Le chef de file de l’opposition face à la presse sur le bilan de deux ans du président Issoufou Mahamadou "Le " Gurigate " est un danger potentiel pour notre pays et la démocratie"Déclare Elh Seïni Oumarou.
Le " Gurigate " est un danger potentiel pour notre pays et la démocratie, parce que porteur de facteurs d’instabilité politique et institutionnelle. Et le seul responsable c’est vous Monsieur le Président de la République et vos complices de fortune.
Il est temps de changer de boussole, car à l’analyse de ses orientations, la vôtre semble perdre le Nord, d’où cette menace permanente sur le porteur et le pays. Il est temps de gouverner autrement et c’est possible..... Mesdames et Messieurs, Il vous souviendra que le Président de la République s’est adressé à la nation, le 6 avril 2013, à l’occasion du deuxième anniversaire de son investiture. Au cours de cette adresse à la Nation, le Premier Magistrat de notre pays a dressé un bilan très élogieux de ses deux ans de gestion du pouvoir d’État, dans les domaines de la gouvernance politique et institutionnelle, de la gouvernance économique et financière, ainsi que sur le plan de la gouvernance sociale.
C’est en réaction à ce bilan dressé par le Président de la République, et ce, en ma qualité de Chef de file de l’opposition, que se tient aujourd’hui ce face à face avec la presse. C’est dire que l’option est désormais prise de recourir à de telles pratiques. C’est ce qui explique du reste, nos sorties médiatiques à l’occasion des cent(100) jours et de l’An I du régime de la septième République. En effet, l’opposition doit veiller à ce que les actes posés, au nom du peuple, reflètent non seulement, les aspirations légitimes de ce dernier, mais également et surtout, qu’ils respectent les normes de la bonne gouvernance, gage de tout développement économique et social.
C’est pourquoi, fort de la vaste implantation des partis politiques membres de l’Alliance pour la Réconciliation Nationale (ARN) dans toutes les contrées de notre pays, fort de la compétence de leurs militantes et militants et de leur grande audience auprès des populations, nous avons pu procéder aisément à la vérification sur le terrain des actions dites réalisées et annoncées à grand bruit par les autorités de la 7ème République. Ainsi donc, aucun sujet abordé par le Président de la République au cours de son message à la Nation, n’échappera à notre analyse, pour mieux éclairer l’opinion publique nationale et internationale sur la marche de notre pays et partant, sur la vitalité de sa démocratie.
C’est encore pourquoi, je passerai au peigne fin les résultats énoncés par le Premier Magistrat du pays dans les secteurs de l’éducation, de la santé, de la lutte contre le chômage, de l’agriculture, de l’hydraulique, des infrastructures routières, de l’exploitation pétrolière et minière. Avant de procéder à l’analyse secteur par secteur, il est de mon devoir de préciser, que dans le souci de pouvoir disposer de compléments d’information sur les chiffres avancés par le Président de la République, j’ai personnellement adressé des correspondances en date du 15 avril 2013, aux ministres en charge de l’Agriculture, de l’Education Nationale, de la Fonction publique, des Finances, de l’Hydraulique et de l’Environnement.
De même, j’ai adressé des requêtes au Haut Commissaire à l’Initiative 3N, au Directeur Général de l’Agence Nigérienne pour la Promotion de l’Emploi(ANPE) ainsi qu’à l’ensemble des huit (8) gouverneurs, et ce, conformément à l’esprit de l’Ordonnance du 23 février 2011, réglementant l’accès à l’information publique et aux documents administratifs. A l’heure où je vous parle, nous n’avons enregistré que la réaction du ministre en charge de l’Agriculture. Je saisis donc cette occasion pour lui transmettre mes félicitations pour la célérité avec laquelle il a donné suite à ma requête. Le silence observé par ces différents responsables, en violation des dispositions de l’Ordonnance de 2011, illustre bien l’embarras évident que mes différentes correspondances ont pu susciter au sein du gouvernement et vous allez comprendre les raisons de leur refus catégorique, et ce, à travers l’analyse des résultats du bilan dressé par le Président de la République.
Mesdames et Messieurs, Dans le domaine de l’éducation, le Président de la République dit avoir réalisé en deux ans, 3207 classes. Quand on soustrait les 2800 classes prétendues réalisées l’année passée, chiffre que j’ai d’ailleurs ouvertement récusé à l’époque, cette année, ce sont seulement 407 classes qui ont pu être réalisées, au lieu des 2500 salles de classes prévues chaque année par le programme de la renaissance. Même si on concède l’effectivité de ces réalisations au Président de la République, on obtient un taux de réalisation de 16,28%. Or, selon nos propres investigations, il ressort clairement que les chiffres avancés par le Président de la République sont erronés. Pour preuve, les vérifications sur le terrain indiquent un total de 2.833 salles de classes dont bon nombre sont toujours en cours de réalisation, au lieu des 3.207 classes annoncées par le Président de la République, soit une différence de 374 salles de classes.
En déduisant les 2.800 classes que le Président de la République dit avoir réalisé en 2011 des 2.853 classes effectivement réalisées en deux ans, on obtient 53 classes réalisées sur les 3.000 prévues dans le budget 2012, soit un taux de réalisation de 2,12%. Voilà ce qui justifie la prise en compte par le Président de la République des réalisations en cours, car vous en conviendrez avec moi, cette année, tout comme l’année précédente, la moisson a été maigre en construction de classes, comme l’a d’ailleurs clairement affirmé le Ministre en charge des finances lors de son audition à la Commission des finances de l’Assemblée Nationale ; une audition au cours de laquelle il déclarait ouvertement que dans la situation actuelle, il n’est pas possible de réaliser plus de 500 classes par an.
Mesdames et Messieurs, Rappelez-vous, qu’en réaction au bilan de l’an passé, je soutenais fermement que les autorités de la 7ème République n’ont pas réalisé 2800 classes, mais seulement 500 salles de classes dont 314 classes construites sur un financement de la banque Mondiale acquis en 2008. J’affirmais à cette époque, que les autres classes étaient en cours de réalisation. C’est dire que les 2.853 classes dites réalisées en 2012 sont celles en cours de construction depuis 2011 et réceptionnables en 2012-2013. A titre illustratif, nos investigations nous ont permis de découvrir ici aux portes de Niamey, dans la commune rurale de Karma précisément, que sur les 22 classes comptabilisées dans les réalisations de 2011, seules 4 classes sont officiellement réceptionnées, et ce, en 2013. Cet exemple est assez illustratif pour l’ensemble des communes du Niger.
Il y a lieu de rappeler qu’à la date du 7 avril 2013, ce sont 5.000 salles de classes qui devraient être construites, réceptionnées et opérationnelles en deux ans d’exercice, au lieu de 3207 annoncées par le Président de la République dans son message à la nation. Mesdames et Messieurs, En parcourant les huit(8) points majeurs du Programme de la renaissance du Président de la République, l’on remarquera qu’il a promis de consacrer au profit de l’Education, plus de 1.500 milliards de FCFA sur l’ensemble de son mandat, soit 300 milliards par an et donc 600 milliards sur les deux ans. Or, à la date d’aujourd’hui, en se basant sur les dépenses par axe de la Déclaration de Politique Générale, 183 milliards ont été consacrés à l’éducation, soit 12,17 % de l’enveloppe totale prévue dans ce secteur.
C’est ce que le Président de la République devrait dire au peuple nigérien, tout en indiquant les raisons de cette contre performance notoire. On comprend dès lors, pourquoi l’école gratuite et obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans est restée au stade de slogan électoraliste. Dans le domaine de la santé, le Président de la République ne s’est pas hasardé à avancer des chiffres. Il s’est contenté par contre d’énoncer des réalisations abstraites, telles que la mise à niveau des équipements, le recrutement d’un nombre important de médecins et d’infirmiers, la poursuite de la gratuité des soins et la construction d’infrastructures. A l’analyse, est-ce à dire, qu’aucune infrastructure sanitaire n’a vu le jour pendant les deux ans de gestion ? On comprend dès lors les efforts déployés pour équiper les Centres de Santé, construits notamment sous la Cinquième République.
S’agissant à présent du recrutement d’un nombre important de médecins et d’infirmiers auquel faisait allusion le Chef de l’État, il vous souviendra à ce sujet, que ce sont 1.530 agents de santé qui ont été recrutés l’année passée, parmi lesquels des médecins, des infirmiers et des sages femmes. Le rapport sur le bilan du gouvernement évoque un chiffre de 2.912 agents permanents recrutés dans le secteur de la santé au cours des deux ans. En faisant la différence entre ces deux chiffres, il apparaît clairement que le nombre de recrutés dans ce secteur au titre de l’année 2012 est de 1.382. Or, nos investigations font état de 647 recrutés au titre de l’année 2012. Il s’agit essentiellement des contractuels de la santé, recrutés à la fonction publique, soit une différence de 735 par rapport aux chiffres annoncés dans le bilan de l’AN 2 de la Renaissance.
Pourquoi donc une telle opacité de la part du gouvernement autour du recrutement des agents de la santé ? Par ailleurs, le programme de la renaissance a prévu d’investir, dans ce secteur prioritaire, plus de 600 milliards sur l’ensemble de son mandat. Or, à la date d’aujourd’hui, en se basant là aussi sur les exécutions financières, c’est seulement un montant d’environ 94 milliards qui ont été investis en deux ans de gestion du pouvoir d’État dans ledit secteur, au lieu de 240 milliards de FCFA, soit 15,66 % de l’enveloppe totale prévue. Les chiffres parlent d’eux-mêmes et expliquent à suffisance les raisons pour lesquelles, le Président de la République a préféré faire usage de la langue de bois au lieu de dire les choses telles qu’elles se présentent dans ce secteur.
Nous savons par ailleurs, que les cases de santé du programme spécial du Président Tandja Mamadou ont été transformées en CSI du programme de la renaissance, par ceux là même qui disaient à une époque récente, que ces infrastructures construites sous la 5ème République ne servaient que de refuges aux ânes. Nous sommes donc heureux de constater que cette position irresponsable a radicalement changé. De même, il est inconcevable que la politique de la gratuité des soins initiée pendant la 5ème République au profit des couches les plus vulnérables des populations nigériennes soit menacée de nos jours, eu égard aux importants arriérés dus par l’Etat aux différentes formations sanitaires.......
Dans le domaine de l’Agriculture, le Président de la République affirme péremptoirement que le gouvernement a pu gagner le pari dans ce secteur, grâce notamment à un investissement de plus de 155 milliards de FCFA, à la réhabilitation d’environ 1.500 ha d’aménagements hydro-agricoles, à l’aménagement de 2.000 ha environ pour la grande irrigation et à l’aménagement de plus de 12.000 ha de nouvelles superficies pour la petite irrigation. Rappelez-vous qu’en matière de sécurité alimentaire, il ressort de l’intervention du Chef de l’État au cours de son point de presse du 6 avril 2012, que le volet cultures irriguées du programme d’urgence qu’il a initiées aura permis d’aménager 95.000 ha et de résorber le déficit céréalier à hauteur de 91% en un an de gestion.
Or, en totalisant le nombre de superficies réhabilitées et aménagées en deux ans d’exercice, à partir des chiffres qu’il a avancés lui-même dans son bilan du 6 avril 2013, nous parvenons à une superficie totale de 15.500 ha, soit une différence, tenez-vous bien, de 79.500 ha en moins. Que dire devant cette confusion des chiffres qui nous plonge délibérément au coeur d’un système de gestion du pouvoir d’État basé, malheureusement sur l’amateurisme et le mensonge d’État, qui sont en passe de devenir une catastrophe nationale. Une fois de plus, le chef de l’Etat vient à son corps défendant de nous donner raison, lorsque l’année passée, nous contestions ses 95.000 ha aménagés en une année de gestion.
Il reconnait enfin que ses chiffres de 2011 étaient tout simplement invraisemblables, erronés, donc contraires à la réalité. Notre analyse vient d’être confirmée par la réponse donnée à ma requête par le Ministre en charge de l’Agriculture. En effet, en analysant les chiffres qu’il nous a communiqués, ce sont 14.738 ha (tous types d’aménagement confondus) et non les 15.500 ha avancés par le Président de la République qui avaient été aménagés en deux ans.
En outre, le Président de la République dit avoir investi en deux ans, plus de 155 milliards de FCFA dans les activités agricoles. Si cet important investissement s’avère vrai, les citoyens nigériens allaient le sentir dans leurs assiettes. Or, je sais que vous êtes nombreux, mes chers compatriotes, à souffrir dangereusement de la vertigineuse flambée des prix des produits de première nécessité. En effet, à titre illustratif, il est ressorti dans le bulletin mensuel n°03/13 du SIMA du mois de mars 2013, que : " par rapport à la moyenne des cinq (5) dernières années (2008-2012), les prix de toutes les céréales sont en hausse : +29% pour le mil, +22% pour le sorgho, +14% pour le maïs, +6% pour le riz importé …" Devant une telle situation, peut-on réellement parler de maitrise de l’inflation ? Peut-on également parler de prévention et de gestion des crises alimentaires, tant galvaudées par le Président de la République qui estime avoir porté le niveau du stock de sécurité à plus de 174.000 tonnes ?
En réalité, l’ensemble des stocks de l’OPVN n’atteint guère 60.000 tonnes à la date où je vous parle. C’est pourquoi, vous constatez que des opérations d’achat de céréales sont en cours. Ces achats tardifs, puisqu’ils devaient être faits à la fin des récoltes entre septembre et novembre, auront pour conséquences certaines de faire flamber davantage les prix sur le marché et de toucher le stock paysan. Cette gestion aventurière du dispositif de sécurité alimentaire et ce n’est un secret pour personne a mis au rouge les comptes de l’OPVN au niveau des institutions bancaires, nous ramenant ainsi à la situation de 1999. Et pourtant, les autorités actuelles savaient qu’avant le coup d’Etat de février 2010, la situation de l’OPVN était assainie et ses comptes créditeurs.
Cette situation alarmante de l’OPVN imposera sans nul doute aux nigériens une longue et pénible période de soudure. Mesdames et Messieurs, Dans le domaine de l’emploi, comme vous le savez, ce secteur constitue un des points forts des engagements du Président de la République. Les résultats obtenus dans ce secteur restent cependant en deçà des promesses faites par le Président de la République à la jeunesse nigérienne. Ce qui justifie le mutisme observé par la ministre de la fonction publique par rapport à ma requête. De même, je comprends pourquoi l’actuel Directeur Général de l’ANPE n’a pas daigné répondre à ma requête, comme le lui commandait pourtant l’Ordonnance du 23 février 2011, réglementant l’accès à l’information publique et aux documents administratifs.
Il craint peut être de connaître le même sort que son prédécesseur qui a été purement et simplement limogé pour avoir répondu à ma requête de l’année dernière, en application de ladite réglementation. Comme vous le savez, le programme politique du Président de la République a tablé sur la création de 50.000 emplois permanents par an. Il crève alors le plafond en annonçant qu’au bout de deux années de gestion du pouvoir, comme par baguette magique, le chiffre mirobolant de 251.000 emplois dont plus de 52.000 emplois permanents. A la lumière du bilan dressé par le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, le 14 avril 2013 à Dosso, devant les Partenaires Techniques et Financiers, il ressort qu’en 2011, il y a eu la création de 12.949 emplois permanents dans le public et 10.696 dans le privé, soit un total de 23.645 emplois permanents sur les 50.000 promis.
En 2012, selon le Chef du Gouvernement, 16.600 emplois permanents ont été créés dans le public et 11.335 dans le privé, soit un total de 27.935. Il ressort des chiffres avancés par le Premier Ministre, que ce sont 51.580 emplois permanents qui ont été créés en deux ans sur les 100.000 promis. C’est dire que le Président de la République reste devoir à la jeunesse nigérienne 48.420 emplois permanents sur les deux années de gestion, pour pouvoir tenir la promesse qu’il lui avait faite. En vérité, même le nombre de 51.850 emplois permanents dits créés ces deux dernières années ne semble pas fondé. Nous en voulons pour preuve, le nombre d’emplois permanents créés dans le secteur de l’Education tous niveaux confondus.
Le bilan des deux ans fait ressortir un total de 13.651 emplois permanents. Or, nous savons qu’en 2011, sur une prévision de 3.900 recrutements, 3.840 contractuels ont été effectivement recrutés dont 2.500 au Ministère en charge de l’Education Nationale, 900 au Ministère en charge des Enseignements Moyen et Supérieur et 440 au Ministère de la Formation Professionnelle. En 2012, sur une prévision de 2.500, Pour mieux cerner les raisons du gonflement des chiffres à ce niveau, c’est au programme de la renaissance qu’il faut se référer. En effet, le Président de la République, rappelez-vous, s’était engagé à réaliser 2.000 points d’eau chaque année. C’est naturellement pour se rapprocher davantage de ces promesses électoralistes qu’il faut donc à dessein manipuler les chiffres.
Dans le domaine des infrastructures routières, quel bilan peut-on tirer après deux ans de gestion en matière d’infrastructures routières ? A la lecture du bilan du Président de la République, 2.480 ont été effectivement recrutés dont 1.900 au Ministère en charge de l’Education Nationale, 500 au Ministère en charge des Enseignements Moyen et Supérieur et 80 au Ministère de la Formation Professionnelle, soit un total de 6.320 en deux ans (2011-2012).En ajoutant les 22 enseignants chercheurs et les 48 agents administratifs recrutés à l’Université de Tahoua, on a 6.390 enseignants permanents recrutés en deux ans. C’est dire qu’en termes clairs, le nombre de 13.651 recrutés dans le seul secteur de l’Education annoncé dans le bilan de l’An 2 ne repose sur aucune réalité.
Dans le domaine de l’hydraulique, le Président de la République affirme avoir réalisé en deux ans 4.264 équivalents points d’eau modernes en matière d’ouvrages hydrauliques et réhabilité 1.682 points d’eau. Nos investigations révèlent que l’ensemble des réalisations en matière d’ouvrages hydrauliques s’élève à un total de 798 sur les deux ans au lieu de 4.264 annoncés par le Président de la République, soit une différence de 3.466. Si on soustrait du total des réalisations sur les deux ans celles de 2011 qui étaient selon nos investigations de 235 équivalents points d’eau modernes, on remarque qu’en 2012, les autorités actuelles n’ont en réalité réalisé que 563 points d’eau modernes. Par ailleurs, contrairement aux allégations du Président de la République, ce ne sont pas 1.682 points d’eau qui ont été réhabilités sur les deux ans, mais c’est bel et bien 399 qui ont été réhabilités, soit une différence de 1.283. deux constats majeurs s’imposent.
Le premier constat, c’est que tout est en cours en matière d’infrastructures routières. Ce qui justifie d’ailleurs la pose effrénée de premières pierres, alors que des dossiers relatifs à certains marchés de bitumage de routes n’ont pas encore reçu l’agrément des services compétents en la matière : cas de la route Maradi- Madarounfa-Frontière du Nigéria ou celle de Goudel-Tondibiah. Ainsi, en termes de réalisations routières, le Président de la République nous maintient dans un flou artistique, en cumulant les routes réalisées, celles en cours de réalisation, celles dont les dossiers sont en avis d’appel d’offre et celles dont les études de faisabilité n’ont même pas démarré. En réalité, les routes dont les bitumages sont terminés sont les suivantes: ¢ Tibiri-Dakoro (115 kms) dont les travaux ont démarré sous la 5ème République ; ¢ Niamey-Namaro-Farié (67 kms) dont les travaux ont démarré sous la transition ; ¢ Les voies d’accès du 2ème pont de Niamey (2,8 kms) financement obtenu sous la 5ème République ;
¢ Le tronçon Est-ouest à Niamey, long d’une dizaine de kilomètres commencé sous la transition. Seules quelques déviations en routes bitumées dont la qualité reste à désirer, réalisées à grands frais dans le cadre de Niamey-Nyala, peuvent être mises à l’actif des autorités actuelles. S’agissant des routes rurales, la même confusion est savamment entretenue. Le Président de la République nous parle de 800 kms de routes rurales qui sont, soit terminées, soit au stade d’appel d’offre ou en cours d’études. En réalité, sur les 800 kms, seuls 198,85 kms sont terminés et concernent notamment Kollo- Kirtachi et Kellé-Gouré. Le deuxième constat est relatif à l’efficacité de la dépense, gage de bonne gouvernance. La caractéristique principale des marchés des routes adjugées sous la 7ème république est l’extrême cherté du kilomètre de route bitumée.
A titre illustratif, alors que la route Niamey-Ouallam, longue de 100 kms a coûté 15 milliards sous la 5ème République, malgré les nombreux ouvrages d’art qui caractérisent le tronçon, la route Niamey-Tondibiah, longue de 17 kms va coûter 24 milliards aux contribuables nigériens. Fait remarquable dans ce marché, c’est la différence de 5 milliards entre le moins disant et celui qui a obtenu le marché. Les marchés de ces routes font pratiquement tous l’objet d’avenants dépassant quelques fois les normes en la matière. Ainsi, nous avons découvert un avenant de 6 milliards que va coûter le raccordement de la bretelle d’accès du 2ème pont (au niveau du rond point Harobanda) au péage de la route de Torodi, longue de cinq (5) kms. C’est dire là aussi que la moisson a été maigre par rapport aux engagements pris en deux ans d’exercice du pouvoir d’État.
C’est dire également que le peuple nigérien est prêt à faire preuve d’indulgence, en concédant aux tenants du pouvoir actuel certaines réalisations de la 5ème République, et ce, au nom de la continuité de l’État.
Cependant, il y a lieu de relever que le kilomètre de route bitumée est payé par les autorités actuelles à plus d’un milliard de FCFA, alors que sous la précédente République, il tournait autour de 350 millions de FCFA. Et cela est bien connu des Partenaires Techniques et Financiers qui accompagnaient nos actions de développement. C’est pourquoi, il est difficile de comprendre l’accord de non objection que ces derniers octroient lorsque, dans ces conditions, la route bitumée est réalisée sur financement extérieur. Dans le domaine de l’exploitation pétrolière, le Président de la République déclare, entre autres, que ladite exploitation a généré 94 milliards de FCFA. C’est fort de cette déclaration, que j’ai adressé une correspondance au ministre des finances pour m’indiquer la quote-part allouée aux domaines prioritaires cités par la Constitution.
Le mur de silence qui s’est formé autour de ma requête adressée au ministre des finances vient une de fois de plus conforter l’idée que le peuple nigérien se fait de la gouvernance actuelle. Une gouvernance caractérisée notamment par des violations d’ordre institutionnel et des violations portant atteinte aux intérêts économiques du pays. Le fameux contrat secret avec Aréva signé par le Directeur de cabinet du Président de la République est également un exemple édifiant. Au demeurant, la signature de ce contrat constitue une violation de la Constitution, en son article 150 qui stipule " les contrats de prospection et d’exploitation des ressources naturelles et du sous-sol, ainsi que les revenus versés à l’Etat, désagrégés société par société, sont intégralement publiés au journal officiel de la République du Niger ".
Mesdames et Messieurs, J’aurai voulu que le bilan dressé par le Président de la République, corrobore la réalité sur le terrain, car c’est le Niger qui y gagnerait. Mais cette année comme l’année passée, le Chef de l’Etat s’est cru en campagne, donc en quête d’une notoriété interne et externe. C’est pourquoi il a entrepris cette année, une véritable mise en scène, allant des publireportages, en passant par des encarts dans les colonnes de la presse écrite et l’explication de texte du Premier ministre sur le bilan aux leaders des partis membres de la MRN, sans oublier de conclure la messe avec une conférence tenue à Dosso ; une conférence qui a regroupé autour du Chef du gouvernement, les cadres ainsi que les Partenaires Techniques et Financiers.
Si les cadres sont obligés d’entériner le faux bilan, les partenaires au développement connaissent parfaitement la réalité du terrain et celle des chiffres. Le 6 avril 2013, le Président de la République entre donc en scène, non pas en tant que père de la Nation, porteur de projets et d’espérance, mais dans le cadre d’un " Etat-spectacle " comme un marchand d’illusions, c’est-à-dire en tant que leader qu’il faut adorer même à travers des faux bilans. Il ne se contente plus de convaincre, mais de plaire et de séduire. C’est pourquoi, cette année, il a abandonné la conférence de presse au profit qu’une communication monologue. En choisissant cette méthode de communication sur son bilan, cela veut dire que le Président de la République garde un affreux souvenir de sa conférence de presse d’avril 2012, à cause notamment de la pertinence de la contradiction apportée par les journalistes.
L’expérience de la conférence de presse n’a pas en effet répondu aux résultats escomptés en matière de culte de la personnalité. Mesdames et Messieurs Comme tous les nigériens, j’ai été peiné de constater l’insouciance du régime en place face à la situation de chaos, voire de déliquescence économique, sociale et politique qui semble s’instaurer dans notre pays en deux ans de gestion. Comme tous les nigériens, j’ai été tout aussi scandalisé par la navigation à vue des autorités de la 7ème République en matière de conduite des affaires publiques; une navigation à vue matérialisée par une appréciation divergente de leur bilan. En effet, les Gouverneurs, le Premier Ministre et le Président de la République, ont présenté au peuple nigérien des chiffres contradictoires pour les mêmes réalisations. C’est la preuve que ceux qui président aux destinées de notre pays, rivalisent d’amateurisme.
Mesdames et Messieurs, Au delà de l’analyse du bilan que je viens de faire, force est de constater que le régime actuel paie le prix amer du déficit de légitimité des institutions issues des élections générales, eu égard au rejet de 56% des listes aux élections législatives des grandes formations politiques membres de l’ARN, privées ainsi délibérément de compétition dans plusieurs régions de notre pays. Pour les complices d’une telle forfaiture, le respect de la loi et des aspirations du peuple ne constituent plus une préoccupation. C’est ce qui justifie du reste les nombreuses violations de la Constitution, les multiples modifications sur mesure des lois et règlements de la République ainsi que le refus de respecter les décisions de justice.
Par ailleurs, devant l’incapacité de respecter les engagements démesurés du programme de la renaissance, les Autorités actuelles ont érigé le mensonge en mode de gouvernance. Pour mieux accomplir leur forfaiture, elles purgent l’Administration de cadres compétents, en privilégiant l’exclusion qui constitue le pilier fondamental sur lequel repose la gouvernance des Autorités de la 7ème République. Mesdames et Messieurs, Nous sommes en face d’un pouvoir dont les tenants défient obstinément le peuple nigérien; un pouvoir dont les Autorités sont pour la plupart atteintes de cataracte politique, au point de se suborner ellesmêmes, en croyant illusionner le peuple nigérien, à travers de faux bilans de gestion; un pouvoir dont les gouvernants se plaisent dans la mauvaise gestion et les scandales politico-financiers, donnant ainsi naissance au " Gurigate ".
Comment donc observer le silence devant ce péril majeur pour la démocratie et la République ? En effet, le " Gurigate " est un danger potentiel pour notre pays et la démocratie, parce que porteur de facteurs d’instabilité politique et institutionnelle. Et le seul responsable c’est vous Monsieur le Président de la République et vos complices de fortune. Il est temps de changer de boussole, car à l’analyse de ses orientations, la vôtre semble perdre le Nord, d’où cette menace permanente sur le porteur et le pays. Il est temps de gouverner autrement et c’est possible.