Les choses se compliquent dans l’affaire dite «d’accaparement des ressources partagées» qui a conduit déjà à la détention à la prison civile de Kollo de l’ancien député, Homme d’affaire Boubé Gazibo, du Chef de village de Toulouwaré, M. Oumarou Soumayé et d’un promoteur immobilier du nom de Zakari Yacouba, Directeur Général de l’Agence immobilière Saga. Mardi 11 mars 2014, le Directeur des Affaires Financières de la Société Nigérienne d’Urbanisme et de Construction immobilière (SONUCI), M. Any Mahamane dit Antoine, a été à son tour écroué à la prison civile de Kollo.
L’affaire étend chaque jour un peu plus ses tentacules et risquent d’affecter des hauts fonctionnaires de l’Etat. Le juge de Kollo va un peu plus loin dans le dossier et demande à auditionner l’ancien Directeur Général de la SONUCI, actuel Ministre des Sports, M. Abdoulkarim Dan Mallam. On se rappelle déjà du débat qui a été lancé autour de l’implication de la SONUCI dans ce litige foncier.
On a suffisamment épilogué sur une vente présumée d’une partie de cet espace à SONUCI par l’ancien député Boubé Gazibo d’un montant faramineux de plus d’un milliard. Par la suite le ministère des finances aurait lui-même acheté un important domaine auprès de la SONUCI toujours dans ce domaine. C’est d’ailleurs pourquoi le DAF de la SONUCI a été en son temps à la gendarmerie pour donner des éclaircissements. Toutefois, la SONUCI viendrait démentir toute implication dans ce dossier d’achat illégal de terre relevant du domaine public, toute chose qui paraitrait comme un véritable recèle.
Pourtant le secrétaire général du gouvernement a attiré l’attention du Ministre des finances sur l’irrégularité de cette opération. L’affaire paraissait banale au départ, tant les populations et les pouvoirs publics étaient impuissants face aux spéculations foncières et immobilières qui avaient pris des proportions inquiétantes ces dernières années et à la prolifération des agences immobilières. Mais de plus en plus, dans leur voracité à s’accaparer des espaces, rien n’est épargné. Même pas les réserves classées et les espaces de pâturage. C’est cette situation qualifiée de désastre écologique qui a amené le Rassemblement pour un Sahel vert (RSV-NI’IMA), le seul parti écologiste nigérien à tirer sur la sonnette d’alarme, relativement à un lotissement d’un terrain sur la route de Torodi, dans la commune de Bitinkodji, à environ 25 km à la sortie ouest de Niamey. La même situation va interpeller l’Association pour la Redynamisation de l’Elevage au Niger (AREN) qui exprimera son inquiétude sur le lotissement des espaces réservées au pâturage. L’affaire aura un écho retentissant et une information judiciaire sera ouverte à ce sujet pour cerner les contours de cette affaire.
Vente illicite des terres : Le Ministre des sports dans la ligne de mire
Les premiers éléments d’investigations permettront de découvrir que les espaces menacés sont le plateau de Bougoum d’une superficie de 14.000.000 ha dont 4000 ont été déjà vendus, de la ceinture verte de Niamey et de la forêt classée de Guesselbodi. Pour l’instant, c’est le plateau de Bougoum sur la route de Torodi qui est au centre de l’enquête du juge de Kollo. S’agissant de cette affaire, depuis juin 2006, le Chef de Canton de Bitinkodji, Amirou Moustapha Hassane, s’adressant au préfet de Kollo de l’époque, dans une correspondance, a attiré son attention sur la «vente illicite des terres vacantes situées sur le plateau de Bougoum, canton de Bitinkodji». Le Chef de canton avait clairement indiqué à son interlocuteur que «Monsieur Boubacar Sambo député national au titre de la région de Tillabéry aurait acheté la brousse située sur le plateau de Bougoum.
Ce plateau est une aire de pâturage pour les animaux des villages environnants et traversés par plusieurs couloirs de passage d’animaux allant ou revenant du Gourma». De plus le plateau est désormais considéré domaine d’intérêt national, a poursuivi le Chef de canton, invitant le Préfet à l’annulation de la vente qui aura des conséquences sur la protection du bassin versant du fleuve Niger. Après l’annonce de ces lotissements dans «Le SAHEL» du mardi 08 janvier 2013, le Secrétaire Général du Gouvernement, dans une note adressée au Ministre des Finances va relever que «des terrains ou espaces pastoraux réservés et des terres récupérées sont concernés par ce processus de bornage. » M. Gandou Zakara invitera le Ministre des finances à prendre les dispositions nécessaires en vue de la suspension de ces opérations illégales et qui visent à donner la possibilité à des individus de s’approprier d’une partie importante du patrimoine foncier urbain et périurbain de l’Etat ou des collectivités pour s’adonner aux opérations de spéculations bien connues de tous. En vérité de gros intérêts sont en jeu dans ces spéculations foncières. Et comme l’a dit le président du RSVNI’Ima, M. Adamou Garba, ‘’de nombreux agents de l’Etat s’y trouvent compromis’’.