NIAMEY - Le Niger a affirmé jeudi que l'extradition vers Tripoli de Saadi Kadhafi, un des fils de Mouammar Kadhafi réfugié depuis septembre 2011 à Niamey, vise à "détendre" les relations avec la Libye voisine.
"Pour créer une détente entre deux pays frères et amis, nous avons décidé de mettre fin à cette situation qui tôt ou tard va arriver", a expliqué à la presse Marou Amadou, ministre nigérien de la Justice et porte-parole du gouvernement.
Saadi Kadhafi, 40 ans, s'était réfugié au Niger en septembre 2011 peu avant la chute du régime de Mouammar Kadhafi, capturé puis tué dans la ville de Syrte le 20 octobre 2011.
Tripoli l'accuse de meurtre et d'implication dans la répression de la révolte de 2011.
Un collectif d'ONG nigériennes a dénoncé l'extradition de M. Kadhafi, estimant que sa vie est "menacée".
Mi-février, Niamey avait déjà livré à Tripoli le chef de la sécurité intérieure de l'ex-régime de Mouammar Kadhafi, Abdallah Mansour. Selon la presse nigérienne, une dizaine d'autres proches de Kadhafi ont été également remis aux autorités libyennes.
"C'est seulement en tenant compte des intérêts supérieurs de notre pays que nous avons décidé de mettre fin à cette situation qui met en difficulté notre pays, dans un contexte de sécurité sahélien compliqué. (...) Nous avions bien dit à nos hôtes que nous ne serons pas une source de préoccupations pour la Libye", a souligné le ministre nigérien.
Selon lui, le contexte politique a "changé" en Libye: "à l'époque, nous craignions qu'en remettant ces gens, ils ne soient tués. Je pense qu'au regard de l'appel démocratique et républicain qu'affiche le régime actuel de Libye, ce sont des risques qui ne sont pas à notre avis encourus".
Le Niger a bien cherché un autre Etat pour accueillir Saadi Kadhafi, mais "nous n'avons eu aucun candidat", a indiqué Marou Amadou.
Les relations entre le Niger et la Libye sont très tendues depuis que Niamey héberge une trentaine des proches de l'ex-dirigeant libyen.
Le président du Niger, Mahamadou Issoufou, a accusé le sud libyen d'abriter les terroristes qui ont attaqué en mai 2013 une garnison d'Agadez et une mine d'uranium d'Areva, dans le nord nigérien, faisant officiellement une vingtaine de morts.
Ces allégations ont été fermement démenties et condamnées par Tripoli.