Depuis le mois d’août 2013, date du retrait de son parti de la mouvance présidentielle et du gouvernement, le président de l’Assemblée nationale et du MODEN FA, Hama Amadou est la cible de coups les uns aussi tordus que les autres. En dehors de l’accusation omniprésente de tentative de coup d’Etat que le pouvoir en place tente de coller coûte que coûte à sa peau, Hama Amadou est également la cible de certaines salissures censées écorner sérieusement son image, sa respectabilité et même sa carrière politique. Contre toutes attentes, les salissures retournent inexorablement à leurs expéditeurs …
Selon toute vraisemblance, le Guri system peine à accomplir l’objectif majeur de sa gouvernance, à savoir, la destitution de Hama Amadou du perchoir de l’Assemblée nationale. Indépendamment de cela, la machine devant politiquement « broyer » le président de la troisième formation politique du Niger tourne à plein régime. D’abord le ministre de l’Intérieur Massaoudou Hassoumi lui avait reproché sur RFI d’avoir voulu créer un soulèvement du genre « printemps arabe » au Niger. Cela, parce que lors du meeting de l’ARDR à la Place de la concertation le 28 décembre 2013, les leaders de l’opposition dont Hama Amadou avaient appelé la jeunesse à se mobiliser pour défendre la démocratie menacée par le pouvoir de Niamey.
Quand il était à l’opposition, combien de fois l’actuel Président de la République, Issoufou Mahamadou avait-il appelé à la mobilisation contre les différents régimes qui se sont succédé ? Il est même allé jusqu’à ne jamais appeler Ibrahim Baré Maïnassara, Président de la République jusqu’à la mort de ce dernier. Pire, pendant le Tazartché en 2009, Issoufou Mahamadou avait publiquement appelé la force publique à ne plus obéir au président de l’époque Tandja Mamadou. Pourtant, il s’en est sorti sans un grain d’inquiétude de la part du pouvoir. Vient ensuite l’affaire du tir au domicile du président de l’Assemblée nationale. Là, on a vu le ministre Hassoumi Massaoudou annoncer par voie de presse que ledit tir est un montage « grotesque et grossier » orchestré par Hama Amadou lui-même. C’est ce qu’on appelle « quand la victime devient coupable ».
Quelques jours après cette accusation très vite oubliée, un communiqué très succint de la police vient annoncer des tirs à balles réelles s’étant produits chez un agent de sécurité de « la deuxième épouse du Président de l’Assemblée nationale ». Il a fallu un contre communiqué du cabinet du Président de l’Assemblée pour comprendre qu’en réalité, l’incident n’avait absolument rien à avoir avec la famille de Hama Amadou.
Ce n’est pas fini : le jeudi 24 avril 2014, alors que les Nigériens fêtaient la Journée de la Concorde Nationale, un communiqué de presse de la Police nationale est venu perturber la joie collective. Ne portant ni date ni signature, ce communiqué informe
l’opinion qu’un gendarme en service à l’Assemblée nationale serait impliqué dans une affaire d’importation illicite de munitions de guerre (lire communique de la police). Là encore, il a fallu un contre communiqué du cabinet de Hama Amadou pour savoir qu’il s’agit plutôt de balles à plomb régulièrement commandées par ledit gendarme pour des besoins de chasse, une commande tout aussi légale (voir contre communiqué). Entre temps, certaines publications proches du régime tentent de faire croire à l’opinion que le blocage des travaux de la session ordinaire de l’Assemblée nationale est aussi l’oeuvre du président de l’Institution Hama Amadou.
A ce niveau, heureusement, les débats à l’hémicycle sont publics donc tout le monde et chacun sait ce qui s’y passe réellement. Certains députés de la majorité affirment même que le président Hama Amadou a fait tout ce qu’il pouvait pour débloquer la situation. Le 1er Vice-président de l’institution Daouda Marthé du PNDS-Tarayya lui, est allé jusqu’à confier à la presse qu’il « le connaît bien (ndlr : Hama Amadou), je sais que c’est un républicain ». Et que « on ne le débarque pas parce qu’il n’est pas républicain mais c’est parce qu’il n’est pas de la majorité » ajoute-t-il devant les caméras. Ce qui confirme aujourd’hui les dires de ceux et celles soutenant que le Guri veut destituer le Président de l’Assemblée nationale non pas parce qu’il est incompétent mais parce que simplement il a quitté la mouvance présidentielle. A cela il faut ajouter tous ces scandales que le régime ne veut pas que le parlement examine et cela tant que Hama Amadou sera au sommet de l’institution. Parmi ces affaires, on peut noter le fameux prêt EXIMBANK que Hama attend de pied ferme.
C’est sans doute pourquoi, face à l’incapacité du régime à débarquer Hama conformément à la Constitution, c’est-à-dire, avec 76 députés, il est dit ça et là que le Président de la République finira par dissoudre l’Assemblée nationale voire même prendre un décret ou encore des pouvoirs exceptionnels pour atteindre cet objectif. Comme on le voit, la presse, certaines institutions de l’Etat, des rumeurs savamment orchestrées bref, de gros moyens sont employés pour ternir la crédibilité de Hama Amadou en lui imputant des forfaitures aussi imaginaires qu’abjectes. Le tout étant de disqualifier un adversaire potentiel aux prochaines élections. Hélas ! Hama Amadou déjoue certains pièges, contourne d’autres. Il poursuit lentement et prudemment son chemin vers les échéances de 2016.