Mahamane Ousmane était méconnaissable à sa dernière sortie devant les militants et les responsables de l’opposition politique ARDR au siège de son parti, le dimanche 23 février 2014. Il avait rougi ce jour là et se tordait les larynx pour s’en prendre vertement au Président de la République Monsieur Mahamadou Issoufou par rapport à la crise qui secoue la CDS Rahama.
Dans son factum, il n’a point évoqué le nom de ses adversaires, conduits par Abdou Labo et les six autres vice-présidents régionaux qui lui rabattent le caquet depuis les dernières élections de l’année 2010, préferant se focaliser sur la personne de Mahamadou Issoufou. Mahamane Ousmane a roupesté durement avec une série de questions en l’air sur la démocratie, la constitution au Niger et même la jungle avant d’interpeller le Président de la République et son Premier Ministre sur le respect des lois dans notre pays. Le public lui, était resté pantois et interloqué face à cette réaction surprenante d’un Mahamane Ousmane qui confond exprès ses cibles en cherchant maladroitement l’origine de ses ennuis, ailleurs à mille lieues de sa propre personne. On lui reconnait certes la haine permanente qu’il développe vis à vis de Mahamadou Issoufou dépuis sa chute de son fauteuil de Président de la Republique en 1996, mais de là, à comprendre qu’il associe les noms du président et du premier ministre à la crise de son parti, de surcroit une crise manifestement créée et entretenue par ses propres soins, il y a queqlque chose d’assez absurde. Ne l’accuse-t-on pas du reste d’avoir fait ce pernicieux jeu depuis la création de son parti si bien qu’il a poussé des militants et responsables de première heure à la démission pour d’autres cieux ?
Relativement à ses rapports avec le PNDS, Mahamane Ousmane les a maintes fois dribblé aux moments cruciaux, en violant souvent des engagements pris sur l’honneur, simplement pour barrer la route du palais présidentiel à Issoufou Mahamadou. Il semble qu’il a fait le serment de se venger. Après la victoire de Mahamadou Issoufou, il a improvisé un voyage hors du pays pour éviter l’épreuve d’assister à l’investiture du nouveau Président de la République. Mais Isssoufou Mahamadou semble avoir enfin compris que son allié de l’AFC est devenu son adversaire numero un.
Mahamane Ousmane dans l’isolement
Depuis la veille des élections de l’année 2011 six vice-présidents régionaux et 91 membres du bureau politique se sont désolidarisés de Mahamane Ousmane pour apporter leur soutien au candidat du PNDS-Tarayya, conformément aux accords signés par leur parti. Ce fut ainsi le début d’un bras de fer avec le président du parti qui ne pouvait pas supporter une quelconque discordance dans sa gestion patrimoniale du parti. Ce fut aussi le début d’un long feuilleton judiciaire qui vient de connaître son épilogue après quinze rounds devant les tribunaux. Malgré les défaites alignées par le clan Mahamane Ousmane, ce dernier a persisté dans sa logique jusqu’à épuisement de toute voie de recours. Même dans sa requête en rétractation, la Cour d’Appel a rejeté son recours qui était sans objet. Par baroud d’honneur, son Conseil annonçait qu’il portera l’affaire devant la Cour de la CEDEAO. Mais déjà au niveau de l’opinion, on a compris que Mahamane Ousmane et son avocat ont fini de courir pour se résoudre à la triste réalité de leur échec, la cause étant définitivement perdue. Mahamane Ousmane aura ainsi fait supporter une épreuve inutile à son parti durant trois bonnes années. Il a rejeté tous les appels à la réconciliation et de retrouvailles.
Le dernier en date, émanant d’un comité paritaire composé des membres de son camp et de ceux de ses adversaires recommandant dans une déclaration consensuelle la réunification du parti avec la convocation d’un congrès régulier pour applanir les divergences en mettant en place un bureau politique national légalement élu a mis en boule Mahamane Ousmane qui s’est livré à un show médiatique ridicule et sans objet. Le lendemain la Cour suprême lui coupera l’herbe aux pieds avec le rejet systématique de sa requête en rétractation.
La convocation d’un congrès devient de fait obligatoire pour le parti CDS qui n’a plus de structure régulière aujourd’hui avec l’expiration du mandat du bureau politique issu du congrès de Maradi depuis plus de 6 mois. Le Ministère de l’intérieur a déjà donné injonction au président du parti sur la nécessité de renouveler le parti au risque de se faire suspendre conformément à la charte des partis politiques. Fort de ce dernier arrêt de la Cour d’Appel, le clan de Abdou Labo a sorti un communiqué pour demander à Mahamane Ousmane de ne plus parler au nom du parti de façon unilatérale, sans requérir le mandat du bureau politique national.
Dans tous les cas, il n’y a pas que dans le clan de Abdou Labo que les responsables du parti ne sont pas d’accord avec la gestion désastreuse de Mahamane Ousmane et de son attitude qui ruine le parti. Dans les deux camps, l’unanimité est faite sur l’urgence de convoquer un congrès pour recoller les morceaux. Trois options s’offrent désormais au bureau politique de la CDS pour aller vers ses assises : le juge de référé peut mettre en place un comité paritaire pour l’organisation du congrès, le ministre de l’intérieur également peut faire la même chose ou bien la délégation nationale peut réunir le bureau politique national à cet effet, conformément aux textes du parti. Alors la balle est dans le camp de Mahamane Ousmane.