La famille du président Ibrahim Baré Maïnassara, vient d'annoncer dans une lettre ouverte adressée au peuple et aux autorités du Niger, avoir fait déposer, le 12 décembre 2013 par son avocat-conseil, le dossier de l'assassinat du président Baré et ses compagnons d'infortune à la cour de justice de la CEDEAO. « Si nous avions introduit une requête auprès de la CEDEAO, c'est pour mettre le Niger devant ses responsabilités», a déclaré la veuve Baré dans une interview.
La famille Baré a rappelé que, depuis 15 ans, toutes les plaintes qu'elle a déposées se sont soldées par un rejet pur et simple, si ce n'est un refus d'informer par les juridictions nigériennes. Elle dit avoir constaté qu'après trois ans de règne des autorités actuelles rien n'a changé. Pourtant, rappelle la lettre de la famille Baré, à son arrivée au pouvoir, le président Issoufou a manifesté sa volonté de mettre fin à l'impunité au Niger.
Le président Ibrahim Baré Maïnassara a été tué, le vendredi 9 avril 1999, par des éléments de sa propre garde sur le tarmac de l'aéroport de Niamey. En dépit du meurtre, personne n'a jamais été inquiété au Niger ou ailleurs. Les assassins ainsi que leurs complices, « les mains tachées de sang, continuent de mener une vie tranquille ». La constitution nigérienne de l'époque a accordé une amnistie « aux auteurs, coauteurs et complices » de l'assassinat d'Ibrahim Baré Maïnassara. Ce verrou a sauté avec la constitution de la 7ème République. Mais les requêtes de la famille Baré ont été rejetées sous différents prétextes.
Quinze ans après, la famille du défunt président dit avoir accumulé au fil du temps frustration, indignation et désespoir. Elle s'interroge sur la manière de continuer à expliquer aux cinq enfants de Baré, aujourd'hui adultes et à ses petits enfants qui n'auront jamais la chance de le connaître, que le Niger ait pu s'accommoder si longtemps d'une impunité aussi flagrante ? « Il y a certainement des marques et des blessures indélébiles que rien ne pourra réparer, » a dit la veuve Baré, Clémence Aïssa Baré. « On est frappé doublement. Par la disparition de l'être cher, puis par la justice, mais aussi par le manque d'intérêt sur ce dossier. En somme, on aurait aimé avoir plus d'écoute, plus de bienveillance, » regrette-t-elle.