C’est son troisième séjour à la prison civile. L’ancien Administrateur Délégué de la Nigérienne d’électricité a été interpellé puis incarcéré à la prison civile de Kollo, le lundi 06 mai 2013. Interpellé très tôt dans la matinée, Foukori Ibrahim sera directement conduit devant le juge d’instruction qui après une courte audition va le placer en détention à la prison civile de Kollo.
Les investigations avaient-elles du mal à effectuer la traçabilité du don ou bien le patrimoine de la NIGELEC avait-il facturé l’ensemble des équipements reçus comme s’il s’agissait d’une nouvelle commande ? L’enquête judiciaire et l’audition de l’ancien patron de la NIGELEC vont permettre de faire la lumière sur toutes ces questions. Ce n’est pas la première fois que Foukori Ibrahim, proche de l’ancien Président de la République Mamadou Tandja renversé du pouvoir par un coup d’Etat, séjourne en prison. Déjà sous la transition militaire du CSRD, la commission de Lutte contre la Délinquance Financière qui a travaillé sur le dossier de la NIGELEC et le Rapport d’une inspection d’Etat ont révélé d’importantes irrégularités dans la gestion de la NIGELEC et Foukori Ibrahim qui a d’abord été interpellé à la Police Judiciaire sera incarcéré à la prison civile de Kollo, le 20 septembre 2010.
Il sera mis sous mandat dépôt en même temps que d’autres personnes de son entourage, notamment son propre fils, Salé Ibrahim et son beau fils Abdoul Aziz Djibo Mayaki, tous deux des sous-traitants de la NIGELEC et Liman Gamadadi un haut cadre de la NIGELEC. Après 4 mois de séjour carcéral, il sera relâché le 18 février 2011. Mais cette libération ne sera que pour un laps de temps puisqu’il sera repris dès le lendemain le 19 février 2011. Il sera par la suite reconduit à la prison civile de Kollo avant d’être transféré à la prison de Birnin Gaouré. Quelques jours après, il sera mis en liberté provisoire après avoir versé une caution. L’arrestation lundi 06 mai 2013 de Foukory Ibrahim reste toujours dans le cadre de la même affaire : soupçons de malversations et de détournement des ressources de la NIGELEC.
Les premières investigations menées à l’époque par la commission de moralisation et l’inspection d’Etat ont mis à nu d’importantes irrégularités sur la situation financière de la NIGELEC et des collusions suspectes entre Foukory Ibrahim et certaines entreprises privées partenaires de la NIGELEC. Le compte de la NIGELEC affichait à l’époque un solde négatif de près de 4 milliards de francs CFA. A cela il faut ajouter les créances douteuses estimées à plus de 41 milliards de francs CFA. Il était apparu aussi une pratique frauduleuse dans la procédure de passation des marchés publics. Toutefois, pour sa défense, l’administration de la NIGELEC avait brandi un texte réglementaire qui indique que de part ses activités stratégiques, la NIGELEC n’est pas soumise au code de procédure des marchés publics.
Si la NIGELEC bénéficie d’un statut particulier, il semble cependant que ce privilège a plutôt bénéficié à l’entourage de Foukory Ibrahim qui s’est entouré d’un cartel de sociétés écrans dont certaines sont gérées en association par son fils et son beau-fils. Au nombre des fournisseurs agrées de la NIGELEC on cite notamment des petits équipementiers comme CGT SA, Espaces-Meubles, COGEMAT, Mayaki Industries & Commerce, mais qui ne sont en fait que des sociétés familiales qui brassent des chiffres d’affaires de plusieurs milliards de francs CFA annuels, avec des sous déclarations d’impôts. Entre le privilège conféré à la NIGELEC qui l’a soustrait à la procédure normale de passation des marchés publics, la régularité de sa comptabilité et l’identité réelle des sociétés partenaires, c’est tout cet écheveau que la justice doit démêler.
Depuis le 2 avril 2012, Foukory Ibrahim, actuellement député national a fait l’objet en même temps que 7 autres députés nationaux de l’opposition comme de la majorité de procédure de levée d’immunité qui a été votée par les parlementaires. Il s’agissait de mettre à la disposition de la justice des responsables politiques protégés par l’immunité parlementaire et sur qui pèsent de lourds soupçons de détournement. Mardi 7 mai 2013, la prison civile de Kollo a reçu la visite de plusieurs députés nationaux de différents bords politiques venus sans doute s’enquérir du sort de leur collègue député Foukory Ibrahim. Dans les rangs des parlementaires, on laisse entendre des grincements des dents et on déplore que l’arrestation de Foukory Ibrahim soit intervenue sans que l’Assemblée ait été informée.
Selon d’autres sources proches de l’opposition, ce sont tous les leaders de l’opposition ARN qui projettent se transporter le jeudi 9 mai 2013 sur Kollo pour marquer leur solidarité au Député Ibrahim Foukori. D’ores et déjà il semble que l’ARN estimant l’arrestation du député illégale a fait recours à la Cour constitutionnelle. Du côté de sa famille politique de l’opposition ARN, on dénonce cette arrestation et certains responsables de l’ARN comme Ali Sabo appellent déjà à des manifestations de rues. L’opposition redoute la poursuite de l’opération d’assainissement qui pouvait emporter beaucoup de ses cadres, des ténors de l’ancien régime de l’époque de la 5ème et 6ème Républiques.