Le ministre de la Santé Publique, M. Soumana Sanda, s'est rendu, jeudi dernier, à Ayorou où il est allé s'enquérir de la situation qui y prédominait suite au spectre d'une épidémie de choléra. Il était accompagné du Gouverneur de la région de Tillabéri, le Général de Brigade Youssoufa Maiga, du Représentant de l'OMS au Niger, Dr Pana Assimawè, et des cadres centraux de son département ministériel.
Le ministre a visité le camp des malades situé à quelques kilomètres de la ville. 53 malades ont été enregistrés à la date d'hier, mais la vigilance est de rigueur. Le ministre et sa délégation ont reçu d'amples explications de la part des services de santé de la région et des partenaires qui les appuient dans la prise en charge de cette terrible maladie. Après la visite du camp, le ministre a immédiatement convoqué une réunion d'urgence dans les locaux de l'hôtel Amenokal d'Ayorou.
Dans un exposé qu'il a présenté sur la situation, le Médecin-Chef du District sanitaire d'Ayorou, Dr Sita Illiassou, a indiqué que ce fléau de choléra a commencé le 6 mai dernier. « Le lendemain nous avons prélevé 3 cas qui ont été confirmés à Tillabéri. Depuis lors, les cas ne cessent d'augmenter. Nous sommes présentement à 53 cas, dont 22 enfants de moins de 15 ans », a ajouté le médecin Chef. Il a souligné que les malades viennent de partout, surtout de la ville d'Ayorou, avec un quartier appelé Faisceau. «Après des investigations, nous avons envoyé des missions dans les familles pour traiter les personnes contaminées, et le 8 mai nous avons tenu une réunion du Comité de gestion des épidémies sous la présidence du Secrétaire général du Gouvernorat. A l'issue de cette réunion, nous avons pris des décisions qui visent à sensibiliser la population, à distribuer du produit pour décontaminer l'eau. Nous avons distribué des antibiotiques dans le cadre du traitement prophylactique chez les personnes contacts. Nous avons fait la prise en charge curative des cas. On a aussi distribué des comprimés d'Aquatab. La création du Centre de Traitement de Choléra s'est faite hier. Présentement tous les cas sont pris en charge là-bas» a dit Dr Sita Illiassou. Il a ajouté qu'il a aussi été décidé de la limitation de l'accès au fleuve, et de la gratuité de l'eau dans la ville d'Ayorou. Le médecin Chef du District sanitaire d'Ayorou a par la suite dressé la liste des intrants utilisés dans le cadre de la prise en charge de cette épidémie de choléra. Il a également donné la liste de l'arsenal disponible actuellement dans leurs magasins pour faire face à cette menace. Enfin, Dr Sita Illiassou a soumis au ministre de la Santé Publique un plan d'intervention qui a été élaboré pour la prise en charge de l'épidémie. La parole a ensuite été donnée aux partenaires du ministère de la Santé Publique.
Le Représentant de l'OMS au Niger, Dr Pana Assimawè, a, dans son intervention insisté sur la communication, sur le type de message à livrer à la population, et sur la qualité des personnes qui doivent livrer ce message. Un message qui doit être bâti autour des aspects liés à l'hygiène, à la prévention et à la prise en charge des malades. D'autres partenaires comme Plan Niger, Animas Sutura, Ocha, Médecins Sans Frontières ont également intervenu pour apporter leur contribution par rapport aux mesures d'urgence à prendre. En faisant la synthèse de la réunion, le ministre de la Santé Publique, a indiqué que deux points doivent interpeller tous les acteurs qui interviennent dans la prise en charge de cette épidémie. « D'abord la fulgurance de l'épidémie, et ensuite la nécessité de la circonscrire le plus rapidement possible. C'est en ce sens que je suis d'accord avec la majorité des intervenants qui ont estimé qu'il faut une sorte de partage de l'information, et une bonne coordination de nos acteurs sur le terrain. Le plan d'actions élaboré est modeste vu les enjeux sur le terrain. Il va falloir que nous agissions tous ensemble. Et le gouvernement à travers le Comité de prévention et de gestion des catastrophes a décidé d'apporter très rapidement l'appui nécessaire», a souligné le ministre.
Il a demandé au médecin, Chef de revoir à la hausse les ambitions du plan d'action élaboré. M. Soumana Sanda a indiqué que créer les conditions pour que le marché hebdomadaire d'Ayorou (qui a lieu tous les dimanches), n'ouvre pas est une nécessité absolue. «Même si c'est d'autorité qu'il faut fermer ce marché, il va falloir le faire, jusqu'à ce que nous puissions mettre de l'ordre dans les différents types d'opérations que nous allons menées à l'endroit de ces populations. Nous avons depuis le mois de juin 2011 géré des épidémies de choléra. Donc je pense que nous sommes suffisamment outillés aujourd'hui pour mettre dans la balance un dispositif assez opérationnel pour attaquer ce problème là » a dit le ministre de la Santé Publique. Il a insisté sur la sensibilisation à mener dans l'immédiat auprès des populations pour circonscrire au mieux cette épidémie.
M. Soumana Sanda a indiqué qu'il faut inclure les autorités coutumières dans cette démarche. «Cela est extrêmement important. Il faudrait qu'à travers elles, le message par rapport à la façon d'utiliser l'eau du fleuve, par rapport à la gestion des marchés dans le cadre de la gestion de cette épidémie, puisse parfaitement passer. Restons vigilants, et essayons d'assurer une certaine coordination de nos actions» a dit le ministre à tous les acteurs intervenants dans la prise en charge de l'épidémie. Réagissant à l'appel du ministre, les partenaires ont séance tenante fait des dons de médicaments et de produits divers. C'est ainsi que le Représentant de l'OMS a remis au ministre un lot de médicaments. Animas Sutura a également fait autant en offrant au district sanitaire d'Ayorou des cartons de savons et d'Aquatab.