De cet éventuel dépôt d’une motion de censure aux multiples soubresauts dans les milieux des travailleurs en passant par ces affaires rocambolesques de blanchiment d’argent et d’enrichissement illicite, ce sont là les principaux ingrédients explosifs qui risquent à la longue de mettre à mal le régime de la 7ème République.
Sur le plan politique
On parle beaucoup ces derniers temps d’une éventuelle motion de censure contre le gouvernement de Brigi Rafini. Des sources concordantes indiquent que l’opposition parlementaire s’apprêterait à rédiger une motion de censure pour faire tomber le 1er gouvernement de la 7ème République. Selon certains analystes de la scène politique nigérienne, l’arrestation pour enrichissement illicite d’un député de l’opposition en l’occurrence Ibrahim Foukori qui croupit depuis quelques semaines maintenant à la prison civile de Kollo à quelques 30 km de Niamey est donc venue donner la preuve d’un harcèlement permanent des militants et militantes de l’Alliance pour la Réconciliation Nationale (ARN) Ajoutée à la somme de frustrations et d’humiliations de la gestion cahoteuse de la chose publique, cette affaire est aux yeux des opposants la goutte d’eau qui va faire déborder le vase. Le bilan des deux ans du pouvoir du président Issoufou, la contradiction apportée par le chef de file de l’opposition, Seini Oumarou, la réplique cinglante jugée insultante du porte parole du gouvernement, Marou Amadou sont autant d’événements qui ont porté un grand coup dans la relative sérénité qui a prévalu jusque-là « Trop, c’est trop » entend-on dire de toutes parts.
Récemment, une autre affaire est venue empoisonner les relations déjà très tendues entre les Nigériens de par la succession d’autres événements plus électriques les uns que les autres. Il s’agit de cette affaire de la fille du Ministre d’Etat Bazoum Mohamed. Selon des révélations parues dans des journaux de la place, cette étudiante en France posséderait dans son compte bancaire la faramineuse somme de 1 milliard de francs CFA. Evidemment, à l’annonce d’une telle ‘’bombe’’, la réaction du père, par le biais de son avocat, ne s’est pas faite attendre. Dans un point de presse qu’il a animé, l’avocat de Bazoum Mohamed, Me Illo Issoufou a formellement démenti ce qu’il a qualifié d’allégations mensongères tendant à jeter le discrédit sur son client. Selon lui, le Ministre Bazoum, n’a aucune possibilité de posséder une telle fortune. Son salaire est loin de lui permettre de faire des économies au point de ravitailler un compte de sa fille et de surcroît une étudiante ce qui est techniquement impossible. Mieux, le budget alloué à son département ministériel est estimé à un milliard de francs CFA pendant que la moitié va dans les frais de mission. Pour Me Illo, Bazoum s’il était porté sur l’argent, aurait pu choisir un ministère où il aurait la possibilité de signer des conventions et autres permis miniers.
« Vous avez dû apprendre la diffamation lamentable dont je viens d’être l’objet. Elle est le fait d’adversaires politiques en panne d’inspiration. Leur mensonge m’aurait agacé s’ils avaient par exemple, dit que le compte de mon enfant a été crédité de 10 millions de francs Cfa. Cela aurait paru plus vraisemblable et j’aurais eu plus de difficultés à faire accepter un démenti. Or, un milliard de francs dans le compte d’une étudiante, c’est techniquement impossible. Je ne pense pas avoir besoin de grandes explications pour convaincre. Mais mes adversaires savent qu’ils peuvent abuser de l’ignorance de la majorité des Nigériens. Ce qui compte pour eux, c’est l’effet d’annonce. Ce, d’autant plus qu’ils savent, qu’ils peuvent le faire en toute impunité puisque nous avons dépénalisé le délit de presse » a expliqué Bazoum Mohamed sur sa page Facebook.
Dans sa sortie médiatique, Me Illo Issoufou, a par la suite, complètement déplacé le débat en le transposant sur le terrain politique.
Pour lui en s’attaquant au patron de la diplomatie nigérienne, c’est comme si ‘’on versait le visage du Niger par terre’’. Autrement dit, les journaux s’en sont pris au Niger et à son peuple. Tout ce qui touche à l’honorabilité de Bazoum et de sa famille a de graves répercutions sur tout le régime de la 7ème République. En somme, ce sont les actions salvatrices du régime que ceux qui ont rapporté une telle information veulent mettre en doute.
Toujours dans son point de presse maître Illo Issoufou a établi un lien entre le journaliste auteur de l’article, qui est conseiller en communication à l’Assemblée nationale, et le Président de cette institution. En fait, il a donné l’impression à l’opinion nationale et internationale que Hama Amadou est le commanditaire ou, à tout le moins, le complice de l’article mettant en cause le ministre d’Etat Bazoum Mohamed. Comme on le voit, Me Illo veut par cette voie porter atteinte aux relations qui existent si heureusement entre les partis politiques Lumana et PNDS et au-delà entre Hama Amadou et Bazoum Mohamed. Selon une vive réaction de la Cellule de communication de l’Assemblée nationale, qu’est-ce qui pouvait opposer le président de l’Assemblée nationale au ministre d’Etat Bazoum Mohamed avec qui il a toujours entretenu d’excellentes relations ? Il faut dire que les insinuations de Me Illo ont agacé et déçu plutôt les Nigériens. Pour tout dire, il n’a guère convaincu.
Sur le plan social
Sur le plan social, il faut dire aussi que rien ne va plus. Tous les fronts s’embrasent les uns après les autres. Après les syndicats du secteur de l’éducation qui ont, tout au long de l’année scolaire, paralysant le secteur de l’éducation en menant de nombreuses grèves, ce fut le tour ceux du secteur de la santé qui leur emboîté le pas suite à la vague d’arrestations de plusieurs agents de santé, accusés de détournement de fonds destinés à la vaccination pour certains et pour d’autres d’avoir bénéficier de ‘’trop perçus’’ relativement aux ristournes de 35% des frais des examens et soins, octroyés aux professionnels de la santé et de l’action sociale. A peine un protocole d’accord est-il signé avec ces syndicats que le Synbank, le syndicat national des banques est allé à son tour en grève. Tout le secteur des banques et des institutions financières a cessé de fonctionner toute la journée du lundi 20 mai 2013. Le travail a repris heureusement dès le lendemain.
Toujours sur le plan social, des émeutes ont secoué la vie de la nation. La répression sauvage des grèves à Niamey, Zinder, Gaya, Diffa et tout récemment à Tahoua avec le syndicat des commerçants transporteurs a fait de nombreuses victimes dont des blessés et des morts par balles réelles. A tous ces événements, il faut ajouter, la récente opération de déguerpissement de nombreuses familles installées sur le domaine de l’ASECNA à l’Aéroport International Diori Hamani de Niamey. Pour l’heure, le calme est revenu. Pour combien de temps ?
C’est dire que les feux qui s’allument sur tous les fronts ne sont pas de nature de garantir la paix et la sécurité au Niger. Espérons que cette motion de censure annoncée par plusieurs journaux ne soit qu’une simple rumeur et tout au moins,même si elle est réelle, qu’elle ne soit pas une source d’instabilité pour le Niger !