BAMAKO - Le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), qui a revendiqué jeudi les attentats meurtriers dans le nord du Niger, est né fin 2011 d'une scission d'avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et est devenu en 2012 un des maîtres du nord du Mali.
Le Mujao est apparu au grand jour en décembre 2011 avec pour objectif affiché d'étendre l'insurrection jihadiste à toute l'Afrique de l'Ouest.
Jusqu'au double attentat de jeudi dans le nord du Niger contre un camp de l'armée nigérienne et le groupe français Areva, le Mujao n'avait jamais revendiqué d'attentats en dehors des territoires malien et algérien.
Toutefois, il avait déjà agi au Niger en revendiquant le rapt en octobre 2012 de cinq Nigériens et d'un Tchadien travaillant pour des ONG humanitaires dans le sud-est de ce pays. Les Nigériens avaient été libérés, mais le Tchadien, blessé par balle lors du rapt, était décédé.
L'acte de naissance du Mujao remonte au 10 décembre 2011: le groupe, issu d'une scission au sein d'Aqmi, revendique alors l'enlèvement fin octobre 2011 dans l'ouest de l'Algérie de trois coopérants européens, de nationalitésespagnole et italienne.
Après l'offensive lancée en janvier 2012 dans le nord du Mali par la rébellion touareg du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA), alors alliée à Aqmi, le Mujao y devient un acteur majeur aux côtés de la branche maghrébine d'Al-Qaïda et d'un autre groupe islamiste, Ansar Dine (Défenseurs de l'islam).
Il est présent dans les principales villes de la région, mais c'est la plus grande d'entre elles, Gao, qui va devenir son fief à partir de fin juin 2012. Après des combats meurtriers avec le MNLA qui sera évincé de la ville, il en devient le maître absolu, y commettant de nombreuses exactions.
Trois mois auparavant, il y était déjà très influent et avait enlevé le consul d'Algérie et six membres de sa mission à Gao, dont trois ont été libérés. Le groupe armé a annoncé l'exécution du vice-consul en septembre, mais Alger a dit ne disposer d'aucune information sur cette annonce.
Le Mujao, Aqmi et Ansar Dine, qui se sont partagés le nord du Mali et ont gardé d'étroites relations, ont été chassés des grandes villes de cette région par l'intervention de l'armée française alliée à d'autres armées africaines, à partir du 11 janvier.
Mais ils y gardent des capacités de nuisance et le Mujao a revendiqué plusieurs attentats suicides dans les régions de Gao, Kidal et Tombouctou.
Le Mujao, qui a également revendiqué l'enlèvement d'un des sept otages français dans le Sahel, a été fondé par le Mauritanien Hamada Ould Mohamed Kheirou, alias Abou Ghoum-Ghoum.
Un de ses dirigeants est Omar Ould Hamaha, un Malien de Kidal (nord), ancien lieutenant d'un des principaux chefs jihadistes du Sahel, l'Algérien Mokhtar Belmokhtar. Belmokhtar est un ancien d'Aqmi qui a créé son propre groupe, les "Signataires par le sang".
Le Mujao est considéré comme le moins idéologue des groupes islamistes de la région, mais davantage comme un groupe criminel vivant de trafics divers. Hicham Bilal, seul Noir d'Afrique subsaharienne à avoir dirigé une katiba (brigade combattante) d'un groupe islamiste armé, en l'occurrence le Mujao, avait fait défection fin 2012 pour rentrer dans son pays d'origine, le Niger,
dénonçant alors les pratiques de ce mouvement, dont le trafic de cocaïne.