Les négociations entre le gouvernement nigérien et le géant du nucléaire français, Areva, se poursuivent. Après les discussions infructueuses fin février 2014, les deux parties qui se sont fixé une date butoir avant fin mai sont presque sur le point de signer le nouvel accord minier. À quel prix ? La firme française joue-t-elle les prolongations dans ce que l’on pourrait appeler l’interminable renégociation du contrat d’uranium au Niger ? Lancées depuis 2013, les négociations qui devaient être bouclées avant le 31 décembre 2013 n’ont pas débouché sur un nouvel accord. Mieux, les deux parties incapables de trouver un accord ont décidé de poursuivre leurs discussions et s’étaient donné même une échéance en fin février 2014. Que nenni ! Acculé par la société civile et les ONG du pays, le gouvernement dos au mur a accéléré la cadence des négociations début septembre 2013 pour conclure avec Areva, son principal acheteur sur le marché mondial. Sans succès et rebelote!
Urbi et orbi, Areva et l’État du Niger ont décidé de remettre ça pour trouver un ultime accord minier, remplaçant les anciennes dispositions caduques afin de tourner la page. Areva et Niamey ont repris les négociations fin février 2014 et se sont accordé de trouver vite un gentlemen’s agreement. Pour combien de temps ? Un mois, deux, ou trois. Rien n’est clair pour l’instant, car le gouvernement n’a pas fixé une date butoir, soit de trouver un compromis, de suspendre les activités d’Areva ou de résilier le contrat.
Le gouvernement campe sur sa position
Dans ce bras de fer avec le gouvernement nigérien sur un nid d’uranium, Paris tient les cartes en main et entend manœuvrer à fond pour amoindrir les dégâts financiers. «Tout devra se jouer à quelques poches près sur les détails juridiques du nouvel accord minier», commente un spécialiste du droit. L’enjeu est à la fois capital et énorme pour le patron de la firme française, Luc Oursel, qui en moins d’un an a séjourné à Niamey plus de sept fois pour dissiper les points de friction qui l’opposent à Niamey en arrachant une solution qui mettra à l’aise les deux camps.
Selon Niamey, le français Areva qui tire énormément de profits voilà maintenant plus de 40 ans refuse toujours de renoncer aux exonérations fiscales, via ses deux sociétés, la Cominak et la Somaïr qui exploitent l’uranium à Arlit. Le dernier rapport parcouru en exclusivité par Les Afriques révèle que le chiffre d’affaires réalisé par la Somair (3 000 tonnes) en dehors de la Cominak (1 600 tonnes) au 31 décembre 2012 est estimé à plus de 192 milliards de f CFA. Un manque à gagner pour le Trésor public nigérien de plus de 30 millions d’euros par an - qui ne bénéficie que de 5% sur ce matelas financier réexporté vers la France par Areva. Le ministre nigérien des Mines, Omar Ladan Tchana, s’en est offusqué il y a quelques mois et avait qualifié de «déséquilibré le partenariat du gouvernement avec Areva». Niamey campe sur sa position de vouloir appliquer à son partenaire français la loi minière de 2006 qui va lui permettre de booster l’assiette fiscale afin de financer des projets socio- économiques vitaux dans le pays.
Devant les députés du parlement, le 29 mars dernier, le ministre des Mines s’est largement expliqué sur l’avancement des négociations entre l’État du Niger et Areva et rassuré que les deux parties ne devront pas tarder à trouver un nouvel accord minier.
Seulement, ce dossier est aussi la dernière bataille du président nigérien Mahamadou Issoufou qui, à deux ans de la présidentielle de 2016, devra réussir le pari de décrocher un nouvel accord minier en faveur du Niger pour renouveler le pacte de confiance le liant au peuple, lequel l’avait porté au pouvoir en 2011. L’échec de ces négociations lui serait quelque part fatal.