Présente au Mali depuis plus d'un an, la France a affirmé qu'elle allait déployer plusieurs milliers de soldats dans la bande sahélo-saharienne pour lutter contre le terrorisme. L'objectif prioritaire est de sécuriser la zone et de mettre à terre les réseaux djihadistes.Et si l’intervention au Mali n’était qu’une étape avant un déploiement plus large sur un territoire immense, en vue de protéger le Sahel et le Sahara ? C’est la question qui se pose suite aux déclarations de la France qui affirme vouloir déployer près de 3.000 soldats dans la région avec pour but principal de lutter contre le terrorisme à l’échelle régionale. C’est le ministre de la Défense français, Jean-Yves Le Drian qui l’a annoncé affirmant que l’opération Serval qui avait lieu au Mali devait et allait entrer dans une nouvelle phase. Selon lui la guerre frontale avec les terroristes est terminée et il est temps de traiter le problème en amont.
« Nous sommes en train de nous réorganiser pour avoir une conception régionale du contre-terrorisme. Sur le Mali maintenant, les forces des Nations-Unies sont là, l’armée malienne se reconstitue et notre rôle à nous c’est de poursuivre le contre-terrorisme, non seulement au Nord Mali, mais aussi au Nord Niger, mais aussi au Tchad, et nous sommes en train de réorganiser notre dispositif pour que 3.000 militaires français soient dans cette lutte contre le terrorisme » a t’il affirmé. Comme prévu initialement les effectifs au Mali seront ramenés à 1.000 hommes et ils opéreront principalement dans la région de Gao, la plus en proie aux attaques ponctuelles de la part des djihadistes encore présents dans la zone. La France devrait donc s’associer aux pays de la région pour mettre en place une véritable stratégie de lutte contre le terrorisme alors que plusieurs pays sont régulièrement la cible d’attaques.
La France a t’elle mandat pour être présente ?
Mais cette décision pose une question majeure au regard du droit international. La France qui avait reçu mandat pour intervenir au Mali n’a pour le moment aucune autorisation formelle ni mandat pour se déployer dans la zone sahélo-saharienne même si il s’agit de lutter contre le terrorisme. D’après les premiers éléments, les 3.000 hommes qui seront chargés de cette mission seront à cheval sur plusieurs états en collaboration avec les principaux intéressés mais la durée de l’action et surtout les méthodes n’ont pas été dévoilées. Alors est ce une mission simple qui ne concerne que les Etats de la région impliqués ou est ce une opération à vocation internationale?
L’orientation de la mission devra indéniablement être précisée pour que Paris ne soit pas à nouveau accusé de mettre en place une intervention que certains qualifient déjà de néo-colonialiste. D’autant que le ministre de la Défense français a laissé entendre que cette mission durera « le temps qu’il faudra sans date limite ». Selon lui il faut absolument résoudre les problèmes de « dangers, de trafics et de terrorisme » dans toute la région. Si il est indéniable que la zone est devenue un véritable repère pour les islamistes radicaux, il sera en revanche très difficile pour Paris de venir à bout des groupes qui connaissent très bien le terrain. Il est également presque certain que face à une éventuelle action française, certains terroristes pourraient avoir l’ambition de frapper un grand coup en lançant des attaques.
Afin de mettre en place cette nouvelle mission, le ministre français de la Défense poursuit ses consultations avec les autorités des principaux Etats concernés. Si tous collaborent et s’inscrivent dans ce projet, les 3.000 hommes seront en principe déployés très rapidement.