TRIPOLI - Le Niger a remis jeudi aux autorités libyennes Saadi Kadhafi, le fils du dirigeant libyen déchu qui s’y était réfugié en 2011, a annoncé le gouvernement à Tripoli.
"Saadi Kadhafi a été remis au gouvernement libyen le 6 mars, il est arrivé en Libye et est aux mains de la police judiciaire", a-t-il indiqué dans un communiqué en remerciant le Niger.
Le gouvernement libyen s’engage à traiter Saadi Kadhafi "conformément aux normes internationales sur le traitement des prisonniers", selon le texte.
Sur sa page Facebook, la Brigade des révolutionnaires de Tripoli (ex-rebelles) a publié cinq photos de Saadi Kadhafi le montrant alors qu’un homme lui rase la tête et la barbe à l’aide d’un rasoir électrique. Il est agenouillé en tenue bleue sur un matelas à même le sol entouré de plusieurs hommes.
Footballeur à la réputation de playboy, né en mai 1973, Saadi Kadhafi s’est réfugié au Niger le 11 septembre 2011, peu avant la chute du régime de son père le 20 octobre, et était recherché par les nouvelles autorités libyennes.
Celles-ci l’accusent de "s’être emparé de biens par la force et l’intimidation quand il dirigeait la Fédération libyenne de football". Interpol avait émis une "notice rouge" pour demander à ses 188 pays membres son arrestation.
Les autorités nigériennes avaient affirmé précédemment qu’il n’était "pas question" d’extrader Saadi Kadhafi, au moins jusqu’à ce qu’il puisse être assuré d’un procès équitable en Libye. Le président nigérien Mahamadou Issoufou avait annoncé en novembre 2012 que son pays avait accordé l’asile à Saadi Kadhafi pour des "raisons humanitaires".
Saadi Kadhafi est sous le coup de sanctions de l’ONU, comme l’interdiction de voyager et le gel de ses avoirs financiers.
Un autre fils de Kadhafi, Seif al-Islam, longtemps présenté comme successeur potentiel de son père, a été arrêté en novembre 2011 dans le sud libyen par des ex-rebelles de Zenten où il est détenu depuis. Il est poursuivi en justice.
Mouammar Kadhafi et son fils Mouatassim ont été capturés et tués par des ex-rebelles le 20 octobre 2011 à Syrte, dans le centre du pays.
Outre Mouatassim, deux autres fils de Mouammar Kadhafi sont morts pendant la révolte libyenne qui avait débuté en février 2011: Seif al-Arab est mort en avril 2011 dans un raid de l’Otan, quelques mois avant Khamis tué dans les combats en août.
La veuve du dirigeant déchu, Safia Farkech, et trois autres enfants de l’ancien dictateur -Aïcha, Hannibal et Mohamed- avaient trouvé refuge en août 2011 en Algérie après la chute de Tripoli aux mains des rebelles, avant qu’une partie de la famille ne trouve l’asile dans le sultanat d’Oman en 2013.
Depuis la chute du régime Kadhafi après huit mois d’un conflit armé sanglant, les autorités de transition ne parviennent pas à former une police et une armée professionnelles et sont régulièrement la cible d’attaques. La présence de factions et groupes d’ex-rebelles rivaux ajoute un cocktail dangereux qui pourrait faire basculer le pays dans la guerre civile.