Les réfugiés maliens vivant dans notre pays peuvent désormais envisager leur retour au bercail. En effet un accord tripartite entre le Mali, le Niger et le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) a été signé, samedi dernier à Niamey.
Cet important accord prévoit un rapatriement volontaire des réfugiés vers leur pays. Ce sont le ministre en charge de l’Intérieur et de la Sécurité, M. Hassoumi Massoudou, son homologue malien, le Général Sada Samaké, et le représentant de l’UNHCR au Niger, M. Ousseini Compaoré, qui ont apposé sur leurs signatures sur le document de l’accord, samedi après midi à Niamey.
Les 60.000 ressortissants ayant fui la crise pour trouver refuge au Niger où ils ont passé près de deux (2) ans ont été accueillis, hébergés dans trois (3) camps et traités avec la dignité, avec toute la considération et l’hospitalité requise et nécessaire dans le respect de leurs droits en tant que frères et voisins mais aussi en tant que réfugiés conformément aux instruments juridiques internationaux en la matière. Aujourd’hui, grâce à l’engagement international dans lequel notre pays a remarquablement joué un grand rôle, un rôle important, le nord du Mali est libéré, la paix de retour, la sécurité s’améliore de jour en jour et les activités socioéconomiques ont repris ouvrant ainsi le chemin du retour pour les réfugiés.
L’accord ainsi signé est un pas important dans le processus du retour des réfugiés maliens dans leur pays. Pour le besoin de la cause, le ministre malien est arrivé au Niger à la tête d’une importante délégation. La délégation malienne, la partie nigérienne et la délégation du haut commissariat des Nations Unies pour les refugiés (UNHCR) a eu une fructueuse réunion de travail qui a abouti à l’adoption d’un communiqué final conjoint. Ledit communiqué a été rendu public au cours d’une rencontre qui a regroupé tous les participants autour du ministre Hassoumi Massoudou et son hôte.
Le communiqué final souligne notamment la chaleur de l’accueil réservé à la délégation malienne, la protection et l’assistance accordées aux réfugiés maliens par le gouvernement du Niger avec l’appui des partenaires. Il a mis en exergue le progrès enregistré au Mali, l’engagement du gouvernement de ce pays dans ses efforts de consolidation de la paix et de la sécurité sur l’ensemble du territoire, les mouvements importants de retour des déplacés internes ainsi que les mouvements progressifs de retour spontané des réfugiés maliens en provenance du Niger. En se fondant sur ces développements positifs de la situation, les délégations maliennes, nigériennes et onusiennes ont, dans leur communiqué, convenu et recommandé que le rapatriement soit organisé dans le respect de son caractère volontaire, dans la sécurité et la dignité pour les candidats et que le gouvernement nigérien s’est engagé à garantir l’asile et la protection des réfugiés n’ayant pas encore opté pour le retour.
Pour sa part le gouvernement malien poursuivra ses efforts de sécurisation et d’amélioration des conditions de vie dans les zones de retour, dans le nord du Mali. Les trois délégations ont convenu par ailleurs que le l’accord ne signifie nullement une cessation du statut de réfugié et ou ne peut être utilisé comme un moyen coercitif pour forcer les réfugiés à rentrer au Mali. Dans le souci d’assurer une bonne organisation du processus et sa réussite, les parties ont décidé de la mise en place dans un délai d’un mois, d’une commission tripartite et d’un groupe de travail. Le communiqué final a précisé en outre que l’UNHCR a réitéré son engagement à soutenir les efforts des deux gouvernements pour la réalisation effective du processus de rapatriement volontaire et exercera son rôle de supervision et de coordination de l’opération de rapatriement ainsi que de la réinsertion effective dans les zones de retour.
Les délégations ont convenu de la tenue de la première réunion de la commission tripartite, le 3 juin 2014 à Bamako, en présence du ministre Hassoumi Massoudou qui a accepté l’invitation faite à lui par le ministre malien de l’Intérieur et de la Sécurité à cet effet. Prenant la parole après la signature de l’accord le ministre Hassoumi Massoudou a exprimé sa joie d’accueillir son homologue malien dont la visite entre dans le cadre normal des relations qu’entretiennent les deux pays frères, voisins. Le ministre en charge de l’Intérieur et de la Sécurité a insisté sur le caractère volontaire du rapatriement avant d’ajouter que les réfugiés maliens sont chez eux ici au Niger. «Ils y resterons tant qu’ils le voudront ; ils rentreront au Mali quand ils le voudront et il n’y aura pas de rapatriement obligatoire. Ce qui s’est passé au Mali, nous l’avons vécu dans notre chair ? Vos souffrances sont les nôtres» a-t-il déclaré. Parlant du terrorisme, le ministre Hassoumi Massoudou a réaffirmé l’engagement de nos deux pays à lutter contre cet ennemi commun, à travailler ensemble pour vaincre le fléau qui est un ennemi de la paix, de la justice, du développement et donc du peuple tout court.
Pour sa part, le ministre malien n’a pas passé sous silence les bonnes relations qui unissent le Niger et son pays. Le général Sada Samaké dira que la solidarité du Niger s’est manifestée aux heures les plus sombres du Mali et le peuple malien, « reconnaissant, n’oubliera jamais l’engagement à ses côtés des fils du Niger pour bouter hors du nord de son territoire les occupants obscurantistes ». Il a rendu hommage au Président de la République Issoufou Mahamadou et au peuple nigérien pour l’hospitalité et la générosité vis-à-vis des Maliens en détresse accueillis sur le sol nigérien. Il a donné l’engagement de son gouvernement à « tout mettre en œuvre pour l’application correcte des dispositions de l’accord tripartite ».