Monsieur le Président, J’ai bien promis de revenir cette semaine sur le sulfureux dossier des classes préfabriquées qui a provoqué votre courroux en 2008 et qui, à la faveur de la chienlit politique actuelle, est en train de connaître un autre sort qui rendra bientôt heureux Zakou Djibo et la clientèle politique du Pnds.
Le tapissier-brocanteur pourra ainsi, en toute impunité, utiliser l’argent public pour servir votre cause en s’achetant motos et véhicules 4X4 avec lesquels ses lieutenants pourront s’adonner à leur nouvelle mission : la coloration du Zarmaganda en rose.
Mais, puisque j’ai juré de vous rapporter ce que j’apprends qui pourrait vous aider à corriger quelque peu les travers de votre gouvernance, je dois vous dire que je suis ce dossier avec la conscience professionnelle d’un flic des renseignements généraux qui collecte, range et classifie méthodiquement toute la documentation relative à cette sale affaire. Je le fais pour que demain, tous ceux qui y sont trempés rendent un jour compte de leurs responsabilités devant la justice : tous, de la direction des infrastructures et des équipements scolaires (DIES) à la direction des ressources financières et matérielles (DRFM), en passant par Zakou Djibo luimême et ceux qui, parce qu’ils sont pour le moment sous les lambris du pouvoir, s’imaginent intouchables.
Je vous en informe parce que, d’expérience, je sais que lorsqu’il s’agit d’échapper à la prison, le supérieur hiérarchique n’est jamais là pour sauver un petit commis de service dont on a requis la collaboration et la signature.
Généralement, qu’il soit ministre, Premier ministre ou président de la République, le supérieur hiérarchique qui vous a mis dans de sales draps ne reconnaît jamais une responsabilité de ce genre, à moins qu’il vous ait préalablement transmis une instruction écrite en bonne et due forme. Pour tout dire, je crois bien avoir mieux à dire pour cette semaine, votre gouvernement ayant encore fait honneur à sa réputation de pyromane. Il a mis le feu par instinct, comme tous ceux qui, rongés par la pyromanie, ne se sentent bien dans la tête qu’en voyant les flammes allumées de ses mains ravager et consumer tout sur leur passage. En réagissant, soi-disant au discours du président de l’Assemblée nationale alors que rien dans ledit discours ne requérait une réaction de sa part, votre gouvernement donne la preuve qu’il est gravement malade et que nos compatriotes doivent craindre le pire pour la stabilité sociopolitique de leur pays. Car, pour répondre comme l’a fait Massoudou Hassoumi, à ce discours responsable du président de l’Assemblée nationale qui met en garde contre certaines dérives perceptibles mais qui n’incrimine personne, il faut vraiment manquer de lucidité. Je ne reviendrai pas, ici, sur cette ultime folie d’un pyromane…mais souhaite attirer votre attention sur l’entière responsabilité que vous avez dans la surveillance de vos proches.
Il y a tellement à dire que ce serait faire comme Massaoudou pour aller chercher midi à 14 heures. Trois sujets m’intéressent pour le moment, à savoir l’extradition de Saadi Kadhafi ; la suppression du CFEPD et enfin, ce qu’il convient d’appeler l’affaire Soraz-Sonidep. Monsieur le Président, j’ai appris, choqué, que votre gouvernement a livré Saadi Kadhafi aux autorités libyennes, ce que vous avez refusé de faire jusqu’ici, arguant que la Libye n’est pas encore un État crédible où les droits humains sont garantis. J’ai bien suivi le porte-porale du gouvernement, Marou Amadou, expliquer, sans conviction, que le contexte politique a depuis lors évolué dans ce pays ; que de toutes façons, vous avez dû l’extrader parce que l’intéressé n’a pas toujours respecté les conditions de son séjour à Niamey ; qu’à titre d’exemple, un de ses amis a même trompé votre vigilance pour aller dans le sud libyen et revenir ; qu’il s’agit de créer une détente dans les relations nigérolibyennes, et patati patata.
Je relève, monsieur le Président, que si c’est pour des raisons diplomatiques servant les intérêts du Niger que vous avez finalement extradé Saadi Kadhafi, on est bien obligé de dire que la diplomatie nigérienne est nulle pour avoir compris, seulement aujourd’hui, que Saadi Khadafi est un hôte encombrant et que son séjour prolongé risquerait, à terme, de jeter un flou sur les relations des deux pays.
Personne n’est dupe, cette raison est la plus ridicule des raisons à invoquer. Pourquoi alors rassurer l’intéressé au point de l’amener à investir beaucoup de sa fortune au Niger et à contracter un mariage arrangé ? Vous le savez monsieur le Président, aucune contrainte majeure n’a jamais été opposée à Saadi Kadhafi, Abdallah Mansour et les autres durant leur vie au Niger. Au contraire, ils ont mené une vie des plus normales, s’adonnant la nuit à tous les petits plaisirs de la nuit auxquels goûtent les chats….
Comment un gouvernement responsable peut-il affirmer, malgré la présence d’un grand nombre de gendarmes qui veillent nuit et jour, qu’un des amis de Saadi Kadhafi a pu tromper votre vigilance pour s’introduire dans le sud Libyen et revenir ? S’il ne l’avait pas fait avec la complicité notoire du gouvernement, comment l’avezvous su alors ? En tout état de cause, c’est un échec pour le ministère de l’Intérieur et c’est très grave.
Pour ma part, et pour clore ce premier sujet, je considère qu’en envoyant, avec votre bénédiction, Saadi Kadhafi en enfer, que c’est un beau retour d’ascenseur pour la famille Kadhafi. Il est vrai que dans des circonstances pareilles, on n’a ni les moyens de sévir, ni même la possibilité de crier à la trahison. On ne peut que pleurer son désespoir, loin de ceux qui vous ont trahi et liquidé. Un dernier mot, car je ne peux passer sous silence ces informations parues à propos de l’extradition, d’abord d’Abdallah Mansour, ensuite de Saadi Kadhafi.
Je me contente toutefois de dire que ces informations font vraiment frissonner. L’histoire nous dira si vous avez agi, en toute responsabilité selon les intérêts du Niger ou si les motivations de l’extradition des susnommés sont liées à l’argent.
Mon deuxième sujet, monsieur le Président, est relative à la situation catastrophique de la Soraz ; situation qui a motivé la société à informer l’opinion nationale sur les graves dangers qui guettent l’industrie pétrolière tout entière. C’est la preuve, à mon avis, que l’argent du pétrole prend des destinations inconnues. Et j’ai bien peur que Christine Lagarde n’ait déjà eu raison. Elle vous a bien mis en garde par rapport à l’endettement du pays.
Mon inquiétude tient au fait que depuis, des semaines interminables, je constate que le conseil des ministres est devenu une boîte d’enregistrement de conventions de prêt qui s’enchaînent sans discontinuer. Est-ce là le succès de votre politique économique ? J’ai bien peur que l’endettement ne soit devenu un moyen frauduleux de tromper la vigilance de nos compatriotes sur l’état réel de notre économie. La croissance, assez reluisante et même enthousiasmante, ne saurait tout expliquer. Comme vous le savez, elle n’a de signification qu’en relation avec d’autres agrégats qui sont malheureusement dans le rouge.
Bref, la Soraz est une chaude alerte que votre gouvernement ne peut nier. Faites attention, monsieur le Président. Voilà, j’ai bien annoncé trois sujets. Mais, en fin de compte, je m’arrête ici en promettant de revenir, incha Allah, sur le troisième sujet, à savoir la suppression programmée du CFPED, de façon détaillée.
Je vous montrerai alors que votre politique éducative est un ECHEC car elle ne repose sur aucune vision claire. Je le démontrerai à travers les errements et le Kamé-Kamé constatés dans la conduite de la politique éducative. Vivement, donc, la semaine prochaine.