Lumana est né dans des conditions très particulières. Et je voudrai profiter de la clôture de nos assisses pour vous rappeler un peu comment notre parti est né parce que j’entends monsieur Omar Hamidou Tchiana dire à qui veut l’entendre que c’est lui qui a créé Lumana Africa pendant que moi, j’étais en exil en France.
Il est important que les congressistes entendent exactement ce qui s’est passé. Lorsque j’étais en prison à Koutoukalé et lorsqu’il était devenu évident pour moi que mes relations entre moi et mon ancien parti allaient irrémédiablement être compromises, j’avais, à l’occasion d’une visite qu’ils m’ont rendu, monsieur Soumana Sanda ici présent, Omar Hamidou Tchiana et Sala Habi, posé juste une question :
j’ai dit que le congrès illégal du MNSDNassara va certainement se tenir à Zinder, je crois que d’une manière ou d’une autre, leur intention est de nous écarter. Et je crois que la sagesse commande que dès à présent nous envisagions la création d’un nouveau parti.
Omar Hamidou Tchiana m’a dit de sa propre bouche « non monsieur le président, nous allons rester au MNSD et les combattre ».
Je lui ai dit, combattre pour gagner, c’est bien, mais combattre pour s’épuiser en vain, n’est pas très réaliste. Allez-y réfléchir. Mais il avait continué mordicus à dire qu’il n’était pas question, il fallait continuer le combat à l’intérieur du MNSD et bousculer l’appareil qui était contre nous. Je ne lui ai rien dit. J’ai demandé à Soumana Sanda de revenir 2 jours après me voir. Ce qu’il a fait.
Quand il est venu, j’ai dit : Soumana, en politique il faut savoir anticiper. Nous allons immanquablement vers une rupture avec les gens du MNSD.
Nous avons des gens qui nous soutiennent, ils sont nombreux, nous ne pouvons pas continuer à dire que nous allons combattre à l’intérieur du MNSD parce qu’il arrivera un moment où ils vont nous exclure et nous ne pourrons pas parler au nom du parti.
Nous devons créer un parti au nom duquel nous allons prendre position et avoir tous les droits autant que les autres. Il m’a dit « monsieur le président, vous avez raison ». j’ai dit, c’est pour cette raison que je te demande de me trouver des jeunes gens qui ne sont jamais publiquement affichés dans le domaine politique et que nous allons amener à créer un nouveau parti.
En dehors de Soumana Sanda, tous les autres camarades qui se battaient, ça il faut le dire, pour ma dignité et pour mon salut politique parmi eux, il y a Omar Tchiana, il a beaucoup fait, il y a les députés, dont madame Ladi Moussa Gros qui s’est battue bec et ongles et qui était à la Haute cour de justice, il y a Soumana Sanda, ils sont un grand nombre de députés de notre groupe qui me soutenaient et qui continuaient la bataille.
Quelques jours plus tard, Soumana Sanda m’a communiqué les noms d’un certain nombre de camarades ici présents dont Noma, Issa Kanga, Karamoulaye, Ali Gazagaza pour leur dire ce que je souhaitais.
Ils n’ont pas cherché à comprendre, ils se sont immédiatement engagés à le faire et ils l’ont fait dans la plus grande discrétion. De la prison j’ai rédigé les grands axes du contenu de ce parti. Je leur ai envoyé, ils ont procédé à toutes les rédactions dans des conditions de très grande clandestinité. Ils m’ont renvoyé les textes, je les ai corrigés et les leur ai renvoyé.
Ce processus a pris tout le temps que j’étais en prison. Et le mois où mes médecins ont réussi à me faire évacuer à l’hôpital national de Niamey, nous étions arrivés au stade où le parti avait besoin d’un nom, avait besoin d’un logo et d’un hymne.
J’ai personnellement choisi le nom du parti sans l’aide de personne et c’est moi qui ai donné le nom Mouvement démocratique nigérien pour une fédération africaine (MODEN FA Lumana africa) et j’ai explicité les motifs à nos camarades.
Ensuite, de ma propre main, j’ai rédigé en français l’hymne du parti que vous entendez et nos cantatrices professionnelles parce qu’il faut dire qu’elles sont inimitables sur la scène nigérienne, ont ajouté les parties en Zarma et en Haoussa. Et l’hymne que vous entendez a également été fait dans la discrétion grâce à elles.
Le logo, je l’ai imaginé et conçu moi-même.
La carte de l’Afrique noire parce que j’ai dit que notre parti vise le fédéralisme africain, le cheval ailé parce que c’est le cheval avec lequel notre prophète (Paix et salut sur lui) est allé visiter le paradis et notre parti doit pouvoir faire visiter le paradis aux Nigériens »