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Niger. itinéraire d’une anthropologue
Publié le jeudi 3 avril 2014   |  letelegramme.fr




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Socioanthropologue experte en comportements sexuels et santé des adolescents, Nora Le Jean vit dans l'un des pays les plus pauvres du monde, le Niger, pourtant riche en uranium et même depuis peu en pétrole. La Finistérienne, 30 ans, de Plougonven, a un itinéraire tracé depuis le lycée.

Ses vêtements coupés par le tailleur du quartier sont ceux des femmes africaines, amples, colorés, adaptés à la chaleur et à la poussière du Niger, petit pays enclavé d'Afrique de l'Ouest, l'un des plus pauvres du monde. Il ne lui manque que le voile que portent quasi toutes les Nigériennes depuis le plus jeune âge. « Aussi un effet de mode », selon elle, pas seulement dû à la religion islamique, observée par près de 98 % de la population. Nora Le Jean, une Plougonvenoise de 30 ans, vit depuis plus de trois ans au Niger. Après la découverte, au lycée Tristan-Corbière de Morlaix, d'une vague fiche d'ethnologie, la voilà experte consultante en comportements sexuels et santé des adolescents. L'itinéraire n'a pas été simple mais le choix de vie déterminé. Franco-nigérienne, elle parle aujourd'hui du Niger comme son « pays d'adoption ». Avec la recrudescence du terrorisme international et le mouvement Al Qaïda islamique au Maghreb, quand un groupe de chercheurs part en mission en brousse, il doit être escorté par des gardes armés... En janvier 2011, après le rapt et la mort de deux Français, elle témoignait déjà de la situation : « Ne pas céder à la panique ».

Une formation d'aide-soignante en parallèle

« L'ethnologie, cela n'existait qu'à partir de la licence », raconte-t-elle depuis sa maison à Niamey, dans le quartier des Touaregs, Dar el Salam. Ce jour-là, l'ambassade de France au Niger recommande de ne pas sortir de chez soi. En cause, une manifestation contre les contrats de l'entreprise Areva qui extrait de l'uranium (*). Après un deug de sociologie, elle s'attaque donc à une licence et à une maîtrise d'ethnologie à l'UBO, à Brest, tout en suivant une formation d'aide-soignante. En 2004, elle part une première fois au Niger pour huit mois, par le biais d'une association bretonne qui travaille sur l'appui à l'artisanat. Elle a 20 ans, elle revient mariée à un Nigérien. Lui travaillera dans le bâtiment, par intérim ; elle, poursuivra ses études tout en travaillant en milieu hospitalier. En 2008, avec sa maîtrise, un mémoire sur les enfants des rues à Niamey, et un diplôme d'aide-soignante, elle part à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). « Il fallait que je me spécialise Afrique », explique-t-elle. Elle se dirige donc vers un master « ethnologie, anthropologie sociale et culturelle, parcours Afrique ». « En parallèle, je continuais à travailler dans des maternités, centres de rééducation fonctionnelle... et repartais au Niger quasiment tous les ans, explique-t-elle. Petit à petit, je me rapprochais de mon objectif ». Sujet de son mémoire de master : le comportement sexuel des jeunes filles désaffiliées à Niamey. En 2010, à la fin de son parcours master, elle a en tête d'intégrer une ONG nigérienne, en tant que bénévole. Ce sera Lafia Matassa et un projet de santé concernant la maternité chez les adolescentes, financé par l'Union européenne et l'Agence française de développement, tout cela sous l'égide de l'ONG française Équilibres et population, un projet commun avec le Bénin et le Burkina-Faso.

Avec les Nations Unies et la Banque mondiale

En 2011, contre l'avis de son mari et après un divorce, elle reste au Niger et apprend à parler le zarma, une des nombreuses langues parlées par la population. Le français ne s'apprend qu'à l'école. Depuis, un programme d'actions d'une des agences des Nations Unies vise justement l'adolescence, en vue de réduire les mariages et grossesses précoces. Nora Le Jean contribuera à monter ce programme et collabore comme chercheuse associée au Lasdel, un laboratoire de recherches qui fait référence en matière de sciences sociales. « Il y a de gros décalages entre la réalité et les programmes gouvernementaux qui prônent l'abstinence... », commente-t-elle. Actuellement, elle collabore également avec la Banque mondiale. L'une de ses amies, également chercheuse au Lasdel, regrette de devoir aller soutenir sa thèse en France. Les professeurs refusent de se déplacer au Niger. Trop risqué selon eux. Les grands hôtels, bien fréquentés depuis l'arrivée de « la manne pétrolière », sont pourtant très protégés. * « Le Monde » du 25 mars 2014, article de Jean-Michel Bezat, « Uranium : pourquoi Areva peine à renouveler ses contrats avec le Niger ».

Août 1960.
Indépendance de l'ex-colonie française.

Décembre 2005.
Le FMI annule 111 millions de dollars de dette du Niger.

Mars 2011.
Victoire du socialiste Mahamadou Issoufou à l'élection présidentielle.

Novembre 2011.
Le pays devient officiellement producteur de pétrole.

Mars 2013.
Le Niger est bon dernier avec la République démocratique du Congo dans le classement du programme des Nations Unies pour le développement (PNUD, santé, éducation, revenus).

Mai 2013.
Double attentat suicide revendiqué par le Mujao : le premier contre la base militaire d'Agadez, le second contre la mine d'uranium d'Areva à Arlit (21 morts).

2013.
La cité d'Agadez est classée au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco.

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