, des concours de port de turban, de violons traditionnels, de danses traditionnelles, du plus beau chameau, de guitare moderne, de contes et poèmes… Cette manifestation, à la fois culturelle et sportive, résulte de la volonté des populations à valoriser les énormes potentialités socio-économiques, culturelles et touristiques qui représentent un important patrimoine pour cette zone du Niger appelée l’Azawagh.
La sixième édition, qui a eu lieu les 22 et 23 février, a connu une grande mobilisation, avec la participation des festivaliers venus de toutes les régions du Niger.
Dans une zone qui a connu deux rebellions armées au cours de ces deux dernières décennies, l’initiative d’une manifestation culturelle et sportive comme le Shiriken est une bonne opportunité. En effet, la création du festival Shiriken est l’expression de la volonté des populations locales des départements de Tchintabaraden et d’Abalak qui se sont engagées dans la mise en œuvre d'une dynamique d'autopromotion de développement durable à la base, de la culture de la paix, de la préservation des valeurs culturelles authentiques, et des valeurs humaines de solidarité et d'entraide. En tant que cadre de retrouvailles, de renforcement et de promotion de la paix, le Shiriken est encore plus que d’actualité.
En effet, au niveau des autorités nigériennes, la consolidation de la paix et de la démocratie et la promotion des valeurs culturelles et sportives nationales constituent des axes prioritaires de la stratégie nationale de développement. Et ces trois dernières années, l’Azawagh fait face à une insécurité alimentaire quasi chronique, exacerbée par les conséquences des crises libyenne et malienne, qui se sont traduites par un afflux massif de populations déplacées.
Une situation qui n’épargne pas les autres régions du pays. Sept ans après la première édition, le thème de cette édition de 2014 s’inscrit dans la même dynamique, car elle est placée sous le signe du ‘’renforcement des échanges culturels intercommunaux, de la culture de la paix et de la démocratie à la base pour un développement durable de la région nord Tahoua’’.
Aussi, pour les initiateurs du festival, cette rencontre doit servir de tremplin pour l’instauration durable d'un cadre d'échanges culturel et sportif, de partage des connaissances, de concertation sur les thèmes de développement local en général, et des thèmes d'actualité comme la paix en particulier; l’amélioration durable de l'exploitation des ressources touristiques selon une approche endogène et intégrée de développement; le renforcement à la base des capacités des populations pour la prévention et la gestion des crises.
Une dynamique que les autorités présentes à l’ouverture du festival ont saluée et encouragée. Le directeur de cabinet du ministère de l’Elevage, M. Alhousseini, qui présidait la cérémonie d’ouverture de la 6ème édition, ainsi que le gouverneur de la région de Tahoua, se sont réjouis d’être à Akoubounou pour cet événement qui célèbre la dynamique de la paix et valorise la tradition.
Mais c’est aussi une occasion qui est mise à profit pour fournir aux populations certains services comme la vaccination du cheptel. Les anciens acteurs des rébellions que le Niger a connues dans les années 1990, regroupés maintenant en une structure ‘’de cadres de la paix’’, ont profité du podium du Shiriken pour réaffirmer leur rôle d’agents de développement et de consolidation de la paix retrouvée. Leur rôle, ont-ils convenu, est plus que jamais important dans le contexte actuel où les pays voisins du Niger ont des problèmes de sécurité.
Une ambiance de fête et de compétition
Le Shiriken est avant tout un cadre festif. Pour la 6ème édition de ce festival qui gagne de plus en plus en renommée, la mobilisation et l’engouement étaient à la hauteur. Les chameliers de l’Azawagh, et même des contrées les plus lointaines, ont afflué à Akoubounou. C’est une colonne de chameliers qui a accueilli les autorités venues pour l’ouverture de cette 6ème édition du festival du chameau, à l’entrée d’Akoubounou. A pas de course, les chameliers ont guidé le cortège des véhicules jusqu’au lieu de la manifestation. A la devanture du siège de la commune rurale d’Akoubounou, l’ambiance était très festive. Des orchestres dont la renommée dépasse les limites de l’Azawagh et de l’Aïr servaient à profusion de la musique au public. La prestation d’une jeune fille touarègue jouant la guitare a été vivement applaudie par la foule enchantée par sa maitrise de l’instrument.
Il y avait aussi la fantasia des chameaux, animaux autour desquels est conçu le festival. Les chameliers, arborant le drapeau national, ont défilé avec sur des chameaux richement harnachés. ‘’Une expression du sentiment de fierté d’être Nigérien’’, a expliqué le vice-maire de la commune rurale de Akoubounou qui faisait office de maitre de cérémonie.
Ce spectacle, dont le clou été le salut aux officiels exécuté par un chameau spécialement dressé, a été vivement apprécié par le public à travers des cris joie.
Le programme du festival fut très riche et varié. A la cérémonie d’ouverture, dans l’après-midi du 22 février, il y avait au menu la fantasia de chameaux, la course de chevaux, de la musique avec démonstration de la maitrise de la guitare moderne, des chants traditionnels. Les compétitions ont commencé la nuit avec les concours de port de turban, de violons traditionnels, de danses traditionnelles, du plus beau chameau, de guitare moderne, de contes et poèmes. Les compétitions et la fête ont continué le deuxième jour avec la course de chameaux, l’animation avec de la musique moderne, avant la remise des prix.