Selon tous les instruments juridiques nationaux et internationaux qui la combattent, la corruption revêt plusieurs formes. Ainsi, en plus du geste consistant pour le fonctionnaire public de percevoir des pots-de-vin pour un service qu’il rend à un usager, la corruption se manifeste aussi de diverses manières.
C’est le cas par exemple lorsqu’un agent de l’Etat utilise du matériel étatique (ordinateurs, chaises, photocopieuses, véhicules) pour ses besoins personnels. Il s’agit bel et bien ici d’une forme de corruption que la Convention des Nations unies et toutes les organisations indépendantes de lutte la corruption ont ciblée comme étant l’une des pratiques corruptives dont souffrent le plus les pays en voie de développement. Ici au Niger, on n’a pas besoin de commanditer une étude pour constater à quel point l’utilisation des biens de l’Etat à des fins personnelles est devenue une pratique quotidienne. Pour le cas des véhicules de l’Etat par exemple, on les retrouve tous les jours dans des courses qui n’ont visiblement aucun lien avec le service public. C’est le cas de ces véhicules administratifs qui sont utilisés dans des cérémonies de mariage et de baptême, qu’on rencontre avec de la paille ou du fumier ou des fois même garés pendant de longues heures devant des débits de boisson. Quant au matériel informatique, il faut simplement se taire car aucun commentaire ne peut décrire l’usage qui en est fait par certains agents de l’Etat pour des besoins personnels. Voilà pourquoi le matériel que l’Etat met à la disposition de son Administration s’amortit très rapidement. Et comme il faut nécessairement attendre la fin du temps que ce matériel est censé faire pour le renouveler, de nombreux services de l’Etat se retrouvent généralement avec un matériel amorti et donc très peu performant pendant des longues années. Et cela a des graves répercutions sur les rendements de notre Administration. Combien sont-ils aujourd’hui les services de l’Etat qui, pour une simple saisie ou photocopie des documents, sont obligés de faire recours à des prestataires privés, parce que tout simplement leurs responsables ou quelques agents choyés ont gâté leur matériel dans des activités personnelles ? Du fait des pertes énormes qu’elle cause à l’Etat, cette forme de corruption doit être prise en charge par des institutions comme la Haute autorité de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (HALCIA) qui doit veiller à une saine utilisation des biens de l’Etat par les fonctionnaires à qui ils sont confiés. Si la HALCIA n’a pas suffisamment des moyens pour surveiller comment le matériel informatique est utilisé dans les services administratifs, pour le matériel roulant il est très simple de traquer ceux qui l’utilisent à leurs propres comptes.