Après plusieurs mois de sensibilisation, de mise en garde et d'ultimatum, le Ministère des Transports est finalement passé à l'acte. Il a procédé hier dimanche, au déguerpissement forcé des habitations construites sur le domaine de l'Aéroport international Diori Hamani de Niamey. Et c'est sous haute protection de la force publique et en présence d'un huissier de justice, que les engins ont procédé au dépolissement des maisons concernées.
C'est à 7 heures que les engins sont entrés en action. Sur place, un important dispositif de sécurité encadrait le secteur. Un peu moins d'une trentaine de maison ont été détruites, sous les regards médusés des propriétaires, des locataires et surtout des riverains de la zone. Des échanges houleux ont eu lieu par moment entre les éléments de la force publique et les personnes concernées par cette opération. Et jusqu'au bout, les éléments des forces de l'ordre ont essayé de faire de la pédagogie.
Mais, cet effort de pédagogie n'a pu rien faire face à quelques propriétaires et riverains surexcités d'une part et de l'autres des badauds en quête de sensationnel qui ont afflué de tous les quartiers. La force publique s'est vue obligée d'utiliser la manière forte pour assurer la sécurité de l'opération. Quelques grenades lacrymogènes ont permis de tenir à l'écart, ces badauds surexcités et les enfants qui ont commencé à jeter des pierres sur les conducteurs des engins. Quelques meneurs, ont été interpellés pour calmer leur ardeur en attendant la fin de l'opération.
En effet, quelques minutes après le début de l'opération, la nouvelle s'est répandue dans la ville comme une traînée de poudre. Peu de temps, les propriétaires des maisons et parcelles situées sur le site affluaient. Et ce ne sont plus les pauvres enfants et autres squatters qui jouaient le rôle de bouclier humain, qu'on voit. On découvre des propriétaires qui viennent pour beaucoup dans des grosses cylindrées rutilantes. Il y a certes parmi eux des pauvres personnes qui ont pour leur malheur acheté ces parcelles illégales.
Il faut rappeler que le Ministère des transports a auparavant mené des actions de sensibilisation et d'information à l'endroit des concernés pour éviter qu'on arrive à cette situation. Un arrêté conjoint a été signé par les ministres en charge des Transports, de l'Intérieur et de l'Urbanisme, créant un comité pour étudier la situation. Le comité a travaillé avec les mairies et un huissier. ''Même les représentants de l'ASECNA étaient venus à plusieurs reprises sur le site rencontrer les concernés avec preuve à l'appui, le titre foncier et le plan du site'' note l'huissier en charge de l'opération.
Le Ministère des Transports a pour sa part fait passer plusieurs communiqués pour interdire aux acquéreurs de construire sur ce domaine. Et un délai leur a même été donné pour arrêter les travaux déjà en cours et déguerpir. ''Malheureusement, ils ont poursuivi les travaux ; certains ont commencé à construire même après les communiqués du ministère'' fait constater avec amertume l'huissier de justice.
Il faut savoir que le domaine en question est situé juste entre l'Escadrille et les quartiers Talladjé 50m et Bassora. Et comme pour rappeler à tous, la nécessité de sécuriser ce domaine, des avions décollaient et survolaient la zone au moment même où se déroulait l'opération.