« Je ne suis pas un plâtre que M. Biya peut prendre pour bricoler son Sénat. Sait-il à qui il a à faire ? Si mon destin était de former des Camerounais et de les envoyer aux mairies, parlement, ou Sénat et rester en retrait pour observer la manière avec laquelle ils gèrent ces structures, je ne peux que me remettre à la volonté de mon Créateur. Mais dire que je vais accepter que M. Biya me nomme au sénat, c’est mal connaître qui est Fru Ndi ». Cette confidence est du leader du Social Democratic Front (Sdf) lors d’un échange informel avec les journalistes à sa résidence samedi 11 mai 2013 à Bamenda. John Fru Ndi réagissait ainsi – en marge de la rencontre du Comité exécutif national (Nec)- sur la non désignation des militants du Sdf parmi les 30 sénateurs nommés par le président de la République, Paul Biya, mercredi 8 mai 2013. Bien qu’il ait envoyé auparavant une liste de ses militants (sans son nom) à nommer par le chef de L’Etat. Lors du briefing à la presse, Abel Elimbi Lobè, 1er secrétaire national à la communication du Sdf a laissé entendre à ce sujet que : « pour nous, n’avoir pas été nommés constitue un non évènement ». Il ajoute : « Cette nomination des 30 sénateurs n’a pas obéi à la sagesse. Si on a nommé 3 sénateurs Rdpc à l’Ouest là où le Sdf a gagné, on attendait que là où le Sdf n’a pas gagné qu’on nommât des sénateurs du Sdf pour compenser. Mais vous avez vu que le président a choisi d’augmenter le nombre de ses sénateurs même là où il a gagné, de manière à avoir finalement 27 sénateurs sur 30 ; à ajouter sur 56 pour avoir encore une majorité hyper-obèse que nous redoutions ».
La défaite du Sdf dans le Nord-Ouest
La défaite de la liste que conduisait John Fru Ndi dans son fief du Nord-Ouest a été perçue au Nec de samedi dernier comme un séisme, à la limite une cuisante humiliation. Certains membres de ce conclave ont même critiqué de façon véhémente la commission d’investiture sur le choix des candidats de cette liste. Pour eux, certains de ces candidats n’étaient même pas connus à la base. Une situation qui a contribué à la désaffection de certains grands électeurs Sdf qui n’ont pas hésité un seul instant à vendre leur conscience contre quelques billets de Cfa au profit de la liste du Rdpc. Elimbi Lobè relativise cet état de choses : « nous avons tiré des leçons objectives de l’organisation de ces sénatoriales sur l’étendue du territoire. Pour nous c’est de l’histoire. Nous sommes tournés maintenant vers les élections législatives et municipales. Nous sommes en train de regarder l’avenir qui nous préoccupe, à la lumière de tout ce qui a marché et de tout ce qui n’a pas marché aux élections sénatoriales ». Il a annoncé l’imminence de l’organisation des primaires pour le scrutin couplé au sein du parti, ceci afin de parer la surprise de la convocation du corps électoral. « Le calendrier électoral nous emmène à être vigilants et donc à commencer à nous préparer pour les prochaines municipales et législatives. Le Nec a mis à profit cette rencontre pour indiquer l’ensemble des mesures à prendre pour ne pas être surpris, étant donné que nous avons déjà dénoncé le fait que le président de la République confisque le calendrier électoral, l’utilise comme une arme politique au profit de son parti en surprenant les gens tout le temps » a déclaré le porte-parole du Nec à la presse.
Des postes au bureau du sénat
C’est dans cette veine que le Nec, dit-il, appelle tous les responsables du parti à se mettre à pied d’œuvre pour préparer déjà les différents candidats. Instruction a été donnée à Mocchiggle Vanegansen, le responsable en charge de l’imprimerie du Sdf de préparer le matériel électoral pour ces primaires. Il a promis de rassembler ce matériel (bulletins de vote et enveloppes et encre) au plus tard à la fin de cette semaine. Les premières circonscriptions électorales pourront organiser leurs primaires la semaine prochaine, nous fait dire Beatrice Annembom, secrétaire nationale à la communication, jointe hier au téléphone.
Si le Nec se réjouit des 14 sièges remportés par le Sdf à ces premières sénatoriales, le parti du 26 mai 1990 entend postuler à des postes de responsabilités au bureau du sénat lors de la session de plein droit de ce jour. « Le Sdf étant la plus grande force de l’opposition qui sera représentée au sénat, il aspire à occuper un certain nombre de fonctions au sein du bureau globalement (…) le Sdf attend d’avoir un groupe sénatorial dans cette nouvelle chambre » avise-t-on.
Focal: Alliance Sdf-Rdpc?
Interpellé sur le pacte supposé ou réel entre le Sdf et Rdpc, mieux la relation qu’entretiendraient Fru Ndi et Paul Biya comme évoqué après les sénatoriales par l’honorable Jean-Michel Nintcheu, président du Sdf Littoral, Elimbi Lobè a laissé entendre que « c’est de l’agitation de surface. Nous avons considéré qu’il appartient au Nec de discuter de ces questions avec le président du parti et non à un individu de l’interpeller ». Il ajoute : « à cet effet, nous n’avons aucune matière à interpeller le président national parce que pour nous, il s’agit de la rumeur développée par des médias et qui n’a aucun fondement ni politique ni réel ». Il est convaincu que la Sdf a mené un combat loyal pour le peuple camerounais. C’est pourquoi, le parti de la balance a gagné selon lui les 14 sièges lors de ces sénatoriales. « Une chose est sûre, c’est que si le président national avait eu une alliance avec quelqu’un, ce serait pour qu’il gagne. Il n’aurait pas fait d’alliance pour perdre. Donc le seul fait qu’il ne gagne pas au Nord-Ouest montre très bien que notre parti est allé aux élections sénatoriales en comptant sur ses propres forces. Le reste est maladresse » a déclaré Elimbi Lobè pour qui la prééminence de la commission du Nec sur le Littoral chargée de la réorganisation du parti dans cette région a été réaffirmée.
