L'incarcération du député national Foukori Ibrahim ancien Administrateur délégué de la Société Nigérienne d’électricité (NIGELEC) continue de soulever des vagues dans les milieux politiques de l’opposition comme de la majorité.
Inattendue, l’affaire secoue le milieu parlementaire où on parle d’irrégularités dans l’arrestation du député, une arrestation qui a d’ailleurs suscité un courant de solidarité spontanée des députés nationaux tout bord confondu à l’endroit du député Foukori. Au lendemain de cette arrestation les députés nationaux de tous les bords politiques ont presque boycotté les travaux de l’assemblée pour se transporter à kollo en vue de rendre visite à leur collègue. Le président de l’Assemblée Nationale Hama Amadou lui-même aurait écrit au premier ministre chef du gouvernement sur le caractère ‘’irrégulier’’ de l’arrestation. Mais en réalité derrière ce branle-bas se cache une peur bleue, la crainte de ce qui pourrait arriver à ceux qui, à un moment ou à un autre, ont eu à gérer les deniers publics.
«2013 sera l’année charnière de l’assainissement» avait averti le ministre de la justice garde des sceaux, Marou Amadou à l’occasion de la présentation des voeux du premier minisministre à la presse à la fin de l’année 2012. Et selon nos sources l’affaire Foukori Ibrahim, qui n’est pas un nouveau dossier, annonce la volonté des autorités de la 7ème république à s’engager véritablement dans l’assainissement, un des engagements forts du Président de la République. L’affaire Foukori relativement à la gestion de la NIGELEC, on le sait, remonte à la transition de Salou Djibo où la commission de la lutte contre la délinquance avait décelé des grosses malversations.
Depuis lors une information judiciaire avait été ouverte à ce sujet. Des nouveaux éléments se sont accumulés et le juge a cru bon de poursuivre la procédure. Rien de plus normal. Mais au-delà de Foukori, la justice poursuit imperturbablement le dossier de l’affaire GAVI ou d’énormes ressources financières auraient été dilapidées selon les premières investigations. Plus d’une vingtaine de personnes croupissent en prison à ce sujet pendant que plus d’une autre vingtaine est suspendue de la fonction publique. Le dossier du ministère des transports reste encore dans le circuit judiciaire et là aussi les anciens directeurs régionaux des transports et des responsables centraux et l’ancien Secrétaire Général dudit ministère gardent prison, en attendant la suite réservée par la justice.
L’affaire se rappelle-t-on, se rapporte à des indemnités irrégulièrement perçus sur plusieurs années et qui a occasionné un manque à gagner à l’Etat de plusieurs centaines de millions de FCFA. Au niveau de l’Assemblée Nationale où beaucoup d’anciens gestionnaires se sont refugiés, se couvrant d’immunité parlementaire, déjà la levée d’immunité parlementaire de plus d’une dizaine de députés a été obtenue. Là aussi, selon nos informations, il semble que l’enquête est bouclée et les députés qui ont eu à gérer les deniers publics répondront bientôt devant les tribunaux. Mais la grosse panique vient plutôt de l’important lot de dossiers transmis récemment par la HALCIA et l’inspection générale d’Etat à la justice.
Ces dossiers concernent à la fois des gestions antérieures à la 7ème république comme celles des deux premières années de la 7ème république. Déjà dans son point de presse, il y a quelques semaines de cela, le président de cette institution a donné un avant goût des malversations décelées ça et là sur l’étendue du territoire national. ‘’Les mis en cause sont des fonctionnaires de l’administration publique, des personnalités politiques y compris ceux exerçant des hautes fonctions’’ avait indiqué M. Issoufou Boureima, Président de la Halcia, à l’occasion d’un point de presse. Le Président de la Halcia avait noté que les affaires portent essentiellement sur la fraude dans les opérations douanières ; les fraudes et trafics dans les examens et concours ; le favoritisme, la corruption dans les marchés publics ; la concussion dans l’administration publique surtout dans l’administration fiscale et la corruption en milieu judiciaire.
Les dossiers étant bouclés au niveau de la HALCIA, La justice s’active à faire son travail. Cette sortie de la HALCIA avait semé la panique dans les rangs de l’opposition ARN où déjà on s’organise pour attaquer la constitutionnalité de cette institution que les responsables de l’ARN qualifie ‘’d’un instrument de règlement de compte politique’’. C’est dire que les prochains jours s’annoncent rudes pour tous ceux qui sont trempés dans des dossiers de malversations financières.