Le gouvernement ne peut plus rester indifférent face aux critiques acerbes de l’opposition, apprend-on. La sortie du ministre de la justice, porte-parole du gouvernement, Marou Amadou le 9 mai 2013 en est une illustration parfaite.
En effet, le ministre porte-parole du gouvernement était face à la presse pour réagir suite aux propos accablants tenus par le chef de file de l’opposition, Seïni Oumarou, qui a tenté la veille à travers une conférence de presse, de contester le bilan de deux ans du chef de l’Etat, Issoufou Mahamadou et les actions posées par le gouvernement dans le cadre du programme de la renaissance. Très remonté par le comportement du chef de file de l’opposition, Marou Amadou n’a pas tari de mots pour battre en brèche les allégations et autres attaques de celui-ci contre le chef de l’Etat. Du côté de l’opposition, la réplique ne s’est pas faite attendre.
Le porte-parole l’ARN, Seïni Salatou, a de son côté aussi réagi, excellant beacoup plus dans des propos orduriers à l’endroit du ministre Marou Amadou. Comme en 2012, lors de sa prestation de la semaine dernière, le chef de file de l’opposition n’a pas été tendre vis-àvis du bilan du chef de l’Etat qu’il a qualifié en un mot de «mensonge», de «faux». Adoptant le style des responsables de l’UMP en France, qui a tout bout de champ parle de mensonge, Seïni Oumarou se lancera dans une rare vulgarité, rabaissant de fait le débat politique à un banal jeu où les Institutions de la république compte la présidence ou le gouvernement, tout un symbole, sont banalisées.
C’est du reste cette liberté de ton et ce manque de bienséance à l’égard de la personnalité la plus importante du pays qu’est le Président de la République, «père de la nation» comme l’a si bien indiqué le chef de file de l’opposition, qui a courroucé le ministre Marou Amadou. « Il faut que nous répondions à ces individus de mauvaise foi (…) dont les commentaires visent à discréditer le pays », dira d’entrée de jeu le porte-parole du gouvernement. Pour Marou Amadou, «être dans la démesure» n’est pas l’apanage du chef de file de l’opposition Seïni Oumarou. Mais il est à la solde d’une «bande de revanchards » qui est derrière lui et qui le «manipule en sa grande défaveur», estime le ministre Marou Amadou.
En matière de la bonne gouvernance, de la liberté et des démocratiques, le régime actuel n’a pas d’égal dans l’histoire politique du pays, a indiqué le ministre Marou comparant la 7ème République à la 5ème ou la 6ème République «fondée sur l’imposture, le mensonge et la parjure». Le porte-parole du gouvernement estime que ce sont les «belles réalisations» du gouvernement actuel qui dérangent l’opposition au point où ses différents leaders perdent le repère politique. «Dans l’histoire du Niger, il n’y aucun gouvernement qui a fait autant que le nôtre en deux ans », soutiendra le ministre, Marou, avant de considérer que l’opposition est dans une logique visant à manipuler les chiffres officiels en termes de réalisations et prouver coûte que coûte que le gouvernement a donné des faux chiffres.
Ce dernier a précisé qu’il n’y a pas un autre document caché sur les réalisations du gouvernement en dehors de celui qui a été rendu officiel. Et le chef de file de l’opposition a ledit document, a-t-il ajouté, avant d’appeler l’opposition de s’en tenir de ce qu’elle a sous la main au lieu de chercher à les démentir puisqu’elle n’a aucun moyen pour faire le travail que le gouvernement a abattu pour collecter des données justes et vérifiables sur le terrain. Sur la question de la liberté et de l’indépendance de la justice, le ministre Marou Amadou a souligné lors de sa conférence de presse que «les libertés n’ont jamais été autant respectées qu’aujourd’hui, la justice n’a été autant impartiale qu’aujourd’hui».
A l’adresse de ceux qui pensent que la 7ème République prône l’impunité, le ministre a déclaré à la presse que «l’assainissement » suit son cours sans cibler qui que ça soit. Voilà les quelques points saillants de l’intervention de Marou Amadou, réagissant à la conférence du chef de file de l’opposition. Le porte-parole de l’ARN, Seïni Salatou était lui aussi revenu à la charge le lendemain à travers un contre point de presse à l’issue duquel il s’est défoulé sur le ministre porte-parole du gouvernement. Pour Seïni Salatou, Marou Amadou ne s’est pas comporté en porte-parole du gouvernement, avant de qualifier les propos de celui-ci « d’insultes et de diffamation » contre le chef de file de l’opposition.
Le porte-parole de l’ARN pense que le régime actuel est «corrompu » illustré dans le «détournement » des deniers publics et «la surfacturation» des infrastructures. Pire, dans sa réplique, Ousseïni Salatou, faute d’arguments, a beaucoup plus glissé sur des attaques personnelles contre le Ministre Marou Amadou. Comme on peut le relever, du côté du gouvernement tout comme du côté de l’opposition, il faut s’attendre désormais à une guerre ouverte qui risquerait de discréditer malheureusement le Niger et son peuple. Parlant de Seïni Oumarou, chef de file de l’opposition, il faut dire qu’il était jusqu’à une date récente considéré comme l’un des rares hommes politiques nigériens épris de sagesse et d’humilité.
Mais curieusement, depuis que son destin l’a conduit dans l’opposition, le personnage semble négativement changer. On se rend compte au fur et à mesure que le chef de file de l’opposition était un homme politique tout court, qui n’a rien à envier à son allié principal, Mahamane Ousmane. L’on reste convaincu que le copinage politique avec le président de la CDSRahama a dans une assez large mesure contribué à ce changement de comportement du chef de file de l’opposition. Beaucoup de nigériens, pensent à la suite de Marou Amadou, que Seïni Oumarou travaille sous la conduite éclairée de Mahamane Ousmane, président de l’ARN.
C’est vrai que Seïni Oumarou continue à croire que les élections présidentielles ont été remportées par le MNSD dont il était le candidat. Mais que par la force des choses, il s’était trouvé sur les carreaux parce que le régime de l’époque ne voulait pas qu’il soit le successeur de Tandja Mamadou. Il estime donc qu’un tort lui a été causé et qu’il fallait donc se placer dans une posture de «mauvais opposant», qui peint tout en noir. Quant à Mahamane Ousmane, c’est même un secret de polichinelle, il est tout sauf un opposant normal. Certains vont jusqu’à affirmer qu’entre Ousmane et le président Issoufou, c’est de l’inimitié pure et dure, dont nul ne peut prétendre connaître les profondes raisons en dehors du clash de 1994.
Ceci expliquant donc cela, on peut sans risque de se tromper dire que le régime actuel aura fort à faire avec l’opposition actuelle codirigée par Seïni Oumarou et Mahamane Ousmane, flanqués de Me Soulèye Oumarou, Ousseïni Salatou, Garba Lompo, Ali Sabo et autres lieutenants de l’ARN qui guident le duo de l’opposition, pressé de revenir aux affaires.