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Le Niger, un Etat-clé dans la crise au Sahel
Publié le vendredi 15 fevrier 2013   |  lemonde.fr


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© Autre presse par DR
El hadj Issoufou Mahamadou et Francois hollande


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Certains n'avaient pas donné cher de sa stabilité. Le Niger, territoire aux deux tiers désertique, à l'histoire marquée par des coups d'Etat, a pourtant fait face avec solidité à la crise qui touche son voisin malien depuis un an. Il est aujourd'hui considéré comme un Etat-clé pour la consolidation de la région. Mais les défis restent immenses pour ce pays pauvre peuplé de 15 millions d'habitants et bordé d'Etats instables.
Le Niger a connu, comme le Mali, un coup d'Etat dans la période récente, mais il a rapidement renoué avec la démocratie. Les militaires nigériens ont rendu le pouvoir aux civils en 2011, comme ils s'y étaient engagés un an auparavant lors de leur coup de force contre le président Tandja, accusé de vouloir s'accrocher au pouvoir.

Mahamadou Issoufou, qui fut dans l'opposition pendant vingt ans, a été élu président de la République en mars 2011, au terme d'un scrutin jugé transparent. "Dès le début, la sécurité a été la grande priorité des nouvelles autorités, souligne Jean-Pierre Olivier de Sardan, du centre de recherche nigérien Lasdel. Elles ont tout fait pour éviter une déstabilisation. L'armée et les services de renseignement ont été musclés. C'est un sans-faute en politique extérieure."

Avant la crise malienne, le nouveau chef de l'Etat a dû faire face aux conséquences de l'intervention occidentale en Libye, terre d'accueil de nombreux Nigériens partis y travailler ou, pour certains, y combattre auprès du colonel Kadhafi. A sa chute en 2011, beaucoup sont rentrés. "Nous avons anticipé. Les arsenaux libyens avaient été pillés, mais nous n'avons pas laissé les gens entrer chez nous avec leurs armes, explique Karidjo Mahamadou, ministre de la défense. "De nombreux accrochages" ont eu lieu à la frontière nigéro-libyenne à cette période, ajoute-t-il.

DÉSARMEMENT DES "RETOURNÉS"

Le pays a aussi fait appel à la Haute Autorité pour la consolidation de la paix. L'institution avait été créée en 1994 pour encadrer les négociations de paix avec la rébellion touareg d'alors et aider à la réinsertion des combattants. Son mandat a évolué vers la gestion des rapatriés. "En 2011, entre la crise politique en Côte d'Ivoire [autre destination de travail pour les Nigériens] et la guerre en Libye, nous avions plus de 200 000 "réfugiés" sur notre sol, rappelle Ibrahim Boukary Abdou, secrétaire général de la Haute Autorité. Avec un budget annuel de 600 000 euros, l'organisation finance notamment des projets de développement pour favoriser le désarmement des "retournés" de Libye passés à travers les mailles du filet. "Pour éviter que notre action ne devienne "une prime à la kalach", les projets bénéficient à l'ensemble de la communauté ou du village et pas seulement à ceux qui rendent leurs armes", précise le responsable.

Résultat : le Niger n'a pas connu l'afflux de combattants et d'armes dans les proportions observées dans le nord du Mali. Il a aussi évité, jusqu'ici, la résurgence d'une rébellion touareg que beaucoup redoutaient, car le pays a été secoué par plusieurs révoltes armées de cette communauté par le passé. Un calme dû, pour de nombreux observateurs, à la stratégie d'intégration des Touareg (environ 10 % de la population) dans la vie politique.

Le Niger a été tout aussi réactif à l'éclatement de la crise malienne début 2012, provoquée par la déclaration d'indépendance des Touareg du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA), vite débordés par des groupes islamistes. Conscient des risques de déstabilisation pour son pays (où plusieurs Occidentaux ont été enlevés en 2010 et en 2011), le président Issoufou a rapidement plaidé pour une intervention dans le nord du Mali. De plus, 5 000 hommes ont été déployés le long des 800 km de frontière commune aux deux Etats. Le Niger a, dès le début, répondu présent pour participer à la Mission internationale de soutien au Mali (Misma) rassemblant des forces africaines d'Afrique de l'Ouest. Le contingent nigérien - 680 hommes - a été parmi les premiers sur le sol malien.

"Le pays a une armée qui fonctionne bien, confirme une source militaire française, mais elle est à flux tendu et sous-dimensionnée : 12 000 hommes pour un territoire grand comme 2,3 fois la France, confronté à plusieurs menaces régionales et aux trafics en tout genre."

A Niamey, la sécurité a été considérablement renforcée devant les ambassades et les hôtels accueillant des Occidentaux. La principale inquiétude est l'infiltration de groupes djihadistes, notamment du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), actif dans la zone frontalière. La sécurisation de ses frontières est la priorité du pays, mais elle coûte cher. Car il ne s'agit pas seulement du Mali, à l'ouest, mais aussi de la Libye, toujours instable, au nord-est ; du Nigeria, au sud, où sévit la secte islamiste Boko Haram, et, plus globalement, de tout l'extrême nord du pays, voie de passage des trafics régionaux. "C'est lourd pour un pays qui n'a pas de moyens et est obligé de piocher dans les budgets de la santé et de l'éducation, alors qu'il devrait consacrer son énergie à son développement", souligne un diplomate.

COOPÉRATION DE PARIS
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