L'Algérie abrite une réunion de «consultation» entre les 5 pays du Sahel (Mali, Niger, Tchad, Burkina Faso et Algérie) pour discuter sécurité et développement dans la région.
La rencontre, organisée hier à l'hôtel El Aurassi, à huis clos, a regroupé le ministre malien de la Réconciliation nationale, Ould Sidi Mohamed Zahabi, les ministres des Affaires étrangères du Burkina Faso, Yipène Djibrill Bassolé et du Niger, Mohamed Bazoum, ainsi que l'ambassadeur du Tchad à Alger, Salah Hamid Heguerra. Le ministre des Affaires étrangères algérien, Ramtane Lamamra, dans une brève allocution devant la presse avant le début des travaux de cette réunion, a souligné que la rencontre sera consacrée à la sécurité et la stabilité de la région. Cette dernière, en proie faut-il le rappeler, à des défis sécuritaires et économiques énormes, est devenue un véritable «coupe-gorge» du fait de groupes terroristes qui ont profité de l'instabilité politique de certains pays du Sahel et de l'intervention militaire étrangère pour s'incruster dans toute la région. «C'est une réunion de consultation orientée vers l'action et qui intervient à la veille de la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies devant se prononcer sur le renouvellement ou non du mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma)», a déclaré le chef de la diplomatie algérienne avant d'inviter les journalistes à quitter la salle.
En sus des défis sécuritaires liés à la prolifération d'actions terroristes menées par les djihadistes islamistes ou à la solde de certains pays dans l'espace sahélien, notamment dans des zones désertiques difficiles d'accès, les pays de la bande du Sahel doivent faire également face à des défis économiques liés à la sécheresse, la faiblesse des ressources en eau et à une économie limitée au commerce et au troc. En fait, la véritable bombe à retardement ne réside pas tant dans les factions terroristes qui pullulent dans la région, mais dans la crise économique et ethnique qui touche des pays comme le Mali, à titre d'exemple. Le Mali, un pays pauvre qui ne dispose pas d'hydrocarbures ou d'autres ressources, est devenu une vraie poudrière pour toute la région. Le Mali est la deuxième menace, après la Libye, à laquelle est désormais confrontée l'Algérie. La jeunesse dans ce pays doit être inscrite au cœur de toutes les politiques de développement pour éviter toute tentation extrémiste, sachant que certains groupes terroristes recrutent et paient «cash» les «services» de ses recrues choisies très souvent parmi la population pauvre.
Les révoltes qui ont touché l'Afrique du Nord en 2011 ont eu des répercussions majeures dans le Sahel. La guerre de 2011 en Libye a notamment des conséquences importantes dans la région. Ce qui est peut-être le phénomène le plus important, c'est l'afflux de combattants et d'armes en provenance de ce pays qui exerce ses effets néfastes directs sur la sécurité du nord du Mali et, dans une moindre mesure, du nord du Niger. Les saisies d'armes en provenance de Libye opérées par notre armée au Sud renseignent sur la gravité du phénomène du trafic d'armes qui sont exposées sur le marché libyen.
Les retombées humaines et matérielles de la crise libyenne ont considérablement aggravé de nombreux problèmes auxquels le Sahel est confronté depuis longtemps et pourraient déclencher une crise régionale au plan de la stabilité politique. La capacité de réponse des acteurs locaux et extérieurs pourrait être extrêmement limitée en raison du développement simultané de plusieurs tendances préoccupantes.
Partant du constat que notre pays est le leader naturel dans toute la région, l'Algérie est appelée désormais à jouer un rôle majeur dans la recherche de solutions pour aider les pays du Sahel à faire face au manque de gouvernance et de structures économiques mais surtout jouer son rôle de chef de file dans la lutte antiterroriste dans la bande du Sahel.