Depuis l’avènement du Gouvernement Birgi 2, le contexte politique du pays est caractérisé, comme tout le monde le sait, par une extrême volatilité. Les hommes politiques dans leur globalité sont en train de tirer le pays vers le bas. Les débauchages, pour ne pas dire la corruption politique, donnent lieu à des défections qui engendrent meetings et déclarations de soutien ou d’adhésion.
Les leaders d’opposition, en panne d’idées, notamment sur le « dossier AREVA » où ils étaient attendus, et submergés par l’avalanche rose, ne trouvent mieux que de distiller des discours aux relents identitaires qui ont le mérite d’effaroucher et de remonter « les ultras du Gurisme » et mettre ainsi, le pouvoir dans tous ses états. Désormais, chaque jour qui passe, survient avec une révélation, un évènement ou un fait nouveau qui enfonce le pays un peu plus dans la « névrose politique ».
L’un des derniers évènements en date, est cette affaire de tirs sur la résidence du président de l’Assemblée Nationale, désormais « opposant N°1 » au régime en place. Au-delà des interrogations que les partisans des uns et des autres se posent légitimement, tous reconnaissent cependant que cette « attaque », réelle ou simulée, de la résidence de Hama Amadou, alors que celui-ci était en déplacement à Téhéran, ne vise qu’à provoquer l’étincelle capable d’embraser le pays. Questions : Qui est ce tireur embusqué? Qui est embusqué derrière le tireur embusqué ? A qui profite le crime, a-t-on coutume de demander ? C’est désormais à la « Justice Nigérienne » de répondre à ces questions cardinales. Les nigériens sont franchement inquiets de ce que font les politiciens de leur pays. Aujourd’hui, leur dernier rempart contre les dérives politiciennes, ce ne sont plus les militaires, comme ce fut le cas, hier et avant-hier, mais « la Justice avec grand J ». Et naturellement, tous les regards sont tournés vers elle. Un signe qui prouve qu’elle a la « confiance du peuple » de son côté.
Reste maintenant à davantage mériter cette confiance. Depuis les hauts faits de Madame Bazèye de la Cour Constitutionnelle, les nigériens croient à la Justice Nigérienne. Ils savent que dans leur pays, il ya des juges qui sont capables de se concentrer sur le Droit et le droit chemin, des juges capables de résister à la corruption, des juges capables d’arrêter les abus d’où qu’ils viennent, au nom de la Justice Sociale qu’ils ont juré d’accomplir. Et ces Juges là ont marqué deux points importants ces derniers temps. Ils ont annulé l’arrêt du ministre de l’intérieur interdisant à la seule opposition de marcher. Ils viennent de « donner raison » à l’aile de Seyni Omar dans son bras de fer avec l’aile Albadé, pourtant proche du pouvoir. En d’autres circonstances cela pourrait paraitre surréaliste, mais c’est la preuve qu’au Niger la Justice n’est ni inféodée, ni instrumentalisée par le pouvoir ou l’opposition.
Même si ce qui vient de se passer récemment, avec l’arrestation d’opposants, de journalistes et d’enseignants, pose de nouvelles inquiétudes sur la capacité de cette justice à résister aux instrumentalisations du pouvoir. L’on se souvient, la récente vague d’arrestation est intervenue suite à une sortie du Ministre de la Justice qui a proféré des accusations contre des opposants et les médias qui leur étaient complaisants. Si l’arrestation d’un opposant n’émeut pas grand monde au Niger, en revanche celle d’un journaliste et d’un enseignant, est tout simplement … inopportune ! Le monde entier a décrié cette incongruité de voir la Justice d’un pays démocratique enfermer deux des icones les plus flamboyantes de la démocratie que sont le journaliste et l’enseignant. La Justice nigérienne doit se ressaisir par rapport aux « arrestations politiques » d’une manière générale. Car même soutenue par des « arguments solides », l’arrestation d’un opposant, d’un journaliste ou d’un enseignant, « à cause de sa bouche », est corrosive pour l’image des autorités en place, de la Justice elle-même et celle de leur pays.
Ici à Maradi, fort heureusement, la situation est relativement tempérée, comparée au « brouhaha de Niamey ». Pour autant, les situations de conflits sont les mêmes. Cependant, aucun opposant n’a été inquiété, ni aucun journaliste, ni personne. Un jeune procureur a réussi à discipliner les Maradawa, souvent habitués à se faire justice eux-mêmes. Fin orateur et grand pédagogue, il lui est arrivé de prendre la parole devant les « tribunes houleuses » de Maradi pour réaffirmer la force de la loi en toute circonstance. Ainsi, avec ses collègues juges à différents niveau, ils ont réussi à créer les conditions d’une vraie justice sociale qu’aucune « instabilité politique » ne pourra, à priori, remettre en cause. En espérant que ça dure !